La démocratisation, priorité du numérique pour 2023

Seulement 7% des jeunes françaises se destinent à une carrière dans le numérique. Il est plus que temps de démocratiser le numérique et de faire sauter les barrières qui entravent sa diversification.

#TalentHasNoGender. Voilà comment, mi-novembre, la scientifique et entrepreneure Aurélie Jean taclait Elon Musk et le caractère quasi intégralement masculin des nouvelles équipes de Twitter. Au-delà d’un hashtag, ce commentaire souligne le manque de diversité dans le secteur du digital et des technologies en général. Alors que la France connait actuellement une pénurie de 80 000 spécialistes en informatique, les inégalités d’accès à ces métiers un enjeu important. Pour y répondre, il convient de faciliter l’accès du digital au plus grand nombre, notamment les femmes. Malgré plusieurs initiatives en la matière, il reste encore beaucoup à faire. Zoom sur les pistes pour ouvrir et élargir le secteur, au bénéfice de sa pérennité.

Pourquoi le développement « citoyen »

Ce n'est un secret pour personne, la France est actuellement confrontée à un déficit de compétences numériques. Jean-Dominique Senard estimait par exemple, en 2018, que moins de 30% des équipes dans le secteur automobile maîtrisaient les prérequis numériques nécessaires à l’exercice de leur profession.

Deux options s’offrent aux entreprises pour répondre à ces enjeux : offrir aux équipes une formation au numérique, particulièrement technique, coûteuse et chronophage ; ou simplifier l’exploitation du codage pour le rendre accessible aux non-initiés. La tendance du citizen development, qui permet de développer des logiciels avec peu ou sans connaissance informatique, est récemment apparue comme une solution potentielle. Selon Gartner, ce sont ainsi 65% des applications seront développées en low-code d’ici 2024.

La démocratisation du numérique contribue à développer l’ouverture du secteur aux femmes. Il s’agit d’un enjeu autant sociétal qu’économique : la Commission européenne estime que, « si les femmes occupaient autant d’emplois que les hommes dans le numérique, il s’ensuivrait un gain d’environ 9 milliards d’euros par an pour le PIB européen ».

Favoriser la diversité du secteur technologique

En France, il existe un fossé entre les jeunes femmes et les carrières dans la technologie. 65 % des professionnels du numérique sont des hommes.

En introduisant une formation aux plateformes low-code ou no-code dans le parcours éducatif - de l'école primaire à l'université – la France romprait avec les biais actuels en plaçant filles et garçons sur un pied d’égalité. La formation continue a également vocation à corriger les inégalités en la matière. Organismes de formations et autres associations s’engagent en ce sens, comme le démontre par exemple l’initiative #CodezChezVous de l’association E-mma.

En intégrant davantage les activités informatiques dans le quotidien des femmes, le secteur du numérique et des technologies s’offre l’assurance que son avenir et son impact sur la société seront justes et pérennes. En effet, selon McKinsey, les entreprises qui se situent dans la tranche supérieure de 25% pour la diversité des sexes ont 25% plus de chances d'atteindre une rentabilité supérieure à la moyenne. Ce chiffre passe à 48% lorsque leur conseil d'administration est également diversifié sur le plan du genre.

Des recherches menées par ISG évaluent le marché du no-code/low-code à environ 25 milliards de dollars à l'heure actuelle, et il devrait atteindre 45,5 milliards de dollars en 2027.  En permettant aux femmes et à des publics pas nécessairement intéressés par le numérique de prime abord, de se s’approprier pleinement cette discipline, le citizen development pourrait faire émerger des milliers de profils comme celui d’Aurélie Jean. Des techniciennes et entrepreneuses, actrices du changement. C’est désormais aux pouvoirs publics d’encourager ce type de formations, afin de sensibiliser les individus. Il en va de notre souveraineté numérique et de notre capacité à répondre aux besoins de l'économie.