Le mobile est l'avenir du Mooc

Le mobile est l'avenir du Mooc Selon les professionnels du secteur, la formation digitale sur smartphones cumule les atouts et séduit de plus en plus les utilisateurs.

Dans les transports en commun, dans la rue, à la table des cafés, les personnes concentrées face leur écran de smartphone sont légion. Certains échangent avec leurs amis, d'autres lisent le journal ou commandent leur prochain repas. Demain, une nouvelle tribu d'usagers risque de faire son apparition : ceux qui se forment grâce à des Mooc installés sur leur mobile.

Marie Ducastel, présidente de l'organisme de formation Abilways, exulte : "C'était un pari osé que nous avons pleinement réussi". L'objet ? Le lancement du premier Mooc francophone entièrement conçu pour les téléphones mobiles. "Nous l'avons lancé fin juin 2016 et l'avons clôturé mi-juillet. Intitulé 'Savoir convaincre, ça s'apprend', il portait sur le développement d'un soft skill indispensable à la vie professionnelle. 6 000 personnes l'ont téléchargé, ce qui a dépassé nos attentes", se réjouit-t-elle.

6 000 personnes ont téléchargé le Mooc "Savoir convaincre, ça s'apprend"

Mais pourquoi décider d'installer des formations d'e-learning sur de petits écrans de smartphones ? "Nous avons observé que les apprenants restent peu de temps derrière leur ordinateur lorsqu'ils travaillent sur un Mooc. D'un autre côté, les gens utilisent de plus en plus leur mobile. Nous nous sommes dits qu'il y avait quelque chose à faire. Nous avons donc conçu une formation 100% mobile avec de courtes séquences, des quizz ludiques, des vidéos d'experts et des possibilités d'interactions entre apprenants et enseignants", explique la dirigeante qui avait une idée simple : séduire de nouveaux utilisateurs qui n'avaient jamais suivi de formation digitale.

Cours, quizz, vidéos, forum sont disponibles sur son mobile. © Abilways

Yannick Hollender est l'un d'eux. Ce salarié dans le secteur de la logistique est en recherche d'une nouvelle opportunité professionnelle. Pour cela, il a besoin de se former. Seul hic, son emploi du temps est très chargé. "Grâce au Mooc mobile, j'ai pu obtenir une certification en quatre semaines en me formant via mon téléphone grâce à des vidéos de trois à quatre minutes".

Abilways n'est pas le seul concepteur de Mooc à observer les avantages du mobile learning. "Nous concevons des formations responsive design qui fonctionnent aussi bien sur ordinateur que sur smartphone. Et nos KPI sont révélateurs. Les apprenants restent en ligne moins longtemps sur mobile. En revanche, ils se connectent plus souvent, partagent, plus et participent plus", observe Tiphaine Guerout, Marketing strategist chez 360Learning.

Selon elle, le mobile learning est la solution du futur pour l'apprentissage de gestes visuels et techniques que des ingénieurs ou des techniciens veulent observer et reproduire en situation.

Vers une généralisation ?

Les chiffres parlent d'eux même. Selon une étude Médiamétrie, depuis le début de l'année 2016, les Français sont désormais "mobile first". S'ils sont 49,6% à se connecter chaque jour à Internet avec un ordinateur, ils sont maintenant 50,7% à se connecter via un téléphone mobile.

"La tendance n'est pas prête de s'arrêter. Cette connexion sur mobile se fait pour de multiples raisons : divertissement, consommation, communication. Pourquoi pas bientôt pour de l'apprentissage ?", s'interroge Tiphaine Guerout. Selon elle, le premier Mooc conçu uniquement pour les téléphones mobiles est le début d'une tendance de fond qui devrait se poursuivre dans les années à venir. "Chez 360 Learning, nous ne faisons pas encore du 100% mobile, même si nous observons un intérêt grandissant de nos clients". Côté Abilways, le succès de "Savoir convaincre, ça s'apprend" a incité l'organisme de formation à retenter l'expérience en 2017, sans doute sur un sujet lié au marketing.

"Chez 360 Learning, nous observons un intérêt grandissant pour l'apprentissage sur mobile"

Mais attention, cela ne signifie pas pour autant que demain la majorité des Mooc seront conçus pour un usage 100% mobile. Un problème d'ordre juridique pourrait considérablement freiner les velléités d'expansion de cette modalité d'apprentissage. La formation professionnelle financée par les entreprises doit se faire à 100% sur le lieu de travail. Or les Mooc sur mobiles peuvent inciter les salariés à se former de chez eux. Les syndicats ou les instances représentatives du personnel peuvent donc tout à fait refuser le déploiement de ce type de formations qui pourraient détourner la loi. "Lorsque nous vendons des Mooc utilisables sur mobile et ordinateurs, nous discutons en amont avec les représentants du personnel. Il faut les rassurer, les associer, faire preuve de pédagogie. Dans la majorité des cas, ça marche. Mais la tâche sera à mon avis plus ardue au moment de vendre des formations 100% mobile", s'inquiète Tiphaine Guerout.

Un avis loin d'être partagé par Marie Ducastel : "Cette question juridique est un combat d'arrière-garde. Il ne faut pas se voiler la face, la plupart des Mooc ne sont pas achetés par des entreprises dans le cadre de plans de formation mais par des salariés qui cherchent individuellement à augmenter leur employabilité en dehors du lieu de travail et des exigences des employeurs. Et cette tendance va se poursuivre avec la montée en puissance de la génération Z sur le lieu de travail. Pour moi, le Mooc mobile est donc bel et bien la solution d'apprentissage de demain".

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