Pour résorber les inégalités femmes-hommes, misons sur l'engagement et la force de nos écosystèmes

Nous ne pouvons plus tout attendre de l'Etat. Dans ce contexte, les entreprises et les associations doivent constituer des écosystèmes pour favoriser l'accès à l'emploi des femmes.

Nous sommes déjà trop habitués à vivre dans une société de ruptures. Les inégalités de genre, de revenus, d'accès à la formation, à l'emploi, à la culture ou aux démarches administratives continuent de se creuser. Près de 70 % des 18-24 ans craignent ainsi de devenir des exclus de la société. La fracture numérique s'ajoute aux fragilités sociales et économiques qui traversent notre société : l'illectronisme touche près d'un Français sur cinq, alors que les usages et l'accès au numérique ne cessent de se développer. Nous sommes déjà dans une société à deux vitesses.

Trop de Français se sentent hors du système. Or, nous sommes des acteurs du système. Nous ne pouvons pas continuer à tout attendre de l'Etat, à attendre que d'autres trouvent des solutions face aux grands défis de notre société. Nous sommes tout un écosystème d'entreprises, d'associations, d'organismes de formation, qui œuvre pour démocratiser l'accès à l'emploi. Parce que nous partageons les mêmes valeurs d'égalité, d'inclusion et de confiance, nous avons une responsabilité. Celle de mener des actions concrètes pour des résultats tangibles. Les fractures sociales, territoriales et technologiques ne sont pas une fatalité.

Parmi les grands constats de fractures sociales, la faible proportion de femmes parmi les salariés du secteur de la tech est préoccupante : à peine 22 % au sein de l'Union Européenne. Pendant que le numérique devient notre interface au monde, ces interactions se construisent aujourd'hui à partir de représentations essentiellement masculines, qu'il s'agisse du code pour développer de nouveaux logiciels, mais aussi du design, des services associés. Notre réalité se déforme progressivement sous l'effet d'algorithmes qui sont biaisés de manière inconsciente, parce qu'ils sont majoritairement produits par des hommes de cultures et d'origines homogènes. Triste pendant, les femmes sont surreprésentées parmi les personnes sans emploi, vivant sous le seuil de pauvreté – 36% des mères de familles monoparentales vivaient sous le seuil de pauvreté en 2019 – ou ayant des emplois à temps partiel subis – près d'un million de femmes occupent un temps partiel subi, soit environ 2,5 fois plus que les hommes. Or, trouver un emploi, c'est reprendre confiance dans sa capacité à apprendre, à faire vivre sa famille, et à décider pour soi.

Nous sommes un écosystème de près de 70 acteurs du secteur de la tech, écoles, organismes de formation, associations, fournisseurs, intégrateurs ou clients, et nous nous mobilisons à travers l'initiative "1000 Femmes dans la tech". Notre objectif commun est de permettre à 1000 femmes de trouver un emploi dans la tech sur tout le territoire français, d'ici 2024. Les technologies se déploient, les modèles économiques se transforment, et partout, il nous manque des talents pour soutenir ces transformations. Pourquoi continuer à se priver des femmes dans le secteur de la tech, alors même que nous faisons face à une pénurie de talents ? Plus que jamais, nos entreprises doivent s'engager pour l'égalité des chances.  

Nous n'avons plus le luxe d'attendre. Il faudrait 132 ans pour réduire l'écart entre femmes et hommes tant sur le plan économique, sociétal ou en termes de formation, si rien n'était fait. Nous n'avons plus le luxe du chacun pour soi. Pour répondre efficacement à cet enjeu, la seule échelle d'action pertinente est celle de l'écosystème. Il nous faut élargir les viviers et attirer des femmes éloignées de l'emploi. Concurrents ou non, ensemble, nous pouvons innover et mutualiser nos forces pour identifier, former et accompagner les femmes durablement dans la tech. Nous n'avons pas toutes les réponses, nous n'avons pas de baguette magique. Pourtant, nous nous sommes engagés à former massivement ces femmes, avec la mise en place de parcours individualisés. En présentiel, en distanciel, ou les deux. Nous voulons déployer cette capacité partout sur le territoire.

Nous avons déjà essayé de tout attendre de l'Etat, nous avons déjà essayé d'agir de manière isolée. La tension sur les talents et les bulles de rémunération n'ont pas régressé, bien au contraire. Misons sur l'engagement et la force de nos écosystèmes, sur le partage de données, sur le mentorat. Constituons de nouveaux viviers en pariant sur la diversité et l'énergie de celles et ceux qui veulent trouver leur place. Il est temps de prendre nos destins en main et de co-construire les conditions de l'emploi des plus vulnérables.