Agrégateurs de données financières : ce que change Fida
FiDA prévoit d'encadrer l'agrégation de données en mettant fin au scraping. Le texte pourrait par ailleurs permettre l'arrivée de nouveaux acteurs, à condition que des cas d'usage forts se développent.
On ne sait pas encore exactement quand mais l'entrée en vigueur de FiDA approche. Le règlement, qui prévoit d'instaurer l'open finance via la libéralisation de toutes les données financières, a été voté par la commission Econ du Parlement européen le 18 avril. Son adoption définitive devrait intervenir fin 2024 ou courant 2025, et sa date de mise en application vingt mois plus tard, donc vraisemblablement pas avant 2026.
Un type d'acteur bien précis surveille avec attention l'évolution de ce calendrier législatif : les agrégateurs de données. Ceux-ci ont pour fonction de récolter toutes les données financières (comptes courants, épargne, retraite, investissements…) d'un particulier ou d'une entreprise et de les présenter sur une interface. Cela permet de visualiser sa situation financière globale d'un seul coup d'œil.
Fin du scraping
Les agrégateurs de données existaient déjà avant l'annonce du règlement FiDA. En France, ces acteurs opèrent souvent en BtoBtoC ou en BtoBtoB. C'est le cas par exemple de Powens qui récolte les données financières des entreprises ou des particuliers pour les fournir à un prestataire comme Finary. De son côté, Bridge fonctionne en BtoBtoC avec comme intermédiaire Bankin' et en BtoBtoB avec des intermédiaires comme Pennylane ou encore Indy.
Etant donné que ces agrégateurs de données existent déjà, on peut se demander ce que va changer FiDA pour eux. CEO du groupe Powens, Bertrand Jeannet a identifié un changement majeur : "On va devoir gérer la transition scraping vers API". Le texte impose en effet aux institutions financières de développer des API, ce qui va permettre aux agrégateurs de données d'arrêter le scraping pour récupérer les différentes données. "Avec le scraping, on demande le mot de passe de l'utilisateur, on se connecte en son nom et on simule son accès à son compte. Ce n'est pas la façon la plus saine de faire les choses. Passer par une API sera par ailleurs moins long, moins coûteux et plus sécurisé", confie Olivier Binet, CEO de Bridge. "Avec FiDA, l'agrégation de données devient une activité moins artisanale et plus encadrée".
"Le manque de cas d'usage fort rend difficile l'existence d'un business model à part entière"
Contrairement à la DSP 2, FiDA prévoit une rémunération pour les institutions financières qui développent des API. "Chacun y trouvera son compte", prédit Mohsen Dajani, directeur commercial France de la fintech suédoise Insurely, qui a également développé une solution d'agrégation de données financières en BtoBtoC.
La fin du scraping pourrait inciter la venue sur le marché de nouveaux acteurs qui viendraient concurrencer les agrégateurs de données actuels. Mais "le manque de cas d'usage fort rend difficile l'existence d'un business model à part entière", prévient Olivier Binet. Ce qui pourrait expliquer au passage pourquoi des acteurs comme Bridge, Powens ou encore Insurely proposent d'autres services que l'agrégation de données financières.
De son côté, Insurely propose justement des cas d'usages qui dépassent la simple fonction d'agrégation de données. "On permet aux utilisateurs de comparer leurs contrats d'assurances actuels avec l'offre d'un concurrent pour qu'ils puissent choisir le contrat le plus adapté. Les utilisateurs peuvent aussi comparer deux produits d'épargne retraite" illustre Mohsen Dajani. "Le challenge de l'open finance, c'est de trouver des nouveaux cas d'usage. C'est bien d'ouvrir les données financières, mais il faut savoir quoi en faire".