Managers : votre rôle n'est plus d'enseigner, mais de rendre curieux

Le savoir ne s'enseigne plus, il se cherche : à l'ère du self-learning, le rôle du manager se réinvente.

Pendant longtemps, être un bon manager, c’était transmettre son savoir, former ses équipes, et structurer leur montée en compétences avec des formations descendantes et rigides. Aujourd'hui, le savoir ne s’enseigne plus ; il se cherche. Et la mission du manager n’est plus d’apporter des réponses, mais de provoquer des questions.

L’apprentissage traditionnel ne suit plus le rythme du monde

Nous avons, pour beaucoup, grandi avec l’idée que l’apprentissage suit un parcours linéaire : on acquiert des connaissances, on les applique, et on s’en sert toute sa carrière. Las ! Depuis quelques années, le cycle de vie des compétences s’est raccourci à une vitesse vertigineuse : dans la tech par exemple, une compétence peut devenir obsolète en moins de 18 mois. Les entreprises investissent des millions dans des programmes de formation, décidant pour eux de ce que leurs employés doivent apprendre, et quand. Ce qui contribue à maintenir une culture de la passivité. Mais l’apprentissage peut (et doit) être continu, personnalisé, et surtout… autodirigé.

De la formation au self-learning : un changement de posture

Alors, que faire ? Apprendre en dehors du travail ? C’est dépassé. Les entreprises les plus agiles font de l’apprentissage une partie intégrante du quotidien. Il ne s’agit plus d’interrompre le travail pour se former, mais de tisser la formation dans l’action, en temps réel.

C’est là que l’intelligence artificielle devient un outil particulièrement pertinent : fini les parcours figés et les modules planifiés longtemps à l’avance. Les collaborateurs peuvent désormais accéder à la bonne information, au bon moment. Celle qui les aide à avancer concrètement.

Mais aucun outil, aussi puissant soit-il, ne crée un esprit apprenant à lui seul. Le self-learning repose d’abord sur une culture : une culture qui encourage la curiosité, valorise la soif de savoir et fait de l’apprentissage un réflexe naturel. Et cela, c’est aux managers de l’incarner, au quotidien.

Le manager devient un facilitateur d’apprentissage

Le rôle du manager n’est plus de transmettre un savoir, mais de créer les conditions pour que l’apprentissage se fasse en continu. Apporter des solutions toutes faites n’a aucun impact : il faut aiguiser l’envie de comprendre, d’expérimenter, d’innover - quitte à se tromper, et à recommencer. Un environnement où l’on apprend librement est un environnement où l’on ose plus, où l’on avance plus vite.

Les meilleurs talents n’attendent pas qu’on leur dise quoi apprendre ; ils veulent simplement un environnement qui leur permette de progresser par eux-mêmes, en fonction de leurs propres besoins et ambitions. Les frontières entre compétences techniques et soft skills s’effacent. Savoir apprendre devient plus important que ce que l’on sait déjà. 

Vers des organisations autodidactes

Encourager une culture du self-learning, c’est créer des collaborateurs plus autonomes, plus engagés et surtout plus motivés. Les jeunes générations ne veulent plus être enfermées dans des schémas rigides ; elles veulent évoluer, s’adapter, apprendre en continu. Tandis que la mobilité explose et l’attachement émotionnel à l’entreprise diminue, ce sont ces dynamiques d’apprentissage qui feront la différence. Les talents ne restent pas là où on les encadre, ils restent là où ils progressent.

Est-ce compliqué à mettre en place ? Non. C’est une vision. Et ce n’est pas une question d’outils, mais d’état d’esprit. Une organisation autodidacte ne repose pas sur un catalogue de formations, mais sur une culture qui valorise l’apprentissage autonome, la curiosité et l’expérimentation. 

L’accumulation de savoirs figés n’a plus de sens ; il faut être capable d’apprendre en permanence. Si l’expertise d’hier ne garantit plus la performance de demain, la curiosité, elle, ouvre toutes les portes. Réussir à faire de l’apprentissage un réflexe quotidien aussi fluide qu’une conversation et aussi stimulant qu’un jeu : voilà la clé. Car innover, c’est avant tout savoir se réinventer. Et la seule compétence qui ne deviendra jamais obsolète, c’est celle d’apprendre.