Pourquoi et comment faire émerger l'entreprise durable ?
Quel est le lien entre la responsabilité sociétale, l’entreprise & le développement durable ? Le nerf de la guerre c'est le développement de l’entreprise: comprenez dans la durée et en respectant les principes de la responsabilité sociétale.
Pour entreprendre collectivement et durablement aux deux sens du terme : dans la durée et en respectant les principes du développement durable (responsabilité sociétale), l'entreprise doit s'appuyer sur un système de management. Avec, en plus, une difficulté de taille : la nécessité de n’oublier aucun des enjeux, impacts ou risques significatifs, ni aucune des parties prenantes intéressées.
Pourquoi et comment faire émerger une telle entreprise durable apte à faire face aux défis du XXIe siècle dont la dernière décennie ne nous a révélé qu'un très faible aperçu ?
L'entreprise durable, pourquoi ?
Dans
un monde qui bouge, l’adaptation au changement devient une
nécessité. Le vieillissement de la population entraîne une
augmentation des charges. La mondialisation accroît la compétition.
Le libéralisme modifie les équilibres collectifs et pousse à
l’individualisme. La multiplication des charges et autres impôts
incitent à la fraude, les aides contribuant, quant à elle, à
l’assistanat. Les crises, même si elles servent de régulateur à
un mauvais capitalisme outrancier, privatisent les profits et
globalisent les dettes. Le maintien d’un niveau acceptable de
pouvoir d’achat des actifs comme des non-actifs impose une
productivité plus forte.
Comment
réformer sans prendre le temps de donner du sens, sans prendre le
risque de la rupture, sans susciter l’action collective, sans
utiliser tous les leviers de l’action sociétale, c’est-à-dire à
la fois économique, sociale et environnementale ? Nous devons
oser le changement et conduire les transformations vers un
développement plus durable de notre économie et une responsabilité
plus sociétale de nos entreprises.
Comment
espérer changer quoi que ce soit si nous n’avons pas le courage de
bousculer les stéréotypes ?
Regardons
la vraie vie ! Fini les beaux principes surannés, la démagogie,
les discours de façade, la croyance d’un lendemain qui chante, le
regard trop souvent tourné vers les autres, la peur de l’échec,
la critique destructive, le rejet du changement, la défense des
droits acquis, la honte de l’entreprise, le nombrilisme, la
communication démagogue, le marketing du mensonge, une France en
perte de confiance des systèmes sociaux (assurance-maladie,
retraite...) et en déficit chronique, des syndicats de salariés à
la représentativité fondante, un dialogue social anémié, des
entreprises obnubilées par la rentabilité financière
court-termiste…
Nous
devons redonner au travail ses lettres de noblesse.
Nous
devons nous remobiliser, collectivement et durablement !
L'entreprise durable, comment ?
Comment
s'y prendre pour faire émerger une entreprise collective et durable
?
En
suivant un processus en quelques étapes. Ces étapes ressemblent à
s'y méprendre à celles d'un système de management d'entreprise.
Sans vraiment faire apparaître, il est vrai, les questions centrales et les
domaines d'action de la responsabilité sociétale.
Et
c'est normal car qu’est ce qu’une entreprise ? Une
organisation ancrée sur un territoire, respectant des pratiques
loyales… (principes de la responsabilité sociétale) ou bien une
structure économique et sociale, rentable, produisant des biens ou
des services pour un marché ? Les deux, certes, mais une
structure économique, rentable et sociale avant tout (car sinon ce
n'est pas une entreprise mais une organisation caritative).
Car la responsabilité sociétale de l’entreprise n’est rien en
tant que tel et n’a de sens que parce qu’une entreprise existe.
Il est donc normal que les étapes soient celles du management de
l'entreprise. Quant aux principes de la responsabilité sociétale,
ils sont injectés dès les premières étapes, avec la prise en
compte des enjeux, impacts, exigences, parties prenantes et risques.
