Marie Degrand-Guillaud (Nickel) "Nickel souhaite devenir la référence du paiement au quotidien"

Rachetée par la BNP en 2017, la néobanque Nickel et ses "comptes pour tous" se sont fixés un plan de développement sur cinq ans qui s'achèvera en 2024. L'occasion de faire un bilan à mi-parcours avec Marie Degrand-Guillaud, directrice générale déléguée de Nickel.

Marie Degrand-Guillaud, directrice générale déléguée chez Nickel. © Nickel

JDN. Depuis le rachat de Nickel par BNP Paribas en 2017, qu'est ce qui a changé ?

Marie Degrand-Guillaud. Il y a eu un avant et un après. Ce rapprochement nous a permis de revoir nos briques technologiques et notre core banking system grâce à l'expertise de la BNP. Cela nous a également permis de bâtir un plan de développement global sur cinq ans que nous avons lancé en 2019.

Où en êtes-vous à mi-parcours ?

A l'origine, Nickel s'était fixé trois objectifs. Le premier était d'accélérer le nombre de clients en France pour atteindre les quatre millions de clients d'ici 2024. Nous en avons aujourd'hui 2,5. Le deuxième objectif portait sur la satisfaction client via l'expérience utilisateur en maintenant notre niveau de satisfaction. Nos NPS (net promoter score, ndlr) se situent entre 50 et 60.

"Nickel compte 2,5 millions de clients et nous préparons un lancement au Portugal, en Belgique et en Allemagne à l'horizon 2023"

Le dernier objectif était de devenir une offre solide à l'international. Nous nous sommes pour cela lancés en Espagne en janvier 2021 et nous préparons un lancement au Portugal, en Belgique et en Allemagne à l'horizon 2023. Dans chaque pays, nous souhaitons mettre en place une stratégie de passeporting de notre licence pour proposer un RIB local et devenir le compte principal de nos clients. Nous avons l'ambition de développer des réseaux de distribution dans chaque pays. C'est pour cela que nous recherchons des réseaux indépendants et ancrés dans le quotidien du pays. Les tabacs et loterie en Espagne, les libraires presse en Belgique, les épiceries au Portugal et les lotos en Allemagne. Sur ce troisième axe nous sommes partis de rien. En 2019 nous n'étions présents qu'en France. L'objectif que nous nous sommes fixé était d'arriver à huit pays, cela nous laisse encore trois pays à annoncer d'ici 2024. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous sommes là où nous devons être.

D'autres fintechs, notamment européennes, ont des ambitions proches de celles de Nickel - on pense à des néobanques comme Revolut ou N26 qui proposent également des IBANS français. Comment vivez vous cette concurrence ?

Nous adoptons des stratégies divergentes, mais sur un tiers de nos clients Revolut se positionne comme un concurrent direct. Les jeunes, urbains, actifs, connectés…et qui voyagent. Revolut propose par exemple des produits de wallet en monnaies internationales. Chez Nickel, nous pensons que le produit le plus proche du quotidien des gens est le compte courant. Notre premier profil de clients est ceux qui ont fait face à des problèmes avec le système traditionnel, comme les interdits bancaires. Viennent ensuite les personnes qui souhaitent se passer de la lourdeur des frais bancaires traditionnels qui représentent en moyenne 215 euros par an en France (étude Panorabanque 2020, ndlr), contre 60 chez Nickel. C'est sur notre troisième profil de clients que des concurrents comme Revolut ou N26 nous bousculent. Il s'agit en l'occurrence des personnes qui souhaitent avoir une deuxième carte pour voyager, faire des achats en ligne, des courses pour la maison… Là où nous tentons de nous différencier, c'est au niveau de la distribution qui est un segment que la plupart de nos concurrents ne possèdent pas. A défaut de produits de placement, nous ambitionnons de devenir la référence du paiement au quotidien auprès du plus grand nombre. Le secteur du paiement est riche en termes d'innovations et de ruptures technologiques et nous sommes convaincus qu'il y en aura d'autres.

Pouvez-vous donner quelques exemples d'innovations de paiement sur lesquelles Nickel a su se positionner ?

En 2020 nous avons fait un partenariat avec la société de transfert d'argent américaine Ria Money Transfer et la fintech française spécialisée dans les services financiers aux diasporas Monisnap. Cela permet à nos clients d'envoyer de l'argent en espèces à leurs proches, dans leurs pays. Dans la continuité de cette association, nous avons développé un moyen pour nos clients d'encaisser des chèques, ce qui n'était pas le cas chez les autres néobanques.

Les produits d'épargne font partie des produits phares des offres bancaires, comptez vous en proposer ?

Une fois que l'on aura réussi à proposer une solution de gestion des dépenses complète, l'étape qui vient ensuite est d'aider nos clients à mettre de côté. C'est évidemment un sujet que l'on regarde de près, mais nous avons encore des choses à faire sur le paiement.

Sur le paiement justement, Apple Pay a récemment lancé son offre Buy Now Pay Later (BNPL), cela fait-il échos aux choses à faire que vous venez d'évoquer ?

Ce genre d'actualité fait partie de nos projets ou du moins de notre réflexion. Des produits comme le BNPL étaient très peu présents il y a encore peu, mais se développent aujourd'hui de manière transversale via les utilisateurs d'iPhones en l'occurrence. Nous sommes convaincus que ce genre de produits du quotidien peut apporter davantage d'agilité à nos clients. Il y a beaucoup d'innovations, il faut les anticiper et en comprendre l'impact. Il y a des moyens de paiements qui commencent à concurrencer la carte comme les QR codes. Cela va sûrement changer les modèles économiques et fluidifier les transactions. L'objectif est de faire en sorte que l'innovation soit à portée de tous.