Transitionner pour un impact durable : le pouvoir d'une communauté vivante
Pour réussir la transition écologique et sociale, il faut créer une communauté vivante au sein de l'entreprise. Inspirée de la Théorie U, cette approche repose sur l'écoute, la co-création et l'action
Dans un monde bouleversé par l’urgence écologique et les attentes sociétales, la plupart des entreprises ont enclenché une démarche RSE. Mais soyons lucides : malgré les labels, les rapports et les plans d’action, peu parviennent à transformer réellement leur modèle. D’après McKinsey (2022), seulement 30 % des projets RSE ou ESG produisent des résultats durables.
Et 61 % des salariés interrogés par Deloitte (2023) estiment que la stratégie RSE de leur entreprise manque d’incarnation au quotidien.
Le problème ? Ce sont souvent des démarches trop descendantes, trop techniques, pensées en silo.
Or, la transformation écologique et sociale ne se décrète pas, elle se vit avec un changement de posture radical mais réaliste : créer une communauté d’impact et de transition au sein de l’entreprise, pensée comme un cadre vivant de transformation collective. Pas un comité de plus. Pas un groupe de travail temporaire. Mais un lieu incarné, ouvert, transversal, où l’on écoute, où l’on apprend, où l’on agit.
La Théorie U, un processus vivant
C’est précisément ce que propose la Théorie U, développée par Otto Scharmer au MIT. Elle ne fournit pas un plan tout fait, mais un processus vivant pour accompagner le changement :
- descendre dans l’écoute du terrain,
- se connecter à un futur souhaitable,
- remonter avec des actions concrètes co-créées et testées.
C’est une méthode de transformation par le sens, le collectif et l’action. Pour illustrer cette dynamique, je vous propose de prendre l’exemple de l’essaim d’abeilles. Quand une ruche devient trop pleine, il n’y a pas de chef qui décide du départ ni de la destination. Au contraire, chaque abeille transmet de l’information, capte des signaux faibles, partage ses observations via une danse.
Et, collectivement, l’essaim décide, s’oriente, migre.
Créer une communauté vivante
C’est un système intelligent, fluide, réactif, capable de grandes décisions sans hiérarchie rigide, mais avec un cap partagé. C’est exactement ce que permet une communauté vivante de transition en entreprise : un collectif qui sent, qui pense, qui agit, dans un mouvement aligné, parce que chacun y contribue.
L’entreprise de textile durable Eileen Fisher Inc. a concrètement mis en place ce type de dynamique.
En impliquant salariés, fournisseurs et partenaires dans un processus inspiré de la Théorie U, elle a transformé son modèle :
- passage à l’économie circulaire,
- nouveaux modes de gouvernance partagée,
- engagement environnemental ancré dans les pratiques métiers.
Ce ne sont pas les décisions d’un COMEX qui ont tout changé. Ce sont des communautés internes, organisées comme des essaims, qui ont incarné le changement. Créer une telle communauté pour votre entreprise, c’est :
- rendre la transition concrète, continue, évolutive,
- déverrouiller l’innovation sur le terrain,
- mobiliser les talents autour de ce qui fait sens,
- renforcer la résilience stratégique par l’alignement collectif.
L’entreprise de demain sera-t-elle celle qui prévoit tout ? Ou celle qui écoute, s’adapte, évolue avec son écosystème. Créer une communauté d’impact, c’est accepter de laisser émerger un autre futur, porté par la force du collectif, dans une logique vivante et distribuée, comme un essaim.