Facturation électronique : à moins d'un an de la mise en place de la réforme, où en sont les entreprises françaises ?
À dix mois de la réforme, la plupart des entreprises ne sont pas prêtes, alors que la facturation électronique impose d'automatiser les flux et de repenser la gestion documentaire.
Dans moins de dix mois, toutes les entreprises françaises devront être prêtes à recevoir leurs factures électroniques via une plateforme agréée par l’État. Présentée comme un outil de simplification et de lutte contre la fraude à la TVA, cette réforme modifie en profondeur les pratiques de gestion, de comptabilité et d’administration.
Une réforme salutaire, mais un chantier encore inégalement engagé
Avec cette réforme, l’État cherche à rendre les échanges plus transparents, à simplifier les démarches administratives et à mieux contrôler la fraude à la TVA, qui représente entre 20 et 25 milliards d’euros chaque année. Ce dispositif doit aussi permettre un suivi en temps réel de l’activité économique et préparer le préremplissage automatisé des déclarations de TVA, une évolution attendue depuis longtemps.
Mais sur le terrain, 61% des entreprises ne se considèrent pas opérationnelles ou proactives dans leur transition vers la facturation électronique (Baromètre de la facturation électronique – 6ème édition - Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables). Les entreprises en sont encore à repousser les étapes clés d’identification des flux, de choix vis-à-vis d’une solution, d’adaptation les outils les entreprises repoussent ces étapes. Le risque est pourtant bien là : attendre la contrainte plutôt que de profiter de la réforme pour revoir l’organisation et moderniser la chaîne administrative.
Trois circuits, un même enjeu : fiabiliser et automatiser les échanges
La réforme repose sur trois circuits distincts et complémentaires.
- L’émission : chaque entreprise devra produire et transmettre ses factures électroniques via une plateforme agréée ou une solution compatible.
- La réception : toutes devront être capables de recevoir, traiter et archiver les factures électroniques dans un environnement sécurisé.
- L’e-reporting : les données des opérations non couvertes par la facturation électronique, comme les ventes à des particuliers ou à l’international, seront transmises automatiquement à l’administration fiscale.
L’interconnexion de ces trois circuits s’appuie sur les plateformes agréées (PA), certifiées par l’État, et les solutions compatibles (SC), qui servent d’intermédiaires et d’agrégateurs de données. Ensemble, elles garantissent la conformité des factures, la sécurité des échanges et la fluidité des transmissions entre entreprises, clients et administration fiscale.
Pour les organisations, l’enjeu ne consiste donc plus seulement à se mettre en conformité vis-à-vis de la réforme, mais d’assurer la continuité entre ces trois circuits, sans perte d’information ni double saisie. La réussite du dispositif dépendra de la capacité des entreprises à automatiser et centraliser la gestion de leurs flux.
La GED, point de convergence de la réforme
La réforme fixe les règles, sans en préciser la méthode. C’est là que la gestion électronique des documents (GED) prend tout son sens. En reliant les trois circuits (émission, réception et e-reporting) elle assure la continuité des échanges, la cohérence des données et la maîtrise du processus de facturation dans son ensemble.
Surtout, la GED ne se limite pas à la facture. Elle permet de piloter tout le cycle de traitement, de la réception à l’archivage, en passant par le rapprochement avec le bon de livraison, ou l’ajout de pièces annexes par exemple. Chaque entreprise peut adapter les statuts et les circuits de validation à son propre fonctionnement. Avec sa passerelle comptable intégrée, la GED automatise l’imputation, facilite les relances et réduit les risques d’erreur liés aux saisies manuelles.
Autre avantage : la centralisation. Toutes les factures, y compris celles qui ne relèvent pas du périmètre de la réforme, sont regroupées dans un espace unique, offrant une vision complète et un suivi homogène des engagements financiers. En allant au-delà de la simple facture, la GED permet d’intégrer d’autres documents essentiels (contrats, bons de commande, pièces RH) et d’achever la dématérialisation des processus internes. Outil de cohérence et de fiabilité, elle unifie les pratiques, simplifie le pilotage et renforce la réactivité des entreprises face à la réforme.
La réforme de la facturation électronique constitue une étape importante vers la modernisation des échanges économiques. Mais son efficacité dépendra de la manière dont les entreprises s’en empareront. Celles qui s’y préparent dès maintenant pourront rationaliser leurs processus et mieux maîtriser leurs flux documentaires. Celles qui attendront s’exposent à des amendes pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros. À dix mois de l’échéance, la réussite de cette réforme ne repose plus sur la technologie, mais sur la capacité des entreprises à transformer leurs pratiques.