Combler le déficit d'innovation au sein des entreprises françaises

L'innovation ne se limite pas à la simple utilisation de nouveaux outils. Elle consiste également à créer un environnement dans lequel la créativité et l'efficacité peuvent se développer.

Depuis toujours, la France est réputée pour ses innovations industrielles, qu'il s'agisse des conceptions automobiles pionnières de Renault et Citroën ou des avancées révolutionnaires d'Airbus dans le domaine de l'aérospatiale. Avec un solide écosystème de startups, d’importants investissements dans la recherche et le développement, et une forte appétence pour l'intelligence artificielle, la France est aujourd’hui perçue à la pointe du progrès technologique et de l'innovation. Malgré cette perception positive qu'ont les travailleurs français des capacités d'innovation de leur pays, une de nos dernières études « L’innovation dans le monde du travail » révèle que seul un salarié sur trois (34 %) considère que son entreprise est très innovante. Par ailleurs, uniquement 53 % pensent que leur organisation est réceptive aux idées novatrices. 

Pour combler ce déficit d'innovation et s'attaquer à ce paradoxe français, il est essentiel pour les dirigeants de clarifier les critères qui définissent l'innovation avant d’adresser les problèmes qui peuvent nuire au développement d’une culture d’entreprise tournée vers l’innovation. 

L'innovation ne se limite pas aux nouveaux outils

L’innovation est plus souvent associée à l’adoption de nouvelles technologies qu’à la mise en place de nouveaux processus ou de nouvelles pratiques au travail. Si l’adoption de ces outils est essentielle, elle n’est pas suffisante pour donner un véritable avantage concurrentiel aux entreprises. Pour exploiter pleinement le potentiel des technologies émergentes, les organisations doivent également transformer leurs processus et leurs méthodes de collaboration. En effet, une grande partie des pratiques actuelles sont obsolètes face aux attentes d'une main-d'œuvre hyperconnectée. D’ailleurs, 95 % des collaborateurs français relèvent un manque d’innovation dans les modes de travail, de collaboration ainsi que dans l'adoption des nouvelles technologies, telles que l'IA. 

Répondre à la disparité de l'adoption de l'IA

Selon un rapport de Capgemini, environ 40 % des grandes entreprises françaises auraient mis en œuvre des solutions d'intelligence artificielle dans diverses fonctions, telles que le service à la clientèle, la logistique et la production. Bien que l’IA offre de nombreuses opportunités d'amélioration des flux de travail et de l'efficacité opérationnelle, son adoption est particulièrement inégale au sein des organisations françaises. Alors que 75 % des dirigeants utilisent l'IA chaque semaine, cette pratique ne concerne que 24 % des collaborateurs. Tandis que les responsables s'intéressent aux informations et aux prises de décision basées sur l'intelligence artificielle, la majorité des employés ont encore recours à des outils et des processus classiques. Il est aussi préoccupant de constater que près de la moitié des d’entre eux (48 %) ne possèdent pas les ressources requises pour acquérir une utilisation efficace de l'IA générative. Cet écart considérable dans les connaissances en matière d'IA représente un frein majeur à l'innovation. 

Limiter le nombre de réunions superflues pour booster la capacité d'innovation

Pour innover, les collaborateurs doivent être en mesure d’explorer et de mettre en œuvre de nouvelles idées. Mais avec jusqu’à 13 heures perdues par semaine dans des réunions improductives, il ne reste que peu de temps aux cadres français pour faire preuve de créativité

Une autre pratique émergente est aussi à l’origine de perte de temps et d'épuisement professionnel. Connue sous le nom de « théâtre de la productivité », elle désigne le fait de donner l'impression d'être occupé au lieu de se concentrer sur des tâches vraiment utiles. Un problème qui toucherait près de 60 % des cadres en France !  

Pour lutter contre ces phénomènes, il est essentiel pour les entreprises d'investir dans des technologies qui encouragent la centralisation du travail et la transparence quant à la réelle progression des tâches. Grâce à ces outils, les équipes auront la possibilité de se focaliser sur les activités qui créent une véritable valeur ajoutée, sans avoir recours aux réunions et aux e-mails superflus. 

La fatigue numérique, l’ennemi de la créativité

Les salariés français passeraient près de 2,5 heures par jour à rechercher les informations nécessaires à la réalisation de leur travail et à basculer d'un outil de collaboration à l'autre. Les constantes manipulations simultanées de diverses technologies entravent la pensée créative et l'expérimentation. En effet, 84 % des professionnels français déclarent ressentir un certain degré de fatigue numérique, et 78 % d’entre eux affirment avoir eu besoin d’une “désintoxication numérique” au cours des six derniers mois. Malgré cela, seuls 22 % des dirigeants estiment prendre des mesures suffisantes pour résoudre ce problème. Il existe pourtant différentes stratégies clés pour y arriver :

  • Simplifier les outils de collaboration : Procéder à des audits réguliers pour éliminer les redondances, assurer l'intégration des systèmes et garantir que chaque outil ait un rôle clair et essentiel 
  • Favoriser l’alphabétisation numérique : Accompagner les salariés dans le développement des compétences nécessaires à l'utilisation efficace des outils numériques, de façon à réduire le temps perdu à rechercher des informations et à passer d’une plateforme à l’autre. 
  • Encourager les vraies pauses : Prôner le respect et l'application de l’équilibre  vie professionnelle / vie privée en encourageant le droit à la déconnexion. Pour ce faire, il est important d’autoriser et même d’encourager les collaborateurs à ignorer les communications (e-mails, SMS et appels) en dehors de leurs horaires de travail. 

L'innovation ne se limite pas à la simple utilisation de nouveaux outils. Elle consiste également à créer un environnement dans lequel la créativité et l'efficacité peuvent se développer. Cela implique notamment de remédier à la disparité dans l'adoption de l'IA, et aux nombres de réunions superflues, ainsi qu’à la fatigue numérique. Ce n’est qu’en adressant ces problématiques que les entreprises françaises pourront mieux faire face aux complexités du paysage économique actuel.