Carrières dans la tech et l'IT : vers une "freelancisation" des postes en CDI ?

La démocratisation spectaculaire du télétravail et la guerre des talents qui fait rage dans le secteur des technologies poussent les entreprises à proposer des conditions de travail toujours plus flexibles à leurs employés.

Télétravail et flexibilité horaire comme nouvelles normes

Bien avant la pandémie mondiale, le travail en remote et la flexibilité horaire étaient évoqués comme de grandes tendances destinées à structurer le monde du travail de demain. Mais la pandémie de Covid-19 a accéléré de manière stupéfiante l’adoption de ces modes de travail. Pour une grande majorité d’employés en CDI, tous secteurs confondus : finies les traditionnelles journées de travail au bureau, de 9h à 18h, avec pause à la machine à café…

Et ce n’est visiblement pas pour leur déplaire : selon une étude menée par Malakoff Humanis en juin 2020, 84% des salariés souhaitaient demander le télétravail après le confinement.

Côté entreprises, la flexibilisation du travail semble aussi convaincre. D’après une étude réalisée par Capgemini en décembre dernier, la productivité des salariés aurait progressé de 63% au 3ème trimestre 2020. Mieux encore : 70% des entreprises seraient convaincues que les gains de productivité engendrés par le télétravail pourraient être pérennisés une fois la pandémie terminée.

De quoi penser que les employés de demain, tous métiers confondus, verraient leur quotidien de travailleurs marqué par un cadre toujours plus souple, à l’instar du freelancing.

Guerre des talents dans l’IT et "freelancisation" des offres d’emploi

Dans le monde de la tech & l’IT, un autre phénomène vient renforcer cette tendance à la flexibilisation. Ce phénomène, c’est la pénurie des talents.

Les entreprises peinent à recruter des profils techniques, et se livrent une bataille féroce pour attirer les meilleurs profils. Conséquence : elles sont parfois prêtes à se plier en quatre pour répondre aux exigences des professionnels les plus demandés. Et proposent des conditions toujours plus flexibles aux candidats.

Pour recruter les meilleurs développeurs en CDI, par exemple, certaines entreprises sont prêtes à leur offrir du full remote et une totale flexibilité horaire. De quoi réussir à attirer des profils qui étaient jusqu’alors de fervents adeptes du freelancing.

"Freelancisation" ou simple flexibilisation ?

Alors oui, dans le monde de la tech & l’IT, la tendance est incontestablement à la flexibilisation des conditions de travail. Mais parler de "freelancisation" reviendrait à réduire le statut de freelance au travail en remote et aux horaires flexibles.

Travailler en indépendant, c’est avoir un état d’esprit entrepreneurial, c’est porter plusieurs casquettes dont celle de comptable et celle de commercial, c’est alterner périodes de mission et périodes d’inactivité…  bref, une réalité bien différente à celle d’un poste en CDI même avec des conditions très flexibles !

Notons d’ailleurs que le phénomène inverse se produit aussi : le travail en freelance prend parfois sérieusement des airs de CDI. C’est notamment le cas des missions de très longue durée et en régie, par exemple sur des projets SAP de grande ampleur sur plusieurs années.

Tech et IT : le CDI classique n’a pas dit son dernier mot

En outre, parler d’une flexibilisation généralisée des emplois dans les mondes de la technologie et de l’informatique serait erroné : le panorama est en réalité plus nuancé.

Tous les métiers ne se prêtent pas au télétravail, et la flexibilisation génère de nombreux points de friction au sein des organisations. La cohésion des équipes est fragilisée par la distance. Les méthodes de management peinent à s’adapter.

La plupart des départements IT ne sont pas prêts à pérenniser la flexibilisation des conditions de travail sur tous les postes, et encore moins à laisser tomber le modèle traditionnel du travail en présentiel et à horaires fixes.

Côtés salariés, même constat : le son de cloche est plus nuancé qu’il peut paraître. Télétravailler oui, mais pas trop. Selon un sondage mené par l'Apec mi-décembre, si la grande majorité des cadres du privé veut désormais télétravailler, près d'une moitié souhaite y recourir seulement "deux à trois jours par semaine". D’ailleurs tous les employés n’apprécient pas le télétravail et certains ne rêvent même que d’une chose : pouvoir retourner au bureau !

Finalement, la "freelancisation" des emplois dans la tech est assurément relative : l’emploi salarié tel qu’on le connaît a encore de beaux jours devant lui et le CDI "traditionnel" n’est pas prêt de disparaître. Mais il est évident que les mondes du salariat classique et du freelancing ont de plus en plus tendance à se rapprocher. Les entreprises tout autant que les travailleurs souhaitent plus que jamais prendre le meilleur des deux mondes.

Dans la tech & l’IT, plus que dans tout autre secteur, on jongle désormais entre les deux statuts. Les silos entre freelance et CDI tombent progressivement, pour offrir une flexibilité et des possibilités toujours plus larges, aussi bien aux professionnels qu’aux organisations.