Quelles sont les nouvelles armes de lutte contre la "Grande Démission" ?

Tandis qu'aux Etats-Unis la vague de la Grande Démission ne semble pas prête de s'arrêter, le phénomène touche également la France, bien que ce soit dans une moindre mesure.

D'après le US. Bureau of Labor Satistics, 4,5 millions d’américains auraient démissionné en janvier dernier. Le phénomène de Grande Démission qui ne cesse de croître outre-Altantique, semble ne pas épargner la France. En effet, alors que l’emploi privé a légèrement augmenté au quatrième trimestre 2021, 37 % des salariés déclarent que leur entreprise est toujours confrontée à des difficultés de recrutement, tous secteurs confondus. Pour attirer de nouveaux talents et fidéliser leurs équipes, les entreprises reconfigurent leur stratégie RH et redoublent d’efforts et d’ingéniosité pour recruter. A ces fins, repenser les méthodes de travail, miser sur des formations et se tourner vers des solutions technologiques de pointe pourraient bien être les meilleurs antidotes pour lutter contre la Grande Démission.

Des entreprises engagées, le secret de l’attractivité

445 000 CDI auraient pris fin suite à des démissions au dernier trimestre 2021, un bond de 16,9 % par rapport aux chiffres de l’année dernière. Pour les entreprises une seule priorité s’impose : retenir les talents. Pour y parvenir, plusieurs options s’offrent à elles.

Miser sur des valeurs fortes. Suite à la pandémie et aux mesures de confinement mises en place, de nombreux Français dont les métiers ont été classés comme « non essentiels » se sont mis en quête de sens professionnel. Un nouveau désir de se tourner vers des métiers ayant un impact positif sur la société est apparu, allant de pair avec le refus d’exécuter des tâches répétitives, sans réflexion ni engagement. Dans son livre Bullshit Jobs, l’anthropologue David Graeber avait déjà fait état de cette tendance, et ce bien avant la pandémie. C’est pourquoi de nombreuses entreprises ont renouvelé leur engagement pour s’insérer dans un écosystème responsable. Rien de surprenant à ce que celles qui aient le mieux tiré leur épingle du jeu durant la crise soient les entreprises ayant su aller au-delà de ce qu’elles font (à travers leurs produits ou services), pour aller vers ce qu’elles sont (à travers leurs valeurs et un modèle de développement durable).

Mettre à disposition des salariés un cadre de bien-être 

L’engagement des entreprises ne peut plus être mesuré uniquement à travers des initiatives externes. Chaque manager doit s’engager pour le bien-être de ses salariés et mettre toutes les ressources dont il dispose pour construire le meilleur environnement de travail possible. De nombreux candidats voient en cette approche un critère de choix : la flexibilité des horaires et le flex office offrent aux salariés les moyens de repenser leur organisation et d’augmenter leur productivité. Cette souplesse leur laisse également plus de temps pour se consacrer aux activités qui leur tiennent à cœur. Encourager ses salariés à prendre part à des initiatives engagées et à des activités de bénévolat leur permet de retrouver cette « essentialité » évoqué par David Graeber, nécessaire pour freiner les mouvements de démissions de masse. 

Accroître la formation : répondre aux attentes du monde moderne

Dans cette conjoncture, les salariés évoluent dans un monde en pleine mutation au sein duquel il leur est parfois difficile de suivre le rythme des innovations. L’accélération des transformations digitales a favorisé l’émergence de nouvelles compétences, bien souvent pré requises pour entrer en entreprise. Or, si 93% des Français jugent bien maîtriser les outils numériques au quotidien, seuls 73% pensent avoir les compétences exigées par les entreprises, d’après une étude réalisée par Odoxa. Plus d’un Français sur deux estime également que les métiers du numérique sont difficiles d’accès alors même que 61% seraient intéressés par une formation aux outils numériques. Certains dirigeants ont réussi à anticiper ses besoins et ont mis en place des partenariats pour multiplier les formations à disposition des salariés et leur permettre d’évoluer tout au long de leur carrière. Le tissu associatif contribue à cet effort de formation, tel que l’association Social Builder qui accroît le nombre de ses partenariats pour aider les femmes en reconversion professionnelle à se former au numérique.

Par ailleurs, les outils numériques présentent de nombreux avantages pour les entreprises souhaitant pallier le manque croissant de personnel et retenir les talents. L’automatisation des processus permet notamment d’atténuer le sentiment de routine qui poussent de nombreux salariés vers la sortie. Aux Etats Unis, 9 salariés sur 10 (89%) s’estiment plus satisfaits du travail réalisé grâce à l’automatisation de leurs tâches. Autre bénéfice notable : les technologies permettent de réduire la pression qui pèse sur les salariés et limitent les risques de burnout.

Que ce soit par la formation ou par les outils technologiques, les entreprises qui repensent leur modèle et se remettent constamment en question sont celles qui parviennent à attirer les meilleurs talents. S’adapter aux bouleversements actuels, s’engager pour plus de durabilité et d’inclusion font désormais partie des critères essentiels de choix des salariés. Les générations les plus jeunes attendent ce recentrage de la stratégie des entreprises autour des enjeux sociétaux et environnementaux pour s’intégrer plus facilement dans le monde du travail.