L'empreinte carbone : il est temps d'agir

Mesurer c'est règlementaire, agir c'est solidaire. Découvrez les premières actons simples à mettre en oeuvre pour réduire l'empreinte carbone IT de votre entreprise.

Dans un précédent article, j'expliquais comment commencer à collecter les données nécessaires pour créer la base de référence de l’empreinte carbone de votre parc informatique. Ce n’est pas parfait, mais c’est une approche pragmatique pour répondre à la réglementation CSRD appliquée à l’IT et être en mesure d’identifier les principaux émetteurs. Cependant, l’objectif de cette approche n’est pas seulement de se conformer à la réglementation, mais aussi de réduire votre empreinte carbone, et maintenant que vous pouvez la mesurer, vous pouvez l’améliorer... cliché, je sais ?

Tout comme pour l’étape de mesure, les actions seront différentes selon les types d’équipements informatiques. Pour les équipements des utilisateurs finaux, vous vous concentrerez sur le cycle de vie, pour le Cloud Public, vous améliorerez l’utilisation, et pour les équipements de vos data centers, les deux s’appliqueront. Cependant, il y a une chose en commun, un point essentiel : la sensibilisation et la formation pour rendre les personnes responsables.

Les grandes entreprises déjà très engagées dans l’informatique durable ont commencé par cette étape : collecter les bonnes pratiques, idéalement par profil métier, et les partager pour sensibiliser. Cela peut par exemple se faire par le biais de formations en ligne, par le biais d’ateliers comme la Fresque du Climat ou en s’associant à des journées d’action spécifiques comme le Digital Cleanup Day. L’informatique durable couvre un large éventail de domaines, comme la taille des boîtes email, les impressions papier ou l’accessibilité par exemple, mais concentrons-nous aujourd’hui sur les équipements informatiques. Les lignes directrices sont les suivantes : planifiez juste ce dont vous avez besoin et éteignez tout ce qui n’est pas utilisé. Vous n’avez pas nécessairement besoin du dernier processeur, de la dernière norme WIFI ou d’une grande marge de sécurité « au cas où » vous pourriez en avoir besoin. Depuis des décennies, on nous apprend à éteindre les lumières lorsque nous quittons une pièce pour économiser de l’argent (ce qui est toujours valable !), la même habitude devrait être adoptée pour vos équipements informatiques, pour réduire les émissions de carbone ainsi que la facture d’électricité. Nous sommes tous concernés par cette démarche.

Évidemment, l’entreprise contribuera également à réduire l’empreinte carbone des équipements des utilisateurs finaux. Premièrement, et j’ai constaté cela dans toutes entreprises que je rencontre, en prolongeant la durée de vie des équipements. Pendant longtemps, elle était de 3 ans avant que l’on renouvelle un ordinateur de bureau, un ordinateur portable ou un mobile. La nouvelle norme est de 4 à 5 ans, et rien qu’en fixant ce paramètre dans votre solution de gestion d’assets informatique, vous aurez un impact plus que significatif sur vos émissions relatives au Scope 3. L’autre action possible au niveau de l’entreprise, de plus en plus populaire, est d’ajouter des critères d’achat relatifs à l’empreinte carbone. Une fabrication plus écologique, une consommation d’énergie moindre, une réparation plus facile ou la capacité à recycler sont quelques-uns des sujets à explorer avec vos fournisseurs. Le reconditionnement est également une très bonne option, qui aura un impact sur les habitudes de vos utilisateurs, ce qui nous ramène au paragraphe précédent et à la sensibilisation.

Jetons maintenant un coup d’œil à l’utilisation du Cloud public. La bonne nouvelle, c’est que tout ce dont vous avez besoin d’un point de vue technique est déjà disponible grâce à la pratique FinOps. Toutes les optimisations techniques auront un impact sur les coûts et les émissions de carbone, donc presque toutes les recommandations partagées par vos fournisseurs Cloud ou votre solution FinOps préférée vous aideront également à réduire vos émissions. Le « Downsizing » et l’arrêt des ressources sont des actions de base des « crawlers » FinOps qui auront un impact des deux côtés, FinOps et GreenOps. Une analyse plus approfondie, ou l’utilisation d’une solution d’observabilité applicative, pourrait également mettre en évidence des actions de consolidation. Une autre option pour le Cloud public est de déplacer vos ressources vers une région où l’électricité a une intensité carbone plus faible. La légende urbaine dit que cela coûte beaucoup plus cher, mais ce n’est pas nécessairement le cas. La RGPD, avec son volet sur la résidence des données, sera votre premier critère, puis réfléchissez et décidez si les coûts supplémentaires vous aident à atteindre les initiatives stratégiques ESG de votre entreprise. Notez que cela peut être garanti grâce à une couche de gouvernance et de garde-fous si le déploiement de services Cloud se fait au travers d’un portail « libre-service » d’entreprise.

