La RT 2020 ou la prospection énergétique en France

Depuis les années 1970, tout nouveau projet de construction bâtimentaire doit respecter une réglementation thermique – évolutive selon les degrés d'exigence –, ayant pour but de fixer une limite à la consommation énergétique des bâtiments neufs.

Alors que la France s'apprête à révolutionner son paysage de l'énergie en 2015, la transition énergétique préfigure déjà la réglementation thermique applicable en 2020, dont les bâtiments à énergie positive sont la pierre angulaire.
En vigueur aujourd'hui, la réglementation thermique (RT) 2012, comme les versions précédentes, fixe une limite maximale à la consommation énergétique des bâtiments neufs pour le chauffage, la ventilation, la climatisation, la production d'eau chaude et l'éclairage. Entre autres objectifs impérieux d'indépendance énergétique, la réduction des gaz à effet de serre et le développement des nouvelles technologies se taillent une part majoritaire. Directement inspirées des pistes de réflexion présentées par le Grenelle de l'environnement, ces avancées sont à mettre en relation avec la transition énergétique qui se dessine en France, et préparent le terrain de la future RT 2020. Tandis que la réglementation actuelle consacre l'émergence des bâtiments à énergie passive (BEPAS) – qui doivent diminuer leur absorption énergétique de 50 % par rapport au seuil de la RT 2005 –, 2020 devrait voir la généralisation des bâtiments à énergie positive (BEPOS)

« Il n'y aura plus de gaspillage... mais il faut continuer le progrès technique »

Il ne s'agira plus seulement de diminuer la consommation d'énergie des nouvelles constructions, mais également de leur permettre d'en produire. L'idée est séduisante, d'autant plus que la consommation énergétique mondiale devrait augmenter dans les prochaines années, tandis que les ressources principalement utilisées – pétrole – iront en se raréfiant. Au-delà de 2020, ce sont des bâtiments autosuffisants qui émergeront du sol, en même temps que de vastes réseaux communicants entre les quartiers à travers le tissu urbain. Ce faisant, l'éventuel surplus d'énergie créée à un endroit devrait pouvoir venir nourrir une carence autre part. Autosuffisance et solidarité ; le projet, futuriste – chronologiquement parlant – nécessite toutefois certaines adaptations à l'heure actuelle.
Les 8èmes Rencontres de la performance énergétique les 5 et 6 novembre 2014, ont été l'occasion de dresser le bilan des bâtiments dits basse consommation (BBC) – BEPAS, BEPOS – et, surtout, de présenter les avantages du BEPOS. Si la ferveur est partagée à l'égard de cette nouvelle technologie, certaines voix s'élèvent pour tempérer. « Il n'y aura plus de gaspillage, s'enthousiasme Alain Maugard, président de Qualibat – organisation regroupant quelque 33 000 entreprises de construction sur le critère de la qualité. L BEPOS représente une nouvelle ère, poursuit-il, mais il faut continuer le progrès technique. Améliorer l'isolation, l'étanchéité à l'air, la connectivité... »

Transition énergétique et RT 2020 alimentent une réflexion prospective

Malgré cette réserve – qui s'érodera normalement avec les avancées techniques –, le collectif Effinergie, association française qui promeut la construction de BBC depuis 2006, a labellisé 4 maisons individuelles et 1 bâtiment de 23 logements; 12 bâtiments tertiaires sont en cours de certification.
Au sujet du devenir de la technologie BEPOS, Yann Dervyn, directeur d'Effinergie, est plutôt optimiste. Alors que le label BBC est venu certifier plus de 370 000 logements jusqu'à aujourd'hui, il estime que « ce sera sûrement le cas avec le BEPOS » et le label « Effinergie+ ». D'ailleurs, à Rezé, non loin de Nantes, l'association vient de labelliser un ensemble de 32 logements particulièrement innovants, « tout électrique », augmentant leurs performances énergétiques tout en produisant 70 000 kWh/an grâce au photovoltaïque.
Le renouvelable est en effet plus que jamais l'avenir d'une France qui consomme toujours autant, alors que ses ressources vont mécaniquement se tarir – diminution drastique annoncée du pétrole d'ici quelques dizaines d'années, refus d'exploiter les hydrocarbures de schiste. Les énergies vertes sont au centre d'une réforme globale du paysage énergétique en France, qui va de la diminution de la part nucléaire au développement des réseaux électriques intelligents pour une consommation plus économe en énergie. Transition énergétique et RT 2020 -BEPOS-  alimentent par conséquent toutes deux une réflexion prospective et, faut-il l'avouer, excitante, sur la potentielle indépendance énergétique de la France.