Finfrog lève 5 millions d'euros pour sa solution de microcrédit
La fintech, qui propose des prêts allant de 100 à 600 euros pour une durée de trois ou quatre mois, compte s'implanter en Europe du Sud d'ici 18 mois.
Chaque mois, un Français sur cinq dépasse son découvert autorisé, d'après une récente étude du comparateur de frais bancaires Panorabanques. Les frais qui en résultent ne sont pas négligeables : entre 20 et 30 euros par an d'agios si le plafond n'est pas dépassé, et environ 72,50 euros en plus par an si le plafond est dépassé. C'est pour lutter contre ces dépenses désagréables que Finfrog a vu le jour en 2016. Cette start-up, qui propose des microcrédits de 100 à 600 euros pour une durée de trois ou quatre mois, veut faire connaître son alternative au découvert aux 10 millions de Français concernés.
Pour ce faire, elle annonce une levée de fonds de 5 millions d'euros auprès de Raise Ventures et plusieurs business angels qui ont remis au pot. Au total, la jeune pousse a levé 8 millions d'euros. "Notre ambition est de sortir nos clients de la spirale du découvert. Selon une étude que nous avons menée auprès de 2 000 clients, notre solution coûte 15 fois moins cher que le découvert, à savoir 3 et 4 euros par mois", indique Riadh Alimi, CEO de FinFrog. Pour un prêt de 300 euros sur trois mois, un consommateur devra ainsi rembourser à Finfrog 103,44 euros par mois.
"Selon une étude que nous avons menée auprès de 2 000 clients, notre solution coûte 15 fois moins cher que le découvert"
Même si la fintech vise les Français qui se retrouvent dans le rouge à la fin du mois, elle séduit une majorité de jeunes. La moitié de ses clients ont moins de 29 ans et les freelances sont très représentés. Rien de surprenant puisque Finfrog multiplie les partenariats avec les plateformes de type Frichti, Uber Eats, Brigad ou encore Iziwork (recrutement d'intérimaires). "Nous sommes résolument un acteur BtoC même si nous avons enclenché les partenariats il y a deux ans. Toute la R&D réalisée en BtoC peut être portée au profit du BtoB. Avoir ces deux pôles a un effet vertueux", observe le dirigeant. A noter que le coût d'acquisition en BtoC est assez élevé dans le crédit (Finfrog ne le partage pas).
La jeune société propose aussi sa brique de crédit à des e-commerçants, dont le plus gros, Amazon. Les clients du géant du e-commerce peuvent contracter un emprunt à taux zéro allant jusqu'à 600 euros. Dans ce cas, c'est Amazon qui prend en charge le financement de l'emprunt. Finfrog compte accélérer sur ce segment car "nous avons beaucoup de demandes, en particulier pour l'électroménager, la réparation automobile et l'équipement de jardin", souligne Riadh Alimi.
De l'emprunt à l'épargne
La levée de fonds va aussi permettre à la start-up de continuer à développer sont outil d'accompagnement budgétaire personnalisé, (elle alerte déjà son client quand il s'approche du découvert par exemple). "Nos clients ne savent pas précisément où ils en sont dans leur budget, surtout quand ils ont un petit revenu", précise le CEO. Pour l'instant, la fintech se contente d'orienter les personnes dont les dossiers sont refusés vers des organismes publics ou parapublics comme le Crédit municipal de Paris ou de Bordeaux. "De nombreux clients ne sont simplement pas informés des solutions auxquelles ils ont droit", ajoute-t-il.
A terme, Finfrog souhaite aussi proposer des solutions d'épargne. "Nous n'allons pas nous satisfaire de clients souvent à découvert. Quand un jeune entrera dans la vie active, nous l'accompagnerons pour améliorer sa situation et l'aider à épargner pour concrétiser des projets", avance Riadh Alimi, sans en dire plus pour le moment. Côté technique, Finfrog espère pouvoir prochainement proposer des crédits instantanés. A ce jour, ses algorithmes propriétaires lui permettent de donner une réponse instantanée mais pas de verser l'argent dans la foulée. La faute aux banques françaises, qui ne proposent pas encore toutes l'instant payment.
"Quand on sait développer des modèles robustes en France, on sait les porter à l'international"
La jeune fintech souhaite également proposer ses microcrédits en Italie ou en Espagne d'ici 18 mois. "Le marché français est l'un des plus difficiles dans le crédit car la réglementation est très stricte. Quand on sait développer des modèles robustes en France, on sait les porter à l'international", affirme Riadh Alimi, qui assure que le taux de défaut sur Finfrog est inférieur à 1% du montant prêté. "Cela fait quatre ans que nous entraînons nos modèles d'intelligence artificielle. Nous avons collecté plusieurs milliards de data points", justifie-t-il, alors que le risque dans le BtoC est assez élevé.
Crédits plus longs ?
Pour mener ces différents projets, Finfrog, qui compte 15 salariés, prévoit de doubler ses effectifs d'ici six mois. Autre objectif : passer la barre des 100 000 prêts cumulés fin 2020 (elle a déjà octroyé des prêts à 60 000 clients mais ne donne pas le nombre de prêts totaux). La fintech a entamé des réflexions pour proposer des crédits plus longs. "Il y a un équilibre à trouver car d'un côté le client ne veut pas trop être engagé, s'endetter sur 24 ou 36 mois, et de l'autre faire des crédits plus longs est avantageux car cela diminue les mensualités", nuance Riadh Alimi.
Qui dit plus gros emprunts, dit plus gros prêteurs. Finfrog ne possède pas d'agrément d'établissement de crédit, mais celui d'intermédiaire en financement participatif (IFP) qui lui permet de collecter de l'argent auprès de prêteurs particuliers ou institutionnels comme le font les plateformes de crowdlending telles qu'October ou WeShareBonds. La fintech pourra compter sur ses canaux habituels, à savoir des family offices et des réseaux de conseillers en gestion de patrimoine.