Le coaching n’est certainement pas une pratique industrielle « low cost » !
Le livre de Jean Pierre Bouchez (Manager les travailleurs du savoir, Ed. Liaisons) où il note une tendance croissante à la standardisation des prestations de conseil, au risque d’appauvrir le service à rendre au client, m’a invité à me poser la question dans ma pratique de coach.
Quels sont les leviers qui peuvent toujours garantir au client une démarche humaine, efficace et personnalisée ?
Les clients tendent à acheter « du travail intellectuel »
formaté, « c’est moins cher », disent les
Services Achat.
La lecture du livre de Jean Pierre Bouchez (Manager les travailleurs du savoir, Ed. Liaisons) où il note une tendance croissante à la standardisation des prestations des cabinets de conseil, au risque d’appauvrir le service à rendre au client, m’a invité à me poser la question dans ma pratique de coach. Quels sont les leviers qui peuvent toujours garantir au client une démarche humaine, efficace et personnalisée ?
Le coaching peut il échapper à ce « prêt à porter » ?
Le coaching se niche au sein des
métiers du Conseil ou plutôt à ses marges. Sa pratique semble échapper en
apparence à toute standardisation. Or, un article récent de Jean-Louis Sentin, membre titulaire de la Société Française de Coaching, souligne le risque de
réduction de la pratique du coaching, inhérente aux modèles sous-jacents qui
peuvent être mobilisés de façon quasi automatique par les coachs lors de leurs
prestations.
Pour le psychanalyste et le
psychologue, le risque serait de considérer le coaching comme une extension de
la psychothérapie, laissant de côté la résolution des problèmes concrets et de
situations particulières professionnelles. Pour le prisme de l’Analyse Transactionnelle,
la seule bonne volonté à gérer le stress, les conflits, les relations pourrait
conduire à l’illusion du contrôle de soi, en faisant l’impasse sur l’inconscient
et ce qu’il détermine de nos comportements. Les adeptes de la systémique risquent,
à trop considérer que tous les éléments du système ont la même valeur, d’accepter
l’idée d’une certaine irresponsabilité du coaché dans sa problématique.
Qui est vraiment l’arbitre du
coach lui permettant de créer ses propres zones d’inconfort et d’inconnues
favorables à son propre apprentissage ? Tout coach n’est-il pas aussi dans
une logique d’émergence par les actions qu’il conduit, plutôt que d’application
et de reproduction de modèles et outils déjà existants ?
Le dialogue entre déontologie et éthique garantit l’originalité et
l’humanisme de la pratique du coaching.
Bon nombre d’enquêtes soulignent
le manque de confiance et l’écart croissant des intérêts entre les salariés et
leurs employeurs et dirigeants. Le recours au coaching peut contribuer à rétablir
confiance et efficacité. Le dialogue déontologie-éthique y a toute sa place.
Jean-Philippe
Toutut
(Organisation, Management et Ethique,
Ed. L’Harmattan) définit la déontologie comme un code de conduite professionnel
qui définit les rapports des gens dans le cadre de chaque secteur d’activité
sans force de droit. L’éthique est une réflexion critique sur la moralité des
actions conduites (ce qui est bien ou mal en référence aux normes d’un groupe
social). Elle est surtout une interprétation de la morale et donc un code de
conduite personnel, subjectif et identitaire, faisant appel à la conscience de
notre conscience. Chacun a sa propre éthique, elle s’exprime au cas par cas.
Dans la pratique, l’éthique met le
coach en dialogue avec le code de déontologie auquel il se réfère : « Dois-je
refuser une mission ? Qu’en est-il de ma supervision ? »... Les
coachés, souvent conscients de leurs problématiques, surprennent par les bilans
qu’ils font du temps passé ensemble avec leur coach. Ils citent le travail
intime qui s’est opéré en eux, les « déclics » qui leurs ont ouvert
des portes, de leur propre surprise à dire qu’ils étaient à la fois « cadrés »
et dans un univers de liberté, de confiance, humain, favorisant l’émergence de
nouvelles solutions et décisions.
En séance, l’éthique lorsqu’elle
se manifeste, fait partie d’un monde invisible au coaché permettant d’en
infléchir le cours, de renforcer l’alliance relationnelle propice au processus de
transformation, du « faire autrement », sous l’œil bienveillant du
contrat de coaching.
Dans ce cas, le coaching conservera son humanité et son
efficacité par rapport aux autres pratiques ou services professionnels
intellectuels marchands soumis au risque de standardisation.