Jérémie Rosselli (N26) "Nos innovations doivent inciter nos clients à utiliser N26 comme compte principal"

Le directeur général France de N26 revient sur les deux innovations majeures lancées par la néobanque en France en 2024 : le compte d'épargne et le trading d'actions et d'ETF.

JDN. En juin 2024, N26 annonçait le lancement en France de son compte épargne rémunéré. Quel bilan pouvez-vous tirer huit mois plus tard ?

Jérémie Rosselli est directeur général France de N26. © N26

Jérémie Rosselli. On a lancé ce produit pour dépoussiérer l'épargne telle qu'on la connait en France. Le compte épargne de N26 n'impose ni minimum ni limite de dépôt. Les intérêts sont calculés quotidiennement et versés mensuellement. Les taux d'intérêt sont compris entre 0,75% et 2,25% selon l'abonnement du client. Le bilan est très positif. En moyenne, nos clients placent 3 800 euros sur leur compte épargne. Par ailleurs, un tiers des clients qui possède un compte épargne sont de nouveaux clients N26, donc cette offre est un vrai levier d'acquisition. On a aussi profité d'un contexte favorable car le climat d'incertitude qui règne en France depuis quelques mois incite les gens à épargner.

Vos concurrents ont eux aussi lancé des offres semblables. Revolut a annoncé en octobre un compte épargne rémunéré quotidiennement, Sumeria et Trade Republic ont quant à eux dévoilé une offre de compte courant rémunéré…

Quand on regarde l'ensemble du marché, il reste encore de la place et les autres acteurs s'inspirent souvent de N26. Parfois, on lance des innovations dans d'autres pays et nos concurrents la répliquent en France. Par exemple, on a lancé notre offre d'épargne en 2023 en Espagne et certains de nos concurrents s'en sont inspirés et ont même imité la structure de cette offre. 

Juste après cette offre d'épargne, N26 a lancé le trading d'actions et d'ETF en France en juillet 2024. Quel bilan tirez-vous ?

On a remarqué que nos clients avaient une appétence pour les actions et les ETF de plus en plus importante. Pour démocratiser ces produits financiers et les rendre accessibles au plus grand nombre, on a décidé de fixer des tarifs très compétitifs : dans un premier temps, on a fixé à 1 euro les frais par transaction, et depuis le 27 janvier on a rendu le trading gratuit, sans frais ni commission. Aujourd'hui, les clients français peuvent investir dans plus 3 000 actions et 500 ETF. Nvidia, Tesla et Amazon sont les trois actions qu'ils ont le plus achetées. Ceux qui ont N26 Standard (l'abonnement gratuit, ndlr) ont investi en moyenne 650 euros tandis que ceux qui ont N26 Metal (l'abonnement premium avec le plus de fonctionnalités, ndlr) ont investi en moyenne 1 150 euros. Là aussi on s'est rendu compte que l'offre de trading est un levier d'acquisition car 20% des utilisateurs sont des nouveaux clients.

Comment ces innovations peuvent-elles permettre à N26 de passer un cap ?

Nos innovations doivent nous permettre de proposer une offre complète pour inciter nos clients à utiliser N26 comme compte principal. L'objectif est vraiment d'avoir des clients rentables. C'est pour cela que maintenant on communique en termes de "clients à revenus pertinents", c'est-à-dire ceux qui nous rapportent de l'argent. On en compte 4,5 millions (sur 10 millions au total, ndlr). On a passé le cap des 10 milliards d'euros de dépôts. A terme, nous visons une introduction en bourse. Celle-ci nécessite trois facteurs : croissance, rentabilité et un bon timing conjoncturel. Comme la conjoncture n'est pas adéquate en ce moment, on se concentre sur les deux premiers éléments en se focalisant sur l'acquisition de clients rentables. Dans la tech, on a vu beaucoup d'acteurs qui grossissaient et perdaient de l'argent en même temps car leurs clients n'étaient pas rentables. En 2025, nous allons continuer d'innover pour attirer davantage de clients rentables qui choisissent N26 comme compte principal.