Alliance Stellantis-Amazon : nouveau camouflet pour notre souveraineté numérique

Sur le papier, l'alliance est époustouflante : Stellantis + Amazon = voiture connectée totale. Pourtant, nous n'arrivons pas à nous réjouir d'un partenariat qui laisse une nouvelle fois sur le bord de la route les Européens, et les Français en particulier.

En effet, Amazon, leader mondial du cloud et du ecommerce, a une puissance de frappe phénoménale, à l’aune de sa position dominante. Demain, il fournira aux véhicules produits par Stellantis, le logiciel du tableau de bord embarqué, ses services cloud et son système de commande vocale Alexa. Il met ainsi la main sur une mine d’or recelant des filons qui sont autant de promesses de gains futurs : les données produites par 6 millions de clients des 14 marques du groupe, dont Peugeot, Citroën, Opel, Chrysler, Fiat et Maserati. La bourse ne s’y est pas trompée puisque le titre Stellantis a gagné 3,49%. L'action se rapproche de son pic historique.

Cependant, cet accord est aussi une défaite en rase campagne pour la tech européenne. Absente de ce partenariat, elle va perdre le bénéfice de travailler pour le 6ème groupe mondial d’automobiles. Ce qui aurait pu avoir un effet d’entrainement phénoménal dans la course effrénée à la voiture du futur, elle n’en bénéficiera donc pas.

Toute la R&D des algorithmes sera entre les mains d’Amazon

La dépendance européenne aux GAFAM ne fera que s’accroitre. Sans oublier le dommage collatéral que l’assistant vocal Alexa placé dans chaque auto sera le meilleur agent pour épier les habitus des consommateurs. Car ne nous leurrons pas, le géant de Seattle exploitera toutes les données que lui fournira ce mouchard et ce, au dépend d’utilisateurs crédules.

Ainsi, l’année commence mal pour la tech européenne. L’an dernier, c’est Renault qui s’était associé à Google Cloud. Aujourd’hui, en passant armes et bagages aux Etats-Unis, Stellantis, à son tour, va manquer aux Européens, eux qui ont inventé l’automobile.

Car c’est aux Etats-Unis que se livre désormais la lutte finale pour la voiture du futur : après Tesla qui fait la course en tête, en s’alliant à Amazon, Stellantis a fait le choix d’abdiquer un peu plus notre souveraineté numérique.

Reste aux acteurs de la tech européenne à ne pas baisser la garde et à continuer à se battre collectivement contre les monopoles des GAFAM au nom de la libre concurrence et du respect des données des usagers.