Le sous-comptage, une étape clé dans l'optimisation énergétique des piscines municipales

Le sous-comptage, une étape clé dans l'optimisation énergétique des piscines municipales Avec la hausse continue des prix de l'énergie, les piscines municipales représentent un poste de dépenses considérable pour les collectivités.

Avec la crise énergétique, les responsables de piscines municipales nagent entre deux eaux : les contraintes budgétaires les poussent vers l'optimisation énergétique mais, étant déjà équipés de capteurs IoT depuis longtemps, ils ne savent pas toujours comment procéder pour aller plus loin et optimiser ces équipements énergivores. "Les projets d'optimisation énergétique de piscine mettent du temps à se lancer car cet équipement fait peur : ce n'est pas un bâtiment tertiaire classique, il doit répondre à des normes, notamment sur la température de l'eau, et les équipements présentent beaucoup d'inertie", confirme Jean-Charles Matamoros, cofondateur et directeur technique d'AVOB, fournisseur français de services d'analyse énergétique et de connectivité des immeubles.

Une piscine représente en moyenne 10% de la consommation d'une commune

Les factures énergétiques deviennent néanmoins un accélérateur vers l'optimisation énergétique, une piscine représentant en moyenne 10% de la consommation d'une commune. "Une piscine olympique, dans une commune de 100 000 habitants, a une consommation électrique globale de 5 gigawattheures par an, ce qui représente une enveloppe de 630 000 euros dans un budget communal de six millions d'euros. Même ratio auprès d'une petite collectivité cliente de 15 000 habitants : la facture de la piscine est de 78 000 euros dans un budget de 700 000 euros, soit aussi 10%. Il faut ajouter à cela les factures d'eau. La gestion des piscines vers de moindres consommations est ainsi un vrai enjeu pour une ville", explique Jean-Charles Matamoros.

La première chose à faire pour gagner en efficacité énergétique, recommandée par AVOB, est de mettre en place du sous-comptage. Cela signifie ajouter dans son tableau électrique des compteurs pour diviser la mesure des consommations par usage. "Il faut suivre la consommation au jour le jour des bassins, des vestiaires, de l'accueil, etc. C'est par le sous-comptage, et des données fiables, que l'on peut identifier des consommations anormales, et donc des fuites, qui peuvent avoir des conséquences considérables", détaille Jean-Charles Matamoros. AVOB estime qu'un projet de sous-comptage mené actuellement chez l'un de ses clients pourrait aboutir à 10% d'économies d'énergie et à un ROI en six mois. Un avis partagé de son côté par Laurent Couvert, directeur du Coliseum de la Métropole d'Amiens, un complexe sportif doté entre autres d'une piscine et d'une patinoire olympique. Ce dernier a prévu dans son nouveau marché public pour le chauffage, en renouvellement en juillet prochain pour deux ans, d'intégrer du sous-comptage. "C'est ce qui donne une perception plus fine des consommations et permet d'agir", témoigne-t-il.

30 000 euros pour du sous-comptage

Selon le cofondateur d'AVOB, mettre en place du sous-comptage dans une piscine municipale revient à ajouter une trentaine de compteurs électriques, une dizaine pour l'eau et l'ajout de sondes d'ambiance pour la qualité de l'air. "S'équiper peut revenir à un investissement de 30 000 euros, cela peut paraître important pour une collectivité mais le ROI est vite absorbé", assure Jean-Charles Matamoros, pour qui l'IoT représente un moyen de passer à l'action sans attendre de gros travaux de rénovation énergétique. Un processus justement mis en place de manière indépendante à Amiens, où une pompe à chaleur et des variateurs vont être installés avant une rénovation de la dalle béton sur laquelle repose la glace de la patinoire à l'été 2025, pour un montant de onze millions d'euros.

"On parle beaucoup des économies réalisées sur la température de l'eau, rarement de l'air, alors que c'est ce qui a le plus d'impact"

"Il ne faut pas négliger non plus les centres de traitement de l'air. On parle beaucoup des économies réalisées sur la température de l'eau, rarement de l'air, alors que c'est ce qui a le plus d'impact, met en garde Laurent Couvert. Maintenir la bonne hygrométrie pour maintenir un bon ressenti des baigneurs représente un tiers des consommations de chauffage." Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les centres aquatiques adossés à des patinoires ne sont pas les installations les plus énergivores. "Il est possible d'utiliser le système de production frigorique de la patinoire en récupérant sa chaleur pour chauffer les bassins. Il aide la piscine à être plus performante. Il y a un vrai dynamisme entre les deux, qui s'alimentent mutuellement", confie Laurent Couvert, qui a lancé un appel d'offres pour renouveler le matériel cet été 2024 et aboutir à des économies de l'ordre de 30% sur les consommations d'énergie. Des performances énergétiques qui feront parler du Coliseum, au moment même où le site sera mis en avant lors des Jeux olympiques pour des performances sportives, sa piscine accueillant l'entraînement d'une équipe japonaise de natation.