Résultats présidentielles avant l'heure : qui diffuse, qui trinque
En Belgique, les premières estimations sont tombées bien avant 20 heures ce dimanche, comme lors du premier tour le 22 avril. La RTBF, radio et télévision de Bruxelles, a programmé une édition spéciale et a fini par mettre son site en difficulté, face à l'afflux de visiteurs. Elle estime, depuis le début de la polémique sur la diffusion des résultats, ne pas être "concernée" par la loi française. Le quotidien Le Soir a aussi publié les résultats des présidentielles sur son site Internet avant 20 heures tout comme la Libre Belgique.
En Suisse, le résultat de la présidentielle a aussi été anticipé via les sondages sortis des urnes ou les dépouillements des premiers bureaux de votes fermés. Le site du quotidien Le Matin ou encore La Radio-Télévision suisse citent et mettent en ligne sur leurs plateformes numériques des estimations depuis la fin de l'après-midi et ont livré les premières tendances du second tour à partir de 18h.
En France, peu de médias en revanche se sont risqués à publier des estimations avant 20 heures. Tous se sont pliés à la loi française et ne publieront les chiffres au fur et à mesure que les résultats définitifs des présidentielles seront connus, à partir de 20 heures. Libération avait annoncé avant le premier tour vouloir briser l'embargo, mais s'était finalement ravisé. L'AFP avait quant à elle envoyé une dépêche aux rédactions, rappelant que la publication des résultats avant 20 heures était de la responsabilité de chacun de ses clients, c'est-à-dire de chaque titre de presse.
Mais la diffusion des résultats ne se limite pas aux sites Internet. Elle concerne également les réseaux sociaux. Tout au long de la soirée du 22 avril comme ce dimanche, les résultats venus de Belgique et de Suisse étaient abondamment repris sur Twitter et sur Facebook. Plusieurs jeux avaient au passage été mis en place pour dévoiler les chiffres sans parler explicitement de la présidentielle (sans citer les les noms candidats) et ainsi passer entre les mailles du filet judiciaire.
Le risque est relativement élevé. La Commission des sondages et le procureur de la République de Paris ont mis en place un dispositif très strict. Publier les résultats avant 20 heures expose chaque contrevenant à une amende de 75 000 euros. Mais les groupes de presse peuvent faire face à des sanctions bien plus élevées. En faisant machine arrière le 22 avril, Libération estimait risquer 375 000 euros d'amende. La Commission des sondages avait effectivement durci les sanctions deux jours avant le premier tour pour les personnes morales.
Les deux principaux médias belges, La RTBF et Le Soir, sont d'ores et déjà visés par une enquête préliminaire du parquet de Paris, à la suite de la diffusion des résultats du premier tour sur leurs sites Internet respectifs. Christian Dauriac, le rédacteur en chef de la RTBF, a cependant indiqué qu'il comptait bel et bien suivre la même ligne pour le second tour. Son site avait reçu 1,3 million de visiteurs le soir du 22 avril.