Les acteurs fintechs : une véritable levée de boucliers contre le monopole des géants américains en particulier dans la grande distribution

Au service de leurs utilisateurs et des consommateurs, les nouveaux acteurs fintech constituent un véritable contre-pouvoir pour faire face aux géants américains du monde de la finance.

Le monopole des titans du paiement américain

VISA & Mastercard ont acquis une position de leaders en Europe. Aujourd’hui, lors de la commande d’une carte bancaire, les seules options possibles : Mastercard ou Visa ? Et encore, quand la banque offre le choix

Grâce à quelques mouvements stratégiques, les deux titans américains ont tout mis en œuvre pour devenir aussi incontournables dans les relations entre les banques et les startups qu’ils le sont entre les banques et les commerçants. Le duopole investit lourdement dans la fintech et les technologies concurrentes pour se maintenir à la pointe de la nouveauté, en particulier dans l’open banking. Bénéficiant de leur capacité d’innovation élevée, ils sont en train de révolutionner les usages notamment sur le mobile sur Apple Pay et Google Pay. 

Le croisement éventuel des données personnelles et des données de paiement pourrait leur donner un avantage concurrentiel difficile à rattraper par les banques qui voient d’un mauvais œil l’incursion des GAFA dans les paiements.
 

De nombreux acteurs du paiement européens s’allient pour limiter cette hégémonie et chercher des alternatives pour le paiement.

Ainsi Seize grandes banques européennes se sont réunies autour d’un objectif commun ambitieux : Proposer aux consommateurs et commerçants une nouvelle solution de paiement 100% européenne, « globale et innovante », qui couvrirait « tous les types de transactions ». Ce service de paiement européen European Payment Initiative (EPI) vise à reprendre la souveraineté européenne, et limiter la fuite des données vers les Etats-Unis.
 

Cette tendance à la recherche d’alternatives européennes est soutenue par des initiatives gouvernementales. La Commission européenne, par exemple, veut accélérer l'accès et le partage de données financières entre les banques et les fintech. La directive DSP3 devra permettre notamment aux fintech d'accéder à l'ensemble des systèmes de paiement européens, et d'améliorer les infrastructures d'open banking afin de fournir de nouveaux services tout en renforçant la lutte contre la fraude et les droits des consommateurs.

La grande distribution en première ligne

Forts de leur position, les deux géants américains ont progressivement augmenté leurs frais de transactions profitant de leur position dominante et de leur fort pouvoir de négociation. 

D’une part, les clients doivent également faire face aux frais d’interchange (frais de transaction versés aux fournisseurs de carte). En outre, les commerçants sont aussi victimes de ces frais. C’est la raison pour laquelle, certains refusent d’accepter les paiements par carte pour des sommes inférieures à 5 ou 10 euros. 

Les grandes enseignes, en particulier, s'inquiètent de voir leurs frais associés au paiement par carte augmenter. Une évolution qui va avoir un impact sur les prix. 

La grande distribution en particulier s’inquiète du poids croissant des acteurs majeurs américain ViSA et Mastercards, dont les card fees sont importants et auxquels le quasi monopole donne toujours plus de pouvoir. 

Dans un contexte omnicanal, les technologies changent les modes de consommation et les moyens de paiement s’adaptent aux nouvelles attentes des consommateurs.

Les problématiques de la grande distribution sont multiples : 

  • s’assurer un moindre coût de transactions pour l’enseigne comme pour le client
  • sécuriser le paiement, protéger les données bancaires et limiter les fraudes
  • garantir un paiement rapide et fluide en caisse et en ligne 

Les distributeurs recherchent constamment la solution la plus efficace pour fluidifier le parcours d’achat, sécuriser les transactions, limiter la fraude, déclencher et accroître les paniers, offrir un paiement unifié.

Face à ces contraintes, les fintechs rivalisent de créativité pour proposer des solutions innovantes. Certaines proposent désormais un prix fixe par transaction plutôt qu’un pourcentage du montant de la transaction. D’autres misent sur l’avantage du modèle Saas (Software as a Service) qui permet un déploiement rapide et une gestion externe chez les distributeurs.

Pour d’autres, l’innovation technologique repose sur la customisation software pour répondre spécifiquement aux besoins du marchand tout en garantissant un niveau d’intégration optimisé dans son système.

Les fintechs offrent des solutions intermédiaires : entre le logiciel comptable et le logiciel ERP et peuvent rassembler l’ensemble des services de transaction. Elles font appel pour cela à toutes sortes de technologies comme le peer to peer, le QR code et les mettent au service de la fluidification du paiement sous toutes ses formes (virement SEPA instantané, remboursement entre amis, paiement à table etc.) 

Les fintechs au service de la démocratisation des moyens de paiement 

Au-delà de la grande distribution, les fintechs s’intéressent à l’ensemble des métiers de la finance et deviennent un véritable adversaire pour les acteurs historiques du secteur. Qu’ils s’agissent des émetteurs de cartes de crédits (Visa et Mastercard), des banques, des fonds d'investissements et même des assurances, les fintechs innovent et challengent les acteurs traditionnels. En France c’est plus de 900 entreprises qui se sont lancées dans les domaines du  financement, assurtech, services bancaires, regtech, gestion d’actifs, services fonctionnels, paiement et gestion du risque.
 

Le vaste panorama de ces nouvelles solutions permet d'intégrer et de démocratiser les nouveaux usages en particulier dans le cadre des paiements.

Leur objectif : 

  • supprimer les frictions pour les consommateurs qui entraînent l’abandon de leurs paniers en magasin comme en ligne
  • Limiter les blocages en caisse des moyens de paiement classiques ( plafonds bancaires)
  • Faciliter les paiements transfrontaliers en premier lieu dans la zone euro
  • Intégrer les solutions de paiement internationales (par ex: les wallets de paiement asiatique comme AliPay)

Au service de leurs utilisateurs et des consommateurs, les nouveaux acteurs fintech constituent un véritable contre-pouvoir pour faire face aux géants américains du monde de la finance. Elles sont désormais soutenues dans leurs actions par les acteurs traditionnelles et par les initiatives gouvernementales au niveaux nationales et européens