Je viens d’être nommé manager d’une équipe. Les difficultés commencent...
Il n’est pas rare d’être promu à la tête d’une équipe lorsque l’on est le meilleur expert métier: le meilleur vendeur devient directeur commercial, le meilleur trader devient patron de la salle de marché. Notamment dans les organisations où l’expertise est survalorisée (finance, informatique, immobilier...).
La
plupart du temps, c’est à partir de ce moment-là qu’un certain nombre de
difficultés surgissent.
En effet, puisque la personne est compétente dans son
métier, elle a parfois des difficultés à concevoir que les autres ne
travaillent pas avec la même application qu’elle ou ne montrent pas le même
engagement dans leur travail. Le manager peut alors devenir désemparé,
directif, s’adresser de manière abrupte ou agacée à ses collaborateurs parce
que le travail demandé lui semblera évident. Ces réactions montrent que le
manager n’a pas franchi le cap entre « savoir-faire » et
« savoir-faire faire ».
Pourtant,
il est courant de rencontrer ce type de difficultés, car manager une équipe est
bien différent d’être expert dans son domaine de compétences. C’est seulement
après avoir fait de longues études
supérieures, effectué des stages et exercé plusieurs années son métier, que
l’on devient un bon expert. Au contraire, on est promu manager du jour au
lendemain, avec de fortes attentes d’efficacité immédiate, alors que dans le
meilleur des cas, on a bénéficié de quelques jours de formation au management.
Un
manager doit porter l’essentiel de ses efforts sur les processus régissant son
équipe, sur la dimension humaine, les relations interpersonnelles et les phénomènes
propres aux groupes. Il doit abandonner la logique rationnelle de cause à effet
impropre à l’appréhension de la dimension complexe d’une équipe et favoriser la
logique systémique.
Les
managers pensent souvent qu’ils sont nommés parce qu’ils sont les meilleurs
dans leur métier. C’est vrai, mais c’est paradoxalement secondaire. Le meilleur
référent métier au sein d’une organisation n’est pas forcément le plus apte à
manager. Face à la complexité d’une équipe, le manager devra parvenir à
lâcher-prise pour espérer conserver un minimum de contrôle. Et lorsque l’on
s’est développé avec succès grâce à une maîtrise croissante de son métier et de
son environnement, ce n’est pas gagné d’avance…