Voici
donc une présentation succincte de ces différentes étapes :
* étape 1 : La valorisation de l’existant
- L’analyse de l’existant, pour ne pas réinventer la roue
- La définition du cadre, pour ne pas se laisser déborder
- La matérialisation de l’existant, pour en tirer le meilleur
profit
- La structuration de l’existant, pour construire sur la durée
* étape 2 : Le leadership, la gouvernance et la stratégie
- La stratégie et le positionnement, pour comprendre le but
- L’analyse de risques, des impacts et des enjeux, pour ne rien
laisser au hasard
- Les politiques, la planification et les objectifs, pour un
déploiement sans faille
* étape 3 : La maîtrise opérationnelle
- L’écoute du marché et des clients pour bâtir une offre de
valeur
- La conception et l’innovation pour préparer le lendemain de
l'entreprise
- La chaîne d’approvisionnement globale, pour approvisionner,
produire et distribuer de bout en bout
- L’après-vente, pour faire durer la relation après la vente
* étape 3bis : Le support opérationnel
- Le management de projets, pour respecter les engagements de
l’entreprise
- La gestion des évolutions contraintes ou souhaitées, pour évoluer
durablement
- La maîtrise des investissements, pour garantir coûts faibles et
respects des parties prenantes
- Le management de l'information, pour tout savoir avant tout le
monde
* étape 3ter : Le management des ressources
- Le management des parties prenantes
- La gestion des moyens de travail, pour l'efficience des métiers de
l'entreprise
- La maîtrise des moyens d’organisation (processus, procédures,
documents de référence, documents d’origine extérieure,
enregistrements…)
* étape 4 : Le pilotage et l’amélioration
- La gestion administrative et financière, pour transformer un mal
nécessaire en atout
- Les moyens de contrôle, mesure, évaluation, surveillance et
audit, pour gagner en objectivité
- L’analyse et la revue, pour prendre des décisions pertinentes
- L’amélioration, pour progresser durablement
- La communication externe, pour donner l’information appropriée
aux acteurs pertinents
Complétons
ces étapes permettant de faire émerger l'entreprise durable par
quatre zooms fondamentaux complémentaires :
. Il est vital pour l'entreprise d'optimiser ses risques. C'est à
dire prendre des risques (pour se développement, pour progresser) et
les maîtriser (sans quoi ce n'est plus de la prise de risque mais du
suicide).
. Il est incontournable de booster les talents d'entrepreneur. C'est
à dire détecter les talents, les faire émerger, transformer chaque
partie prenante de l'entreprise en entrepreneur (c'est à dire en
acteur ayant des projets et les mettant à exécution en phase avec la stratégie de l'entreprise, pour son bien-être individuel et collectif).
. pour conduire l'entreprise vers les objectifs stratégiques qu'elle
s'est fixés, il est indispensable de s'appuyer sur un système de
management intégré. Ce système permet de piloter l'entreprise, de
la manager, de fédérer tous les silos de l'entreprise (qualité,
RH, projets, social, RSE, QSE...), de mobiliser l'ensemble des
acteurs et des moyens vers un but unique : la stratégie de
l'entreprise.
. pour dynamiser l'ensemble de l'édifice entrepreneurial, il est
utile de pratiquer l'audit à valeur ajoutée. C'est un véritable
outil de progrès, de recherche de performance, de mobilisation
collective, de partage d'objectifs....
Et
parce que le monde bouge et que le XXIe siècle nous impose plus de
réactivité, deux autres principes s'ajoutent aux quatre zooms vus ci-avant :
. la nécessité de développer l'entreprise numérique. C'est à
dire de mettre le numérique au service de la stratégie de
l'entreprise et non plus comme un silo isolé ou au service de la
finance ou de tel autre silo de l'entreprise.
. la nécessité de valoriser la connaissance. C'est à dire de
capitaliser tout savoir, savoir-faire, savoir-être, compétence....,
de la transférer aux parties prenantes appropriées et d'animer ses
réseaux (lobbying, networking, réseaux relationnels, réseaux
sociaux...).
-----------------------------------
Pour en savoir plus :
“L'entrepreneur
durable”, Afnor Editions, Janvier 2012, ISBN : 978-2-12-465344-7