Les Français grossissent ! Faire du sport est une solution de santé publique et économique !

Les 8 et 9 juin 2012, se tenaient les Journées européennes de lutte contre l’obésité. Quelle place dans ce contexte pour le sport et comment libérer le potentiel de ce dernier dans la lutte contre les maladies non transmissibles ?

A l’aube d’un été qui placera l’Europe au cœur de la planète sport, et sur la base de réflexions menées de longue date, le think tank propose aujourd’hui plusieurs recommandations à l’attention des pouvoirs publics européens afin de rendre compte de l’enjeu majeur que représente le sport/santé. Ceci a d’ailleurs fait l’objet de débats majeurs lors de la réunion des Directeurs des Sports de l’Union européenne qui s’est tenue à Copenhague du 31 mai au 1 er juin. Les conclusions de l’atelier de travail organisé par notre think tank le 22 mars dernier à Copenhague, ont souligné l’urgence à mettre en œuvre une promotion du sport comme outil innovant au service du bien-être et de la lutte contre les maladies non transmissibles.
A l’heure des « nouvelles » maladies caractéristiques d’une société de plus en plus marquée par la sédentarité (obésité, maladies cardio-vasculaires) et face au défi du vieillissement inéluctable de la population européenne, il apparait en effet nécessaire de promouvoir encore et toujours l’égalité des chances et les bienfaits du sport pour tous.
Mettre en place des journées européennes de lutte contre l’obésité n’est pas anodin : les chiffres de l’obésité augmentent à une vitesse alarmante, près de 27 % des hommes et 38 % des femmes étant aujourd’hui considérés comme obèses dans certaines parties de l’Union. Le nombre d’enfants en surpoids augmente aussi rapidement, au rythme de plus de 400 000 par an. Aux Etats-Unis, la First Lady Michelle Obama en a même fait son cheval de bataille et à lancer une campagne d’envergure, Let’s Move, dont l’objectif est de résoudre le défi de l'obésité infantile en une génération. Un enfant obèse couterait plus de 1.400 $ par an. En France, nous aurions pris depuis 2007 en moyenne trois kilos ! Les enfants et les adolescents sont encore plus touchés avec 19% en surpoids.

Rappelons que l'inactivité physique est l'un des principaux facteurs de risque pour la santé. Elle serait la cause d’un million de décès (environ 10% du total) par an dans la région européenne de l'OMS[1].
Selon les données disponibles, entre 40 et 60% de la population de l'UE mènerait une vie sédentaire[2]. Or, utilisée en prévention notamment, l'activité physique ​​dispose d'un large éventail d'effets bénéfiques sur le bien-être tant physique que mental : réduction d'environ 25% du risque de nombreux troubles liés à l'inactivité (comme les maladies cardiaques, le diabète de type 2, certaines formes de cancer) et diminution du stress, de l'anxiété et la solitude[3].
Comment dès lors transcrire dans la réalité le principe fixé par l’OMS en 1946 : « La jouissance de la plus haute norme atteignable de santé est l'un des droits fondamentaux de tout être humain » et s’assurer que le sport et les activités physiques proposées aux citoyens soient d’une part adaptés à leur demande et d’autre part connus de tous ?
C’est dans un souci de protection et de développement de ce potentiel que doit s’inscrire le rôle de l’UE en développant une politique de santé publique dans laquelle le sport soit pleinement intégré.

Cette politique européenne devrait s’appuyer sur les preuves existantes du rôle du sport sur la santé et sur les conséquences économiques que cela engendrerait.

Si Sport et Citoyenneté se félicite des nombreuses initiatives prises par les institutions depuis de nombreuses années déjà (« Etude de l'UE sur les modes de vie des jeunes et la sédentarité et le rôle du sport dans le contexte de l'éducation comme un moyen de rétablir l'équilibre » en 2004 ; Groupe de travail de l'UE « Sport et Santé » en 2005 ; « Recommandations de l’UE pour l'activité physique » en 2008 ; « Actions préparatoires dans le domaine du sport » en 2009, etc.), notre think tank considère que nous avons besoin aujourd’hui d’une action symboliquement forte et contraignante des institutions européennes en matière de Sport/Santé, car c’est là un aspect central des problématiques actuelles de santé publique. Aussi appelons nous appelle l’UE et ses Etats membres à considérer le développement d’une base légale pour la promotion de la santé par le sport et l’activité physique, sur le modèle du principe de précaution.
Toutefois, nous portons également l’idée que les autorités ne pourront agir seules et qu’il est du devoir de la société civile et du mouvement sportif de repenser le sport et les activités physiques afin de répondre à de grands enjeux de société. A la société civile, il ne suffira pas de faire passer le message « Less Blogging, more jogging », encore faudra-t-il communiquer sur les méfaits de l’inactivité physique pour que chacun puisse en avoir conscience et également déconstruire certaines idées préconçues sur les compléments alimentaires et les boissons énergisantes. Il existe aujourd’hui des preuves tangibles sur le lien entre la surconsommation de ces boisons sucrées et le risque d’obésité, de diabète, d’infarctus, et de maladie cardiovasculaires.

Le mouvement sportif devrait aussi s’adapter à cette réalité et développer une offre en adéquation avec les nouveaux besoins et attentes des citoyens européens, considérer, comme le souligne le Professeur Stefan Szymanski, « qu’aujourd’hui 20% environ de la population européenne n'a tout simplement pas envie de s'engager dans le sport, car ils n'aiment pas ça » !

Rendre le sport plus attractif et plus sain, une autre des propositions et recommandations exposées dans le « position paper » dévoilé par notre think tank.
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[1] Source : OMS pour l’Europe
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Source : Recommandations de l’UE pour l'activité physique, 2008
[3]
Source: OMS pour l'Europe