Transparence, équilibre perso et impact positif : la recette pour séduire les jeunes diplômés

Transparence, équilibre perso et impact positif : la recette pour séduire les jeunes diplômés Dans le secteur du digital, et plus globalement du tertiaire, les jeunes talents qualifiés ont des exigences. Certains n'hésitent plus à demander aux recruteurs des références d'anciens salariés.

Chez les jeunes diplômés en recherche d'emploi, difficile d'établir une liste de critères exhaustive quand il s'agit de sélectionner les entreprises où il souhaitent travailler. Les recruteurs voient néanmoins apparaître de nouvelles envies. Romain Maugey travaille depuis cinq ans chez Robert Half, cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers de la finance, de la comptabilité, de la technologie et les fonctions support. "A mon arrivée, le curseur était plutôt placé sur la rémunération, la localisation et la taille de l'entreprise, se rappelle le directeur du recrutement temporaire. Le Covid a rebattu les cartes."

La qualité de vie au travail et l'équilibre entre la vie professionnelle et privée font aujourd'hui partie des critères les plus importants pour l'ensemble des jeunes en recherche d'emploi, souligne l'étude menée par Glassdoor début avril 2022. Chez les plus diplômés, le sens semble tout aussi essentiel. Robert Half note un besoin de "s'inscrire dans un projet, de savoir en quoi ils vont contribuer à l'entreprise et ce que l'entreprise va leur apporter". Cela se traduit par un changement de poste ou d'employeur tous les deux ou trois ans.

"Le point qui différencie le plus juniors et seniors sur le marché du travail est l'attention portée à la RSE"

Qu'en est-il des labels type Great Place To Work, qui certifient la qualité de vie au travail, ou B-CORP, qui atteste de l'impact sociétal et environnemental positif d'une entreprise ?  "Ce sont des classements fiables, sur lesquels les jeunes diplômés se basent, parce qu'ils veulent travailler avec des entreprises qui s'engagent, répond Romain Maugey. Le point qui différencie le plus juniors et seniors sur le marché du travail est l'attention portée à la RSE, l'inclusion et l'impact environnemental."

"Au lancement de La Relève en 2014, le salaire arrivait en premier. Maintenant, ce sont les missions", note Adrien Ducluzeau, directeur de ce cabinet de recrutement dédié aux profils juniors (de zéro à sept ans d'expérience) digitaux et commerciaux. "Enormément d'entreprises sont désarmées et pensent qu'une offre d'emploi avec une rémunération intéressante va séduire." Cela ne suffit plus sur ces secteurs qui subissent une pénurie de talents. L'employeur doit se faire connaître, mettre en avant différentes initiatives : "parler inclusion, par exemple". La possibilité de télétravailler a aussi son importance. Adrien Ducluzeau confie ne pas travailler avec les entreprises qui ne le proposent pas.

"Au cours du premier entretien, c'est l'employeur qui doit donner envie"

Pour être certains qu'un poste coche leurs critères, les candidats n'hésitent pas à tester les recruteurs. "Au cours du premier entretien, c'est l'employeur qui doit donner envie, ce qui n'existait pas auparavant, remarque Adrien Ducluzeau. On a eu beaucoup de candidats qui demandent le numéro d'anciens salariés pour savoir comment s'est passée leur expérience." Sylvain Levert, 23 ans, en dernière année de master à l'EM Lyon, recherche actuellement son premier emploi à Paris. "Je demande souvent à la fin des entretiens pourquoi le poste est libre, pour savoir si quelqu'un est parti à cause de la pression."

Au-delà de bonnes conditions de travail, certains veulent exercer un métier à impact positif. Jobs that make sense, Job Impact, Job Act… De nombreuses plateformes spécialisées permettent d'en dénicher. Joévan Bihan, lui, a trouvé son premier emploi sur How I met your planet. En 2021, alors qu'il finit ses études à TBS, il envoie cinq candidatures, dont une sur la plateforme. "Je me suis demandé si je voulais un boulot qui avait du sens ou un boulot qui rapportait beaucoup. J'ai choisi le sens", se rappelle le jeune actif de 25 ans. Il refuse une première offre pour raisons financières, il a un prêt étudiant à rembourser. Une autre à l'étranger, parce qu'il préfère rester en France. Il accepte celle de Too Good To Go, trouvée sur la plateforme spécialisée, et met fin aux deux autres process de recrutement dans lesquels il était engagé.

Le soir même de son dernier entretien pour le poste de commercial terrain, Balance ta start-up partage des révélations de salariés et anciens salariés de Too Good To Go qui dénoncent les conditions de travail dans l'entreprise qui lutte contre le gaspillage alimentaire. "J'ai pesé le pour et le contre et j'en ai parlé aux RH." Joévan Bihan décide d'accepter l'offre et, une peu plus de six mois après, ne regrette pas. "Balance ta start-up permet aux entreprises de corriger leurs torts". Voilà peut-être une autre attente des jeunes (et moins jeunes) : rejoindre un employeur qui prendra en compte leurs griefs.