Pour créer des produits et services innovants et durables, l'essentiel se joue lors de la phase de conception
L'innovation et la réduction des impacts : deux impératifs à concilier pour les entreprises
Attentes des consommateurs, pression réglementaire, course à l’adoption technologique et à la différenciation, rentabilité, durabilité… les organisations sont aujourd’hui confrontées à de nombreuses injonctions lorsqu’elles mettent au point de nouveaux produits[1].
Les critères d’innovation et de réduction des impacts apparaissent alors comme deux impératifs à concilier pour permettre aux entreprises de se différencier sur des marchés concurrentiels et de respecter les engagements pris en matière environnementale[2].
Pour ce faire, il est primordial d’intégrer ces considérations dès la phase de conception d’un nouveau produit ou service.
L’innovation et la durabilité d’un produit sont déterminées dès les phases d’idéation et de conception
En effet, si l’on estime que 80% de l’impact environnemental d’un produit est déterminé lors de sa conception[3], le caractère innovant d’un bien ou d’un service est également déterminé en grande partie dès sa phase d’idéation. C’est par la génération d’une multiplicité d’idées en réponse à des besoins identifiés (lors d’une phase dite « de divergence ») que l’on peut ensuite prioriser, ajuster et transformer en projets (phase « de convergence »), que naissent les innovations les plus impactantes
La phase de conception est donc absolument essentielle pour mettre au point des produits à la fois innovants et durables. C’est pourquoi nos clients nous sollicitent en amont de leurs projets pour être accompagnés dans la co-création de produits et services qui soient à la fois innovants, centré utilisateurs et durables. Dans chaque cas, nous mobilisons en interne les experts techniques et sectoriels spécifiques à la problématique rencontrée. Deux de ces experts prennent ici la parole.
Des méthodologies innovantes et des expertises spécifiques mobilisées pour concilier les trois valeurs d’un produit : sa rentabilité, sa désirabilité et sa durabilité
Concilier les aspects de rentabilité et de durabilité d’un projet est un enjeu essentiel des entreprises d’aujourd’hui. Pourtant, cet exercice peut s’avérer difficile car il implique d’adopter une approche assez exhaustive du produit et de tout ce qui l’entoure, en termes d’acteurs, de chaîne de valeur, de cycle de vie, d’écosystème, etc. Lorsque nous accompagnons nos clients, nous prenons en compte la valeur d’un produit digital dans ses trois dimensions : sa rentabilité, sa désirabilité et sa durabilité. Nous utilisons pour ce faire des outils et des méthodes que nous avons spécialement adaptés (Sustainable design thinking, Garage for sustainability…).
Deux conditions préliminaires essentielles : s’entendre sur une feuille de route commune et raisonner selon le cycle de vie du produit dès sa conception
Deux conditions préliminaires apparaissent comme essentielles pour concilier ces trois dimensions.
La première est de rassembler très en amont les acteurs clés du projet au sein de l’organisation (par exemple, les achats, le marketing, la finance, le service après-vente, etc.) pour définir de manière partagée l’objectif et la vision du projet.
La seconde est de raisonner selon le cycle de vie du produit en adoptant une approche écosystémique : dès la phase de conception, il faut impliquer la chaîne de valeur et réfléchir aux différentes étapes de la vie d’un produit pour s’assurer d’optimiser sa valeur durable dans toutes ses dimensions. Cela implique par exemple de se poser les questions suivantes : quels fournisseurs seront mobilisés ? Comment garantir un usage économe du produit par le consommateur ? Comment s’assurer de la gestion de la fin de vie de mon produit ?
Réfléchir dès l’amont à la façon dont on mesurera l’impact des produits
Enfin, dès la phase de conception, il est primordial de réfléchir à la façon dont on va pouvoir mesurer l’impact de notre produit : à l’image des indicateurs de performance (« KPIs »), nous aidons nos clients à mesurer l’impact de leurs activités, pendant tout leur cycle de vie, grâce à nos solutions de gestion des données spécialement conçues pour donner aux entreprises une vision claire de leurs activités et des impacts environnementaux qui leurs sont associées. »
Le numérique responsable : la nouvelle donne pour les designers… et les autres
Tous les métiers du digital doivent s’appliquer à rendre le numérique plus responsable, comme nous y encourage le contexte réglementaire actuel en France[4]. Les designers n’y échappent pas et sont responsables de l’éco-conception de leurs produits. Nous avons coutume de dire qu’un bon design est le préalable à la réussite commerciale du projet. Aujourd’hui, un bon design est aussi un design éco-conçu[5]. Cela signifie de s’interroger sur la nécessité des fonctionnalités qui sont discutées au moment de la conception d’un service numérique : qu’est-il essentiel de conserver à tout prix pour répondre au besoin profond de nos utilisateurs ? Quelle va être la durée de compatibilité entre le produit physique et le logiciel qui le fait fonctionner ? Comment optimiser un écosystème de services numériques grâce à la mise en place de Design System ? Créons-nous réellement plus de valeur ? Quels impacts sont-ils associés ? Comment trouver un équilibre entre les objectifs business de nos clients et notre responsabilité numérique ?...
