Lydia lève 40 millions d'euros pour devenir le WeChat Pay européen

Lydia lève 40 millions d'euros pour devenir le WeChat Pay européen L'application mobile aux 3 millions d'utilisateurs compte développer sa marketplace de services financiers et accélérer sur le marché européen.

L'année commence bien pour Lydia. L'application de paiement mobile annonce une levée de fonds 40 millions d'euros menée par le géant chinois Tencent. "Nous ne pensions pas du tout que nous allions faire entrer un fonds chinois quand nous avons commencé le tour de table", confie au JDN Cyril Chiche, CEO De Lydia. Les actionnaires historiques Open CNP, XAnge et New Alpha remettent au pot. Au total, la fintech française a levé plus de 60 millions d'euros depuis sa création en 2013. Une jolie somme pour une application BtoC made in France. La start-up revendique plus de 3 millions d'utilisateurs en Europe, principalement dans l'Hexagone. D'après la fintech, 25% des Français âgés de 18 à 30 ans ont aujourd'hui un compte Lydia.

"Nous ne pensions pas du tout que nous allions faire entrer un fonds chinois"

Les fonds vont servir à développer l'application, qui ne se résume plus à réaliser des transferts d'argent entre particuliers. En mars 2018, Lydia a lancé une multitude de services bancaires comme des cartes virtuelles, des sous-comptes, des virements bancaires, des transactions récurrentes… En bref, une application qui permet de réaliser tous ses paiements depuis l'application et donc de ne plus passer par son application bancaire traditionnelle. "Une application métabancaire", selon les mots de la start-up. En novembre 2019, elle a lancé "Le marché", une marketplace de services financiers qui regroupent des offres de fintech, banques et assureurs français comme l'assurance habitation de Luko. Des offres "made by Lydia" comme le crédit instantané (en partenariat avec Banque Casino) sont aussi présentes sur cette marketplace.

Cette diversification est un moyen pour Lydia de générer des revenus supplémentaires, le transfert d'argent entre particuliers ayant toujours été gratuit. Certes, la fintech propose une offre payante à 2,99 euros par mois comprenant notamment une carte bancaire mais peu d'utilisateurs ont été convertis (30 000 porteurs de cartes fin 2018, aucun chiffre plus récent n'est communiqué). La jeune société ne communique pas son chiffre d'affaires.

Les fonds serviront aussi à se développer en Europe. Lydia est déjà présent au Royaume-Uni, en Irlande, en Espagne et au Portugal mais le nombre d'utilisateurs étrangers n'est pas connu. "Nous avons des retours très positifs. Nous allons investir dans plus de pays européens cette année", confie le CEO de la jeune société, sans préciser les pays visés. Ce développement européen sera accompagné d'une vague de recrutements. "Entre 50 et 100 personnes en 2020, tout dépend de notre vitesse d'accélération", explique le patron de Lydia, qui compte aujourd'hui 90 salariés et vient tout juste de déménager pour accueillir les futures recrues. 

"Nous recruterons entre 50 et 100 personnes en 2020"

Ces dernières initiatives font penser, dans une moindre mesure, à ce que proposent les super-app chinoises Alipay et WeChat Pay (propriété de…Tencent), qui revendiquent chacune plus de 600 millions d'utilisateurs et représentent plus de 90% du marché du paiement mobile en Chine. Ces dernières permettent de payer n'importe quel type de services (factures, taxi, restaurant...). Mais ces applications mobiles à tout-faire peinent à s'implanter en Europe notamment en raison du règlement européen de protection des données personnelles (RGPD). Elles rentrent à tâtons en s'adressant pour le moment aux touristes chinois, qui peuvent ainsi régler leurs achats dans les grands magasins parisiens avec ces deux wallets. Depuis mars 2018, Ingenico permet à tous les commerçants disposant de ses terminaux d'accepter des paiements Alipay en Europe. 

Avec ce nouveau tour de table, Lydia confirme son avance dans le secteur du paiement entre particuliers . Depuis son rachat par Arkéa, Pumpkin est très discret voire muet. Aux dernières nouvelles, l'application lilloise revendiquait 700 000 utilisateurs et pas de nouveaux produits en vue. Paylib, la solution de paiement en ligne créée par les six grandes banques françaises, revendique 1,9 million d'utilisateurs mais pour ses trois produits confondus (paiement entre amis, paiement en ligne, paiement en magasin). Lyfpay, autre application de paiement mobile créée par des banques et des acteurs de la distribution, ne communique pas sur le nombre d'utilisateurs. La fermeture du service Circle Pay en 2019,  l'arrêt du service de paiement entre particuliers de Messenger la même année et les incertitudes sur la libra de Facebook, laissent le champs libre à la fintech française.