Inégalité au travail, ce que le coronavirus révèle

Si travailler à domicile est une option pour beaucoup de salariés, pour certains cela n'est ni envisageable, ni possible.

Depuis le lundi 16 mars, la France a officiellement basculé dans le confinement et, in fine, dans le télétravail pour une majorité des salariés de l'Hexagone. Depuis, on ne compte plus les articles et émissions présentant les bonnes pratiques pour travailler efficacement de chez soi. Toutefois, si travailler à domicile est une option pour beaucoup de salariés, pour certains cela n’est ni envisageable, ni possible. Qu’il s’agisse d’un ouvrier, caissier, livreur ou d’un pharmacien, il est difficile, voire impossible d’exercer leur métier à distance. Difficile ainsi de les équiper de smartphones ou ordinateurs portables afin qu’ils travaillent de chez eux, cette catégorie de collaborateurs étant souvent peu équipée d’outils digitaux. Le coronavirus démontre révèle, encore plus, à quel point il existe des différences fortes entre métiers et activités. C’est d’autant plus dommageable que certaines de ces professions sont majoritairement féminines, renforçant ainsi cette inégalité.

Cette situation n’est pas nouvelle. Je participe à de nombreuses conférences et événements en lien avec les RH lors desquelles les discussions portent, souvent, sur la manière dont les nouvelles technologies améliorent le développement des collaborateurs, la gestion de la performance, la formation… Néanmoins, les principaux bénéficiaires de ces outils sont souvent les employés de bureau, des cols blancs, dont je fais partie.

Entreprise, pensez à TOUS vos employés !

Il ne s’agit pas ici d’opposer employés de bureau et les autres. Juste de souligner à quel point, dans le contexte actuel, ce sont les collaborateurs de terrain, qui se retrouvent en première ligne. À charge donc aux entreprises d’accorder une attention particulière à ceux dont l’environnement de travail n’est pas un bureau classique.

Il est évident qu’une situation de crise comme celle que nous traversons avec le Covid-19 implique d’abord de prendre les mesures nécessaires pour leur santé. Une évidence qu’il est important de rappeler. Mais au-delà de ce contexte actuel très particulier, il est important d’avoir une réflexion plus générale sur ces métiers et collaborateurs. Comment les innovations technologiques peuvent-elles améliorer les conditions de travail des salariés, et ce quelles que soient leurs missions ? Quid de la formation pour les faire monter en compétences et évoluer au sein de l’organisation ? Comment améliorer l’engagement de ces collaborateurs qui peuvent sinon se sentir à l’écart du reste de l’organisation ? Autant d’interrogations que devront avoir les entreprises au sortir de cette crise sanitaire sans précédent.

Les entreprises ont déjà entamé leur révolution interne, en repensant leur politique RH grâce à la digitalisation. En effet, la technologie doit optimiser le travail des collaborateurs, qu’ils soient dans un bureau ou dans un entrepôt. Elles doivent donc permettre à l’ensemble de leurs employés d’acquérir et d’améliorer leurs compétences et ce afin, notamment, de leur offrir de nouvelles perspectives de carrière.

Cela passe, par exemple, par des investissements dans des outils mobiles. Heureusement, la situation n’est pas aussi complexe qu’auparavant car, aujourd’hui, le taux de pénétration des appareils mobiles, dans l’Union Européenne, est supérieure à 50%. Une stratégie de "Bring Your Own Device" est donc possible. En outre, les smartphones et/ou tablettes Android sont désormais plus abordables. Sans compter que les applications Cloud proposent désormais des connexions et comptes individuels, ainsi les tablettes peuvent être partagés par plusieurs collaborateurs. Bref, tout est techniquement réuni afin d’offrir à ces collaborateurs, les mêmes perspectives de formation et de développement de carrières que pour les employés de bureau.

Les cols bleus représentent un important vivier de talents, souvent insuffisamment et mal utilisé. En effet, ils comptent des personnes qui connaissent, bien souvent, très bien l’organisation et qui sont en contact direct soit avec les produits (dans l’usine par exemple), soit avec les clients ou les consommateurs (dans les magasins). En leur donnant accès à des outils de formation, les entreprises les aident également à partager leurs propres compétences et à améliorer les connaissances générales au sein de l’entreprise. D’autres pays comme le Danemark poussent ainsi les entreprises à former les collaborateurs occupant des postes pénibles pour évoluer vers d’autres métiers en vieillissant.

Lorsque la crise actuelle sera terminée, investir dans le développement de ces collaborateurs sera un excellent moyen de témoigner notre gratitude à ceux qui ont continué à travailler malgré les risques. Tout en n’oubliant pas de soutenir ceux qui n’ont pas pu travailler durant cette période.