Une vague de 70 mètres de haut déferle dans la vallée : la pire menace de France se trouve dans le Cantal
C'est un scénario catastrophe étudié de près par les autorités. En quelques minutes seulement, une vague titanesque de 70 mètres de hauteur pourrait un jour dévaler à travers les paysages bucoliques du sud de la Corrèze et du Cantal, emportant tout sur son passage. Les maisons seraient balayées, les infrastructures routières désintégrées, la faune et la flore locales anéanties.
Cette menace apocalyptique n'est autre que la rupture potentielle du barrage de Bort-les-Orgues, un colosse de béton construit entre 1942 et 1952. Avec ses 120 mètres de hauteur et sa retenue de 477 millions de mètres cubes d'eau, c'est l'une des plus grandes de France.
Si ce scénario reste "extrêmement peu probable" selon une étude de dangers réalisée par EDF, plusieurs facteurs pourraient théoriquement conduire à sa défaillance. Une crue exceptionnelle, un séisme majeur, ou une défaillance structurelle imprévisible font partie des causes envisagées. Dans le pire des cas, une crue décamillénale (1 chance sur 10 000 d'apparaitre chaque année) combinée à un niveau de retenue déjà élevé pourrait exercer une pression insoutenable sur l'ouvrage.

Ce qui rend la situation particulièrement préoccupante, c'est l'effet domino qu'entraînerait la rupture de ce barrage situé en tête de vallée. L'onde de submersion pourrait provoquer successivement l'effacement des barrages en aval : Marèges, L'Aigle, Chastang et le Sablier à Argentat. La puissance destructrice s'en trouverait alors amplifiée. Sur le réseau social X, le vulgarisateur GeoTales se demande même, "si l'une des menaces majeures sur notre territoire n'était pas le barrage de Bort-les-Orgues ?"
La petite commune de Bort-les-Orgues, au pied du barrage, serait la première à être touchée. 16 minutes après la rupture, une vague de 70 mètres de hauteur frapperait Liginiac, situé à 21 km en aval. Après 2h30, Beaulieu-sur-Dordogne serait englouti sous 33 mètres d'eau.
Le déluge poursuivrait sa course inexorable, atteignant Bergerac 14 heures plus tard avec encore 19 mètres de hauteur. Même à 350 km de distance, à l'embouchure de l'estuaire de la Gironde, la vague conserverait une hauteur de 1,80 mètre.
Bien que rares, les ruptures de barrages ont déjà causé des catastrophes meurtrières dans le monde. La France garde en mémoire le drame du barrage de Malpasset, dans le Var. Le 2 décembre 1959, cet ouvrage a cédé brutalement. Une vague de 40 mètres de haut a balayé Fréjus, faisant 423 morts et disparus. Cette catastrophe a profondément marqué les consciences et révolutionné la sécurité des barrages en France.
Mais le plus meurtrier reste celui de Banqiao en Chine. En août 1975, le typhon Nina a provoqué la rupture de 62 barrages en cascade dans la province du Henan. Le bilan humain, longtemps dissimulé par les autorités chinoises, est effroyable : 26 000 personnes ont péri directement dans les inondations, auxquelles s'ajoutent 140 000 victimes supplémentaires, décédées des suites de la famine et des épidémies consécutives.
Pour prévenir tout danger, EDF, exploitant du barrage, assure un contrôle permanent de l'ouvrage et maintient un programme d'entretien rigoureux pour garantir sa sécurité.