Ces réflexions doivent se mener avec l’ensemble des professionnels impliqués dans la réalisation et l’utilisation du produit : métiers techniques, commerciaux, juridiques… Nous sommes tous acteurs, à notre échelle, de la durabilité des services numériques que nous concevons et utilisons, que l’on soit designer, développeur ou client.
De nombreux outils et méthodes au service de l’éco-design
Au sein d’IBM Consulting, les designers disposent de plusieurs outils et référentiels pour les accompagner de bout en bout dans la réalisation de services digitaux plus responsables. Cela va de la phase de cadrage avec l’Enterprise Design Thinking for Sustainability, à leur mise en œuvre grâce à l’IBM Design Checklist for Sustainability en passant par leur création avec IBM Design Research qui permet d’optimiser la performance - et donc la consommation de ressources de nos produits. L’IBM Carbon Design System nous permet également de facilement passer à l’échelle nos modèles de conception et de design en réutilisant un maximum de ressources quels que soient les formats et canaux utilisés. Enfin, la nouvelle Design Checklist for Sustainability est un outil utile qui permettant de vérifier que l’aspect durable a été pris en compte dans chaque dimension du modèle de design.
D’autres solutions sont disponibles en open source pour accompagner les designers dans l’éco-conception de leurs produits : le référentiel général d’écoconception des services numériques[6] le livre blanc d’éco-conception numérique créé par le Collectif des designers éthiques[7], les 115 bonnes pratiques d’éco-conception web[8]. »
La durabilité, nouveau critère de priorisation pour les entreprises
Nous enrichissons nos approches avec le « Sustainable Design thinking » qui nous permet, dans la phase de cadrage d’un projet, d’intégrer dans nos axes de priorisation les critères d’impact sur l’environnement, au même titre que ceux de faisabilité et de rentabilité. Cette nouvelle dimension illustre l’importance accordée à ce critère dans les orientations des projets de nos clients, qu’ils soient stratégiques ou plus opérationnels. Ainsi, de plus en plus de projets se voient « dépriorisés » au profit d’autres, du fait de l’anticipation de leur impact potentiellement négatif sur l’environnement. Ce, dans une approche de décision collective prise par des profils pluridisciplinaires, qui permet de garantir la pertinence et la pérennité de la décision.
L’IA générative enrichit les approches et stimule la créativité
Dans cette logique d’amélioration continue, le Studio veille à construire des approches qui soient à la fois innovantes, durables et personnalisées, aujourd’hui enrichies par l’IA générative. Celle-ci jouant le rôle « de super-assistant » avec qui nous itérons au sein de nos ateliers de conception pour bénéficier d’éléments de contexte spécifiques au cas traité, pour enrichir certaines idées, pour reformuler des propositions, pour illustrer des cas d’usages.
L’IA générative, un potentiel à explorer en toute conscience
Le potentiel offert par les IA génératives est en train d’être décliné sur toute la chaine de valeur des entreprises et nous n’en sommes qu’aux prémices du bouleversement qu’elles vont opérer.
Des métiers vont se transformer, d’autres vont être inventés. Les capacités de création, d’invention, de mise en œuvre des Humains vont être décuplées et accélérées. Cette nouvelle révolution du monde du travail doit être, dès à présent, suivie avec intérêt, évaluée et testée pour pouvoir être maitrisée et en tirer les bénéfices. De la même façon, les enjeux de durabilité, ainsi que les impacts sociaux et éthiques qui y sont liés, doivent être évalués et pilotés en continu.
1/ On entend par « produit » ou « projet » l’ensemble des biens ou services, physiques ou digitaux.
2/ 80% des entreprises du CAC 40 ont annoncé leur volonté d’atteindre un niveau « net zéro » d’émissions carbones d’ici à 2050. Rapport du BCG : « Net Zero, les grandes entreprises françaises en ordre de marche », Novembre 2021, https://media-publications.bcg.com/BCG-Rapport-Net-Zero.pdf
3/ Comme rappelé récemment par la commission européenne : https://joint-research-centre.ec.europa.eu/scientific-activities-z/sustainable-product-policy_en
4/ Loi du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France, création du référentiel général d'écoconception de services numériques (RGESN) et obligation pour les communes de plus de 50 000 habitants d’élaborer une stratégie numérique responsable d’ici à 2025…
5/ En anglais : “Good design is good business. Good design is also sustainable”.
6 https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/publications/referentiel-general-ecoconception/
8 https://github.com/cnumr/best-practices/tree/main#les-115-bonnes-pratiques