L'essor du sans contact

Avec la crise sanitaire, nous avons dû modifier nos comportements pour minimiser nos contacts et réduire ainsi les risques de contamination. Pour répondre à ces nouveaux usages, le développement des technologies sans contact s'est vu accéléré. Et nombre d'acteurs présents dans le quotidien des Français, à commencer par les commerçants, ont déployé leurs initiatives.

Les innovations sans contact émergentes dans les points de vente

De nombreuses innovations technologiques sans contact permettent aujourd’hui d’améliorer l’expérience client en point de vente, proposant de nouveaux parcours d’achat.

Depuis quelques années, les bornes ont émergé au sein des grandes enseignes de distribution. Leurs fabricants sont bien au fait de la contrainte Covid. Acrelec, pépite française des écrans tactiles, partenaire de McDo, Burger King et autres géants de la grande distribution en France, a d’ailleurs publié un guide pour aider ses clients à adapter leur solution sans contact. Les magasins d’alimentation notamment travaillent à optimiser leurs services pour réduire les temps d’attente en caisse et, plus globalement, les interactions aujourd’hui synonymes de risques de transmission de la Covid-19. C’est le cas de Monoprix qui a mis en place un système de scan des produits par mobile pour limiter les manipulations des produits entre l’hôte de caisse et le client. Et le géant Amazon n’est pas en reste puisqu’il a lancé l’été dernier son caddie connecté, Dash Cart, qui s'appuie sur une identification numérique pour éviter le passage en caisse et l’étape du paiement.

D’ailleurs, le paiement sans contact est certainement la technologie qui s’est la plus rapidement et la plus fortement imposée au cours de cette dernière année. 47% des transactions en carte bancaire en France étaient sans contact en 2020. La solution offre un gain de temps considérable aux consommateurs et commerçants puisque l’étape du code - et donc le risque d’erreur - est supprimée, et que les vérifications sont plus courtes voire inexistantes sur les petits montants.

En parallèle au développement du paiement par carte sans contact, nous avons assisté à un boom du paiement mobile. Contrairement au premier, le paiement mobile sans contact NFC avec Apple, Google, Samsung Pay ou Paylib n’a pas de plafond et est gratuit. Il est encore peu utilisé en France par rapport à la Grande-Bretagne où il est possible de payer un ticket dans le bus via son mobile depuis au moins 5 ans. Mais, si la France est en retard, les perspectives d’essor de cette technologie restent encourageantes puisque, selon Orange Bank, les montants des transactions en paiement mobile sans contact ont augmenté de 60%.

Au-delà des points de vente

D’autres innovations sont en train de voir le jour, comme les écrans tactiles sans contact qui simulent le contact. Le prototype Kinetic Touchless de Stuck Labs suit le mouvement des doigts et reproduit la sensation tactile, ainsi l’utilisateur voit le bouton avec lequel il interagit virtuellement s’enfoncer ou glisser sans le toucher physiquement. La solution vient d’être adaptée à des boutons d’ascenseur.

Les technologies de contrôle d'identité sans contact quant à elles sont de plus en plus demandées depuis le début de la crise. Parmi elles, l’identification biométrique rentre de plus en plus dans les usages. Amazon One serait ainsi un moyen "plus confidentiel" que la reconnaissance faciale pour franchir un portique de sécurité ou encore pour le paiement à condition d’être connecté aux services d’Amazon. Et on ne compte plus le nombre d’objets connectés et sans contacts utiles pour l’identification grâce aux clés et cartes magnétiques, puces NFC, RFID... Ce sont tout autant d’opportunités pour les gestionnaires d’espace et leurs partenaires de proposer à leurs utilisateurs de nouveaux services : contrôle des accès, comptage de flux dans les événements, lieux publics ou grands bureaux, mais aussi pourquoi pas check-in dans les aéroports, pour savoir si tous les passagers d’un vol sont arrivés dans la zone d’embarquement.

Notons que l’entreprise qui fabrique le capteur biométrique utilisé par Amazon, Idema, est française et qu’elle est le leader mondial sur ce marché (cocorico !). La France est d’ailleurs le fournisseur de nombreuses solutions technologiques pour le sans contact, mais, dans les usages, elle a parfois du retard. S’il est un pays qui peut se targuer d’être précurseur en la matière, c’est bien le Japon. La culture nippone est particulièrement sensible à la question des infections et, depuis longtemps, elle explore le port du masque et les technologies sans contact. Dans le domaine des composants électroniques, ils n’ont pas perdu leur capacité d’innovation en développant des capteurs sensoriels (lumière, image, odeur, orientation) qui permettent de simuler, limiter ou remplacer le contact physique. Là-bas, les solutions sans contact de nouvelle génération se déploient massivement et sur tout : robinets, interrupteurs, toilettes, etc. et disposent en plus de surfaces auto-désinfectantes en cas de contact inopiné. Certains immeubles sont d’ores et déjà équipés d’ascenseurs qui reconnaissent les occupants des immeubles et les mènent directement à leur étage, tout en limitant le nombre d’occupants de la cabine. Un service de collecte des déchets sans contact est également à l’étude dans plusieurs villes, tout comme des programmes de test de rechargement de voiture électrique sans contact.

La crise sanitaire a amorcé le sans contact dans de nombreux projets et les bénéfices à tirer de cette technologie sont indiscutables. Mais n’oublions pas que le contact humain est ce qui enchante notre quotidien. Alors, parmi toutes ces innovations, qui semblent parfois tout droit sorties d’un film de science-fiction, reste à savoir quelles sont celles qui perdureront à l’issue de la pandémie...