Brevets : de l'outil de guerre à l'outil harmonisé
La médiatisation de litiges impliquant des acteurs majeurs du secteur des nouvelles technologies et portant sur des produits grands publics très en vogue met en lumière un contentieux peu connu du grand public : celui des brevets d’invention.
Qu’est-ce qu’un brevet d’invention ?
Un brevet d’invention est un
titre de propriété industrielle délivré par un Office de propriété industrielle
conférant à son titulaire un monopole sur une invention (de nature technique) pendant
une durée déterminée (habituellement, vingt ans maximum).
Ainsi, le titulaire d’un brevet peut
l’exploiter directement ou le concéder en licence. Confronté à un
contrefacteur, il peut obtenir judiciairement des mesures destinées à faire cesser
la commercialisation non autorisée de produits ou procédés reproduisant les
caractéristiques de l’invention brevetée et d’obtenir la réparation du
préjudice subi du fait de la contrefaçon (dommages et intérêts, mesures de
publication).
Le droit des brevets s’inscrit ainsi
dans une logique d’incitation à l’innovation, destinée à favoriser
l’investissement des entreprises dans les activités de recherche et de
développement en leur reconnaissant des droits.
Un brevet protège des
caractéristiques techniques et peut être combiné à d’autres droits de propriété
industrielle, tels qu’une marque, protégeant les signes permettant d’identifier
et de distinguer les produits et services d’une entreprise de ceux de ses
concurrents, ou un modèles, protégeant l’aspect extérieur d’un produit.
Quelles sont les raisons de l’actuelle « guerre des brevets » dans le domaine des produits hautement technologiques ?
Du fait de leur complexité, les
produits hautement technologiques, tels que les téléphones intelligents ou les
tablettes numériques, embarquent de nombreuses solutions susceptibles d’être
protégées par des brevets.
Les sociétés mettant en œuvre de
telles technologies brevetées doivent en principe avoir été autorisées par le
titulaire du droit concerné, par exemple en souscrivant une licence d’exploitation
auprès de ce dernier. A défaut, elles s’exposent à des poursuites en
contrefaçon des brevets.
C’est par exemple l’objet du
contentieux qui oppose les sociétés des groupes Apple et Samsung dans une
dizaine de pays, chacune de ces sociétés estimant que certains produits de
l’autre contrefont un ou plusieurs brevets lui appartenant.
En France, une action en
contrefaçon de brevets, actuellement en cours d’instruction, a été engagée par
les sociétés du groupe Samsung à l’encontre de société du groupe Apple devant
le Tribunal de Grande Instance de Paris.
Vers un brevet unitaire ?
Du fait de leur caractère
transnational, les contentieux opposant actuellement les acteurs du secteur des
nouvelles technologies relancent les débats sur le brevet unitaire, toujours à
l’état de projet.
En effet, malgré l’identité ou la
similitude des produits et des brevets en cause dans ces actions, les actions engagées
devant les différentes juridictions nationales sont susceptibles de donner lieu
à des décisions contradictoires que ce soit sur la validité des titres invoqués
ou sur leur contrefaçon.
La réforme envisagée viserait à confier
la gestion du contentieux sur le brevet unitaire à une juridiction unique pouvant
statuer sur l’ensemble des réclamations liées à la contrefaçon et à la validité
d’un tel brevet.
Cette réforme permettrait
notamment d’éviter les décisions contradictoires sur la validité ou la
contrefaçon d’un brevet et permettrait de favoriser l’essor d’un droit des
brevets harmonisé.