"Le système éducatif français et la tech doivent avancer ensemble"

Le secteur de l'emploi dans le numérique navigue en eaux troubles depuis quelques mois. Cette industrie a toutefois de nombreux défis pour s'assurer un avenir pérenne.

Le secteur de l’emploi dans le numérique navigue en eaux troubles depuis quelques mois. Un constat qui s’explique par une recrudescence d’innovations, moins d'offres d'emplois publiées, mais des difficultés de recrutement qui s'accentuent et l'apparition constante de nouvelles compétences. Cette industrie qui ne cesse de gagner en intensité, et qui reste l’une des plus dynamiques en France, a toutefois de nombreux défis pour s’assurer un avenir pérenne, et tenter de surpasser un climat économique complexe. Il lui faudra repenser un système éducatif dépassé, et mobiliser tous les acteurs de ce marché dans la quête de la démocratisation des formations tech agiles et qualifiantes.

Une augmentation accrue des compétences en perspective qu’il faut adresser dès aujourd’hui

La numérisation de l'économie française a engendré une demande croissante de professionnels qualifiés dans le domaine de la tech. Les entreprises, petites et grandes, tous secteurs confondus, cherchent à renforcer leurs équipes avec des talents capables d’évoluer dans un paysage technologique en continuelle évolution. D'après une étude de l’Institut Montaigne parue en mai 2023, le nombre d'emplois dans le secteur connait une croissance de plus de 6 % par an, soit près de trois fois plus que la moyenne, avec une demande majeure de compétences dans le développement web, l’analyse de données, la cybersécurité et l’intelligence artificielle. Il est par ailleurs estimé qu’il faudra former 845 000 personnes entre 2023 et 2030, et au moins 130 000 personnes par an en 2030.

Or en 2022, seules 70 000 personnes ont rejoint les métiers du numérique, soit 8,2% des besoins d’ici 2030.

Communiquer, sensibiliser et démocratiser

Pour pallier cela c’est tout un modèle qui doit être repensé. 
A commencer par le système éducatif français qui doit faire la part belle à ces nouvelles technologies, et ce, dès le collège, en sensibilisant à ses enjeux, en associant une formation au numérique à toutes les disciplines, et en augmentant le nombre de filières numériques.

L’état doit quant à lui davantage favoriser les acteurs privés qui sont plus agiles et innovants que l’administration publique sur les questions de formations. 
Pour cela il doit encourager les entreprises à avoir recours à ces pratiques, et donner de la visibilité, en renforçant les liens entre France Travail et les organisations de formations. 
La démocratisation devra également passer par des campagnes de communications nationales adressées aux talents cachés du numérique et notamment les femmes. 

En effet, avec une population active vieillissante et un âge de départ à la retraite repoussé, il sera nécessaire de miser sur la formation professionnelle en s’appuyant sur les acteurs existants, et en facilitant les initiatives qui répondent aux besoins du marché grâce notamment à des financements, et des procédures de certifications accélérées.

Pour renforcer l’appariement entre les compétences des candidats et les besoins des entreprises, il sera par ailleurs nécessaire de simplifier le recours à la préparation opérationnelle à l'emploi individuelle (POEI) et la validation des acquis de l’expérience (VAE).

La conclusion inhérente à toute pensée technologique c’est que le marché de l'emploi dans le secteur du numérique en France offre d'énormes opportunités économiques mais également sociales. La collaboration entre l'industrie, le gouvernement et le secteur éducatif est essentielle pour surmonter les obstacles actuels et créer un environnement propice à l'épanouissement des talents et des entreprises. À mesure que la France continue de s'affirmer comme un acteur majeur de l'innovation technologique en Europe, la tech deviendra un pilier crucial de son économie, avec des externalités positives sur le marché de l'emploi pour les années à venir, mais pour cela elle doit, dès à présent, briser le plafond de verre du système éducatif français.