Slow recrutement : quand les millennials mènent la danse

Prendre son temps et trouver du sens sont devenus des leitmotivs pour la nouvelle génération. C’est donc très naturellement que l’écosystème du recrutement est à son tour gagné par cette tendance qui place les notions de transparence, d’authenticité et de profondeur au premier plan.

Le XXIeme siècle, ère de transformation digitale, rime souvent avec rapidité. Cloud et Intelligence Artificielle ont révolutionné le stockage, la transmission et le traitement de l’information. Les transactions sont effectuées à la vitesse de l’éclair, peut-être aussi rapidement que nos futurs déplacements en Hyperloop, un projet cher à Elon Musk, PDG de Tesla. Alors pourquoi cette irruption du slow qui vient questionner les business models actuels ? Quel est son impact en matière de recrutement, à l‘heure où l’acquisition de talents devient centrale pour les entreprises ?

La danse du recrutement

L’irruption des millennials sur le marché du travail, en conjonction avec une pénurie de talents liée à la transformation digitale des entreprises, a créé un rapport de force en faveur des candidats. Ces derniers, en recherche d’authenticité et de transparence, lancent un défi inédit aux entreprises. Ils prennent leur temps pour choisir et décider. Dans cette danse, l’entreprise ralentit son rythme habituel et se met au diapason. 

Vous avez dit slow ? Contrairement au rock ou à d’autres rythmes rapides, le slow est justement la danse par excellence de la rencontre entre deux individus. Elle vient à un âge où on est prêt pour la relation. Les temps du jeu de l’enfance et de l’hyperactivité de l’adolescence sont bien finis. Ils ont laissé place à une période plus calme. On commence désormais à se projeter dans l’avenir, à la recherche d’une relation authentique et profonde.


Un cycle qui prend son temps

Il y a encore quelques années, le recrutement était dans un tempo rapide, à l’image du speed-dating. Il fallait capter le candidat rapidement et il commençait… le lendemain. Dans cette époque d’économie de l’offre, l’entreprise était reine. Le temps devait être le plus court possible entre la phase de sélection des CV ou lettres de motivation, celle de pré-qualification et des entretiens, et finalement la signature du contrat de travail. Une fois le collaborateur en place, la phase de recrutement était terminée. Désormais, le recrutement est un cycle qui ne se termine jamais. Il a un début mais plus de fin, n’est plus une flèche, mais ressemble davantage à un cercle… Exposée en permanence sur internet et les réseaux sociaux, la marque employeur est clé. Mais elle est fragile. Ainsi doit-elle adresser les potentiels futures recrues de façon récurrente, à différents carrefours de rencontres, et dans différentes incarnations.

Incarner des valeurs plutôt que transmettre une image

Il est bien révolu le temps où le travail du responsable recrutement commençait à la captation du CV et se terminait à la signature du contrat. Le temps du recrutement commence désormais dès l’exposition des candidats à la marque de l’entreprise : quand il va sur Facebook, lit les journaux ou discute avec une relation qui travaille dans l’entreprise. 

L’entreprise, quant à elle, part à la rencontre du candidat à différents moments de son parcours. Elle interagit avec lui à l’école, lors d’événements, pendant un Facebook Live, dans des forums ou bien lors d’une soirée afterwork… L’objectif n’est plus de recruter immédiatement, mais plutôt de tisser un lien. Chaque chose en son temps. Il est possible qu’après cette interaction, le candidat ne donne pas suite. Ce n’était peut-être pas le bon timing. Mais la relation continuera sous une autre forme. Le parcours est circulaire et ne se termine jamais. Même le collaborateur qui quitte l’entreprise redevient un candidat à séduire et à attirer.

    
Slow avant… et fast pendant le recrutement 

Choisir une entreprise c’est avant tout s’engager, adhérer à des valeurs et trouver du sens. Aucune de ces actions ne se fait dans la vitesse, au contraire. Etre séduit et décider de faire le premier pas prend du temps. Néanmoins, quand le candidat a fait son choix et pris sa décision, il attend de la rapidité et de l’efficacité. L’annonce qui aura capté son attention doit être claire et efficace et les entretiens de recrutement organisés dans un délai court. Enfin, la décision devra être rendue de manière rapide pour que le candidat se sente respecté, avec les arguments qui justifient la décision. En cas de réponse positive, il attend également de l’entreprise qu’elle s’adapte à son temps, qu’il soit en fin d’études, en train de terminer un stage ou en période de préavis.

 

Les valeurs clés qui guident aujourd’hui l’entreprise dans sa démarche sont en phase avec les attentes des millennials : transparence, authenticité et profondeur des échanges. L’entreprise ouvre ses portes, au sens propre, et permet au candidat de découvrir sa réalité. Car il ne s’agit plus pour les entreprises de se montrer sous leur meilleur jour pour capter les candidats : ceux-ci auront vite fait de découvrir qu’il y a tromperie. 

Et grâce à certaines plateformes comme Glassdoor ou Welcome To The Jungle, ils peuvent même connaître la réalité quotidienne de l’entreprise avant d’y entrer. Alors à quoi servirait-il pour l’entreprise de se travestir ? Le changement de paradigme est un véritable choc culturel, un bouleversement des pratiques au service d’une idée vertueuse : pour vivre une relation pérenne et fructueuse, rien ne sert de courir, ni de se mentir… et cet adage vaut bien sûr pour les deux parties, qui risquent perte de temps et désillusion. Il n’est plus question de mettre en œuvre une parade nuptiale pour charmer l’autre, mais davantage de se montrer tel que l’on est, et de miser sur le fait que l’authenticité sera la valeur cardinale qui consolidera la relation.

 

Soyons reconnaissants aux candidats de bousculer ainsi notre paysage. Ils mènent la danse…. A nous, spécialistes du recrutement, de suivre le tempo !