Face au boom du vélo, comment l'entreprise peut-elle accompagner les nouveaux vélotafeurs en toute sécurité ?
En France chaque jour, plus d'un demi-million d'actifs privilégient le vélo (classique ou à assistance électrique) pour leur trajet domicile-travail[1]. En pleine effervescence, le marché du cycle a explosé en 2020[2], et représente aujourd'hui plus de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit un bond de 25% par rapport à 2019.
Les usagers privés de transport en commun pendant les grèves, puis invités à la distanciation sociale pour lutter contre la crise sanitaire ont plébiscité les pistes.
Des milliers de km de pistes cyclables pour encourager la mobilité douce
Alternative économique, rapide et écologique aux transports en commun et autres embouteillages d'heures de pointe, la pratique d'aller au travail à vélo s'est largement démocratisée ces dernières années. Cependant en France, encore 7 salariés sur 10 se rendent au travail en voiture, ce qui fait du trajet domicile-travail, le 1er secteur émetteur de gaz à effet de serre, soit environ 30 % des émissions. Un chiffre alarmant qui a poussé les institutions à investir plus de 350 M€ en faveur du vélo avec notamment pour objectif de tripler d'ici 2024, la part du vélo dans les déplacements de tous les jours, en passant de 3 à 9 %. Les soutiens massifs comme le Plan Vélo (construction de pistes cyclables sûres et fiables), Bonus Vélo Électrique (aide à l'achat), Abri à vélos (pour les garer et les sécuriser) ou encore le Plan Mobilité (qui vise à trouver des alternatives aux voitures individuelles) témoignent de l'engouement pour la mobilité douce.
Dans la seule ville de Paris, la pratique a explosé avec 71% de passages supplémentaires sur les pistes par rapport à 2019. La capitale compte le plus grand nombre de vélotafeurs ; ils sont près de 100 000 à faire du vélo leur moyen de transport principal. Suivent les métropoles de Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse, Grenoble et Nantes en termes de nombre d'usagers. La France dispose aujourd'hui de près de 19 000 km de pistes cyclables et aspire à atteindre l'ambitieux objectif des 25 587 km en 2030. Des dispositions bien accueillies par les cyclistes qui voient là la possibilité d'allier une activité physique journalière à une nécessité de déplacement professionnel.
A cela s'ajoute l'aspect écologique, un Français émet en moyenne 10 tonnes de CO2 par an ; lorsque 1000 salariés utilisent leurs vélos, c'est l'équivalent de 200 tonnes de CO2 qui sont économisés[3]. Un argument puissant qui a séduit les entreprises et salariés soucieux de préserver l'environnement.
La mobilité domicile-travail au coeur de la responsabilité de l'entreprise
Les objectifs de neutralité carbone et de diminution du réchauffement climatique d'ici 2050 sont des enjeux considérables pour les entreprises. La mobilité domicile-travail est un sujet de fond, au cœur du dialogue social dans les entreprises où pas moins de 67% des salariés souhaitent que leur employeur joue un rôle dans le développement des nouvelles mobilités[4].
Concrètement, que peut faire l'employeur ? Exonéré de charges sociales pour l'entreprise et d'impôt pour le salarié, le Forfait de Mobilité Durable (500€/an/salarié) permet à l’employeur de réinventer le déplacement professionnel et d’encourager ses salariés à opter pour la mobilité douce. Or encourager la mobilité douce implique de responsabiliser l’entreprise sur ces trajets et nécessite de mettre en place les infrastructures (parking, maintenance,..) et les conditions (sécurité, formation,...) pour accompagner au mieux ses salariés. Si toutes les conditions semblent réunies pour favoriser le retour en selle, il n’en reste pas moins un mode de transport particulier qui nécessite pour le salarié d’être soutenu dans sa démarche. La pratique du vélo peut parfois sonner comme une contrainte (la peur, le trafic, la météo capricieuse) et effrayer les salariés. En 2020, on a enregistré une hausse de 35% d'accidents à vélo dans la capitale, hausse certes relative compte tenu de l'ampleur du développement de la pratique.
Souvent ignoré, le code de la route s’applique aux cyclistes de la même manière qu’à tous les usagers. Afin de garantir la sécurité de chacun, les cyclistes doivent respecter un certain nombre de règles, en ville ou hors agglomération ; de jour, comme de nuit. Si les piétons et les cyclistes sont exposés à des risques presque similaires (chutes, collisions) sur leur trajet domicile-travail, il existe des formations, tutoriels, programmes d’e-learning et autres organismes professionnels qui proposent d’encadrer cet élan du vélo dans de bonnes conditions. Le rappel des bases pour un vélotafeur, qu'il soit confirmé ou néophyte : le choix des bons équipements de sécurité (casques, sonnette, éclairage), rétroviseurs, vêtements visibles et imperméables (capes de pluie, ponchos, pantalons), révision des vélos (freins réglés, chaînes lubrifiées, pneus gonflés correctement). La Fédération Française de cyclisme quant à elle, propose des formations via son équipe de « coachs mobilité à vélo ». Une opération qui contribue à accroître l’autonomie et la mobilité au quotidien des personnes précaires.
Faire le choix d’accompagner ses salariés vers la mobilité douce en s’assurant de leur sécurité améliore sans conteste leur bien-être et valorise sa marque employeur. Le constat a déjà été fait chez nos voisins européens, plus la pratique du vélo se démocratise, plus le risque d’accident diminue. Le phénomène de « la sécurité par le nombre » fonctionne aussi bien pour les cyclistes que pour les piétons. Plus ils sont nombreux à circuler, plus ils s'intègrent à l’espace public et deviennent prévisibles pour les autres usagers. Mieux ils sont vus et formés, plus le risque d’accident décroît.
[1] Source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/5013868
[2] Source : https://www.unionsportcycle.com/fr/
[3] Estimation par rapport à un niveau de CO2 non émis en moyenne de 120 g par km et une distance parcourue de 5 km/jour par rapport aux chiffres suivants : https://datagir.ademe.fr/apps/mon-impact-transport/
[4] Source : Opinion Way novembre 2019