Nous avons déjà discuté des équipements des utilisateurs finaux et du Cloud Public, regardons maintenant les équipements de vos data centers. De la même manière que pour les équipements personnels, vous pouvez allonger le cycle de vie et ajouter des critères d’achat. Simple, facile et efficace. Ensuite, grâce à votre solution d’observabilité de l’infrastructure, vous pouvez identifier les bases de données orphelines/inactives, les serveurs inutilisés ou découvrir d’éventuelles consolidations pour les environnements virtualisés. Tout cela conduit au décommissionnement, autrement dit à une consommation d’électricité moindre, une réaffectation possible de d’équipements à d’autres équipes évitant ainsi l’achat de nouveaux matériels, ou le recyclage pour les équipements les plus anciens. Par effet de bord, vous pourrez libérer des licences logicielles coûteuses. Cela peut également réduire l’espace physique nécessaire, si vous louez des racks dans un espace partagé/colocalisé, donc une autre source d’économies. Réduire l’empreinte carbone est le nouveau critère, mais les répercussions sur les coûts peuvent être énormes, ce qui ne gâche rien.

Si vous vous souvenez, dans le premier article, j’ai souligné l’importance des émissions relatives au Scope 2 pour le groupe des équipements de vos data centers, impliquant la nécessité de suivre la consommation réelle d’électricité. Avec cette capacité désormais disponible dans la solution d’observabilité de votre infrastructure, vous avez les moyens d’expérimenter avec vos intuitions : Est-il utile d’éteindre certains serveurs le week-end ? En d’autres termes, la consommation d’énergie supplémentaire au démarrage est-elle beaucoup moins importante que les économies du week-end ? Celle-ci est facile. Mais quand est-il de les éteindre chaque nuit ? Pas si évident, et en fait cela dépendra du modèle de l’appareil et de son âge. Une fois que vous avez identifié les bonnes pratiques, transformez-les en politiques d’entreprise et automatisez-les. L’arrêt et le démarrage automatiques, même dans des environnements complexes, font partie des compétences des équipes opérationnelles. Bonus : comme vous devez avoir une cartographie des services avec votre CMDB, vous serez en mesure d’estimer l’empreinte carbone IT de vos applications, un paramètre nouveau et intéressant dans la comparaison entre les applications lors de la rationalisation de votre portefeuille.

Si vous ne souhaitez pas agir sur des données détaillées au sujet du carbone comme expliqué jusqu’à présent, et que vous souhaitez réduire votre empreinte carbone IT rapidement avec moins d’efforts, vous pouvez utiliser votre « joker » et opter pour un contrat d’énergie verte. Vous ne changerez pas votre consommation d’énergie ni le comportement de vos collaborateurs, mais vous vous engagez pour des émissions de carbone plus faibles quelque part dans le monde. Du point de vue du reporting « Market-based » de vos émissions Scope 2, tout va bien. Mais rappelez-vous que des réglementations telles que l’EU CSRD/ESRS exigent également que vous fournissiez un reporting « Location-Based ». Lorsque vous opérez dans un pays où la production d’électricité à une forte intensité carbone, votre empreinte carbone effective ne diminuera pas grâce à un contrat d’énergie verte. C’est pourquoi, l’optimisation de la consommation d’électricité reste la meilleure pratique.

Beaucoup de sujets en quelques lignes, mais j’espère beaucoup pour vous de pistes pour commencer à réduire votre empreinte carbone. Identifiez les plus gros émetteurs, ceux sur lesquels vous pouvez agir, et allez-y. Quelques actions usuelles simples pour les opérations IT peuvent vous aider à améliorer la situation, et impliquer les acheteurs pour un impact à plus long terme.