Jacques Pitrat, père de l'IA forte et de la conscience artificielle

Comment parler de l'intelligence artificielle sans citer Jacques Pitrat, père de la "conscience artificielle", partisan de "l'IA forte" et fervent défenseur de l'IA française ?

Pionnier symbolique

Aux prémices de l'apprentissage machine, on cite bien souvent John McCarthy alors que les travaux de Jacques Pitrat (et ses confrères français  de l'IA symbolique) sont autant fondateurs et bien plus visionnaires.

Polytechnicien, docteur en mathématique, directeur de recherche au CNRS, Jacques Pitrat a inspiré une génération de chercheurs.

Jacques Pitrat reçut en 2006 le Prix spécial « Cinquante ans d’intelligence artificielle » de l'IPMU, Conférence internationale sur le traitement de l'information et la gestion de l'incertitude dans les systèmes basés sur la connaissance.

Il a travaillé sur le traitement du langage naturel et a écrit le système MALICE (voir lien) descendant du système Alice, utilisant les méta-connaissances pour optimiser la résolution de problèmes de satisfaction de contraintes.

Jacques Pitrat en habit de polytechnicien  (CC BY-SA 4.0)

L'homme et la machine

Son approche comparative de la cognition humaine et de la cognition artificielle est des plus éclairantes. Pour lui l'homme et la machine sont incomparables, et pour autant complémentaires. 

Ses questions sur la "conscience artificielle" sont des plus visionnaires :

  • L'IA aura-t-elle conscience de ses connaissances et de ses inconnus ? 
  • L'IA pourra-t-elle s'observer, s'adapter et se modifier par elle même ?
  • Pourrons nous contrôler l'IA ?

Jacques Pitrat posa bien avant "2001 Odyssée de l'espace" les questions qui fâchent et les principes de l'IA contemporaine !

Passionnante conférence tenue en 2020, à la journée hommage de l'AFIA à Jacques PITRAT, le 6 Mars 2020 à Sorbonne Université.

Bootstrapper l'IA

A la fin de sa vie de chercheur, Jacques Pitrat conclut de façon surprenante :

"Je suis frappé par la lenteur du développement de l’IA ... j’en suis venu à douter que l’intelligence humaine puisse jamais réaliser seule une tâche aussi difficile, sans aide extérieure. Il faut donc bootstrapper l’IA." 

L'histoire lui donne déjà raison : le Bootstrap IA a commencé.

Et de poursuivre : " Dans un futur lointain, lorsque le Bootstrap sera terminé, j’espère que CAIA (Chercheur Artificiel en IA) pourra développer la recherche en IA sans mon (notre) aide."

Futur lointain ? Jacques Pitrat le voyait d'ici 100 ans.

La guerre de 100 ans

Jacques Pitrat était convaincu que "l'IA FORTE" verrait le jour : une intelligence égale à celle de l'homme ; dotée de conscience autonome, capable de résoudre des problèmes, d'apprendre et de planifier l'avenir.

Cet avenir se nomme l'intelligence artificielle générale (IAG) capable d'effectuer et apprendre pratiquement n'importe quelle tâche cognitive.

Pour l'heure un nombre croissant de chercheurs appellent à combiner l'approche symbolique (de Jacques Pitrat et ses comparses) et les réseaux neuronaux (nouvelle approche sub-symbolique) mais ils buttent encore sur le raisonnement de "bon sens"...

La nouvelle guerre de 100 ans est en cours : celle de l'intelligence artificielle générale (IAG) sous les auspices de Minerve, déesse de l'intelligence et des métiers.