Connecter des capteurs sans batterie, le nouveau défi de Sigfox

Connecter des capteurs sans batterie, le nouveau défi de Sigfox L'opérateur a annoncé lors de son événement annuel Sigfox Connect son intention de réaliser des transferts de données à l'échelle du kilomètre avec des objets connectés sans batterie.

Les objets connectés sans batterie peuvent transmettre leurs données sur quelques mètres. Demain, ils pourront le faire sur un ou deux kilomètres. Ludovic le Moan, CEO et cofondateur de Sigfox, a annoncé lors de son événement annuel son intention d'effectuer de l'energy harvesting sur son réseau. C'est-à-dire que l'énergie ambiante sera utilisée pour alimenter les capteurs. "Si des milliards d'objets connectés sont déployés, nous ne pouvons pas nous permettre un déploiement d'autant de batteries. Utiliser l'energy harvesting est un élément différenciant et un grand accomplissement à mes yeux", a-t-il affirmé. Différentes solutions (de l'utilisation de l'énergie solaire par la start-up taïwanaise Flexwave energy à celle de la lumière ambiante par la française Dracula Technologies) sont présentées ces deux jours pour montrer l'ensemble des possibilités aux clients invités.

Pour réussir à élargir la portée permise par l'energy harvesting, Sigfox s'appuie sur son réseau, qui reçoit les données des capteurs avec une diversité spatiale (sur plusieurs stations, ndlr), fréquentielle et temporelle. "Pour réaliser de l'energy harvesting, il faut récolter très peu de données. Notre maître-mot est justement le low energy. Nous travaillons dans notre réseau sur le traitement du signal pour permettre au transfert du message d'être plus efficace et compris plus loin", explique Christophe Fourtet, cofondateur et directeur scientifique chez Sigfox. "Les autres acteurs n'atteignent pas une portée supérieure à quelques mètres car ils utilisent des récepteurs aux capacités limités pour maintenir des prix compétitifs (les piles étant toujours la solution la moins onéreuse, ndlr). Les nôtres sont plus sensibles", ajoute Loïc Hubert, ingénieur chez Sigfox.

Avec l'energy harvesting, Sigfox cible des usages dans la supply chain, son principal marché. Des étiquettes munies d'un microcontrôleur pourraient ainsi être alimentées par leur environnement. Par cette utilisation, Sigfox entend compléter, voire suppléer la RFID en offrant un système similaire mais avec une infrastructure moins coûteuse. L'opérateur tente aussi de se différencier des concurrents sur ce marché, parmi lesquels figure le fabricant EnOcean. "Le protocole de ce dernier est utilisé en domotique avec une recherche d'instantanéité. De notre côté, le délai de transmission sera plus long mais c'est ce qui permet une portée plus large", précise Christophe Fourtet.

Trois ans avant une industrialisation

La consommation des objets connectés est l'un des enjeux à venir dans l'IoT, selon Chekib Gharbi, directeur du CITC. "L'energy harvesting existe depuis de nombreuses années, mais il a fallu attendre que les systèmes de transmission soient optimisés pour être rentables", poursuit le directeur scientifique.

Sigfox mettra encore quelques années avant de proposer une offre dédiée à ce sujet, "le temps de stabiliser le design, d'améliorer le réseau et de déployer", indique Loïc Hubert. "L'objectif aujourd'hui est d'analyser les besoins des clients. Ensuite, l'industrialisation d'une solution prendra certainement deux années, nous travaillerons à ce moment-là avec des spécialistes de l'energy harvesting", complète Christophe Fourtet. En attendant, Sigfox développera un projet de bouée flottante connectée dans les ports dans le cadre du programme de sa Hacking House, dont la prochaine édition parisienne débutera en février 2020. "Les étudiants étudieront la meilleure solution pour réaliser l'envoi des données. Ils devront certainement plancher sur l'énergie solaire ou le mouvement des vagues", détaille Maxime Schacht, responsable de la Hacking House Paris.