Plan de formation : évitez le "pedagogic washing"

Dans un contexte qui rend les formations en présentiel impossibles, quelles sont les possibilités offertes par le e-learning et comment éviter les fausses bonnes idées ? Autoformation, tutoriel vidéo, chatbot pédagogique : les collaborateur.trices des grands groupes sont-ils en avance sur les départements formation ?

Le dernier trimestre 2020 approche à grands pas et avec lui, les questionnements sur le plan de formation pour 2021-2022. Cette année exclut presque totalement le présentiel de l'horizon. Avant de se tourner aveuglément vers l'e-learning, prenons un moment pour réfléchir à ce qui fonctionne.

La tendance de fond du e-learning et ses écueils 

Le e-learning n’est plus une tendance mais bien une industrie à part entière. D’ailleurs, 92 % des acteurs de la formation considèrent que le e-learning est incontournable pour favoriser la transformation de l’entreprise. Ils digitalisent donc les formations avec des objectifs concrets et ambitieux :

  • former plus et mieux l’ensemble des collaborateur.trices
  • améliorer le suivi des apprenant.es
  • maîtriser les budgets formation
  • former à de nouvelles compétences.

Le digital semble être la solution parfaite pour répondre aux exigences de la formation professionnelle. C’est pour cela que depuis de nombreuses années, les plateformes d'e-learning fleurissent.

Sauf que… à écouter les apprenant.es, cela ne fonctionne pas. Celles et ceux qui font l’effort de se connecter racontent que les solutions de e-learning ne correspondent pas à leurs problématiques. Le reste des collaborateur.trices ne s’est jamais connecté. Ce constat est global : une étude réalisée par l’IL-DI montre que seulement 1% des inscrit.es à un module de e-learning non obligatoire et non tutoré le suivra en entier.

C’est aussi frustrant pour les entreprises qui dépensent budget et temps que pour les salarié.es en demande de formation adéquate.

La relation formateur.trice-apprenant.e, l'atout du présentiel ?

Prenons un peu de hauteur avec un coup d'oeil sur la théorie. Que disent les experts de la formation ? 

C’est très clair. L'apprenant.e a besoin d'être en confiance et d'être rassuré.e sur son rythme d'apprentissage pour être en mesure d'acquérir des connaissances. Ce sont les formateur.trices qui, par le biais de l'apprentissage relationnel, garantissent que ces conditions soient remplies.

Le relationnel est la clé de l'engagement des apprenants.es dans leurs formations. 

Une relation de confiance, sans jugement, qui respecte les ressentis de l'apprenant.e et un.e formateur.trice qui fait de son mieux pour s'adapter à ses goûts et ses challenges… Le paradis !

Alors, le présentiel serait-il finalement la solution à privilégier ? Sûrement pas tel qu'on le connait ; toutes les semaines à la même heure, en groupe, avec un.e formateur.trice imposé.e et qui, comme tout être humain, a des jours "avec" et des jours "sans"...

Un obstacle s'ajoute : dans un contexte où il est impossible de réunir plusieurs personnes dans une salle, le présentiel a été remplacé par des cours en visioconférence. Et là, établir une relation de confiance devient un véritable défi. 

Un e-learning qui peine à proposer une solution engageante

De leur côté, les solutions de e-learning classiques ne développent pas le relationnel : on retrouve en fait des livres scolaires améliorés, saupoudrés de touches d'interactivité. Même digitalisés, ces livres n’ont jamais créé de relation avec les apprenant.es. 

Le e-learning se contente d'artifices sur la forme : gamification, social learning, peer learning… Une sorte de “pedagogic washing”.

Bien sûr, ces outils améliorent l'expérience. Mais ils oublient le coeur de l’engagement : le relationnel. 

Les plateformes de e-learning sont donc confrontées à un engagement faible et des résultats en deçà des espérances et des objectifs. L’expérience est loin d’être optimale, pour les apprenant.es comme pour les services formation. 

La relation homme-machine à la rescousse

Le relationnel est donc l'élément à garder en tête lorsque l'on examine une solution de formation professionnelle. Une étude de Hurtado et al. (2011) indique qu'il constitue l’élément le plus décisif pour poursuivre une formation.

Et si on pouvait développer une relation avec des machines ? Cela est rendu possible par une solution qui vient simuler la conversation et les expériences humaines : le chatbot pédagogique. Au fil des jours, il met en place une relation de confiance avec son interlocuteur.trice pour garantir un filtre affectif bas et une acquisition de connaissances efficace et naturelle.

La crise sanitaire en cours est l'opportunité de revoir notre façon d'envisager la formation et de se concentrer sur ce qui fonctionne vraiment. 

Et vous, comment imaginez-vous le e-learning post-covid ?