Stop à la stigmatisation : l'entrepreneuriat, objet d'individuation

Tribune signée par Taïg Khris, CEO et fondateur d'Onoff Telecom

L’augmentation record des créations d’entreprises en janvier 2022 (+ 90 000) révèle que l’engouement des Français pour le statut d’entrepreneur n’a jamais été aussi fort. Certes, un certain nombre d’éléments socio-économiques ont favorisé cette hausse (crise sanitaire, micro-entreprise…), mais ils ne suffisent pas à expliquer l’ampleur du phénomène. Si l’entrepreneuriat pouvait encore faire peur il y a 20 ou 30 ans, il est perçu aujourd’hui comme le moyen de construire son propre système de valeurs.

Les facteurs qui motivent une personne à devenir entrepreneur sont divers et variés : vouloir être indépendant, changer de vie, relever de nouveaux défis, augmenter ses revenus, ou ne pas avoir le choix. Pour un certain nombre, c’est le moyen de se transcender et de s’extraire des carcans imposés par la société qui peuvent être destructeurs. Ce ne sont pas le diplôme, l’âge ou le milieu social auquel on appartient qui influeront sur la décision, mais un socle solide et des convictions profondes. 

L’entrepreneuriat : vecteur de diversité 

L’entrepreneuriat a ceci de bien qu’il est accessible à tout le monde, n’étant restreint à aucun métier ni profil type. D’ailleurs, 54% des créateurs d'entreprise ne sont pas diplômés ou ont un niveau d'étude CAP / BEP / BAC. L’âge également n’est pas un critère, même si de nombreux articles font l’éloge de jeunes startupers qui ont la vingtaine, à l’image de Steve Jobs et Mark Zuckerberg. L’expérience et le parcours sont assurément autant d’atouts pour se lancer et réussir : les créateurs d’entreprise ont en moyenne 37 ans et 80% qui capitalisent sur leur passé professionnel sont encore actifs après trois ans, notamment grâce à une faculté de résilience accrue ou encore à la manne financière qui a pu être accumulée. Parmi eux, nous pouvons citer Jack Ma, fondateur d’Alibaba à 35 ans, ou encore Amancio Ortega Gaona et Rosalía Mera qui ont créé l’empire Zara à respectivement 39 et 31 ans. Mais là encore, l’aspect pécuniaire peut être contrecarré par des levées de fonds.

Finalement donc, le niveau d’étude ou social n’a rien à voir. L’entrepreneuriat rassemble ainsi une quantité de profils éclectiques qui néanmoins, se rejoignent sur des qualités essentielles : la passion, la confiance en soi et la prise de risque, l’ambition, la détermination et la persévérance, le goût du challenge et le leadership.

L’entrepreneuriat : moteur d’épanouissement individuel et économique

C’est avant tout l’idée d’action qui émerge à travers cette notion et qui, avant de se traduire par le nom d’une société, se manifeste par la volonté de repousser ses limites, d'avoir conscience du périmètre de ses compétences et d’enrichir sa vision en sollicitant un accompagnement. Cette approche permet d’acquérir une perception plus fine des obstacles qui peuvent se présenter et des améliorations à apporter pour atteindre ses objectifs. Mais elle est aussi salutaire car elle confère à n’importe quel individu la capacité de mûrir plus vite et de récolter à plus ou moins courte échéance les fruits de son travail. En effet, une idée peut être bonne, mais si elle est mal conduite, n’aboutir à rien.

Fort de ce constat, il est important d’intégrer un business plan dans son processus entrepreneurial : "Il est la forme écrite de l’exercice de conviction communicant la vision stratégique du porteur de projet (ou des porteurs) et montrant que le modèle envisagé peut générer suffisamment de valeur partageable pour être soutenu par la partie à laquelle le document est adressé et dont des ressources sont attendues". Il inscrit le projet dans le temps par l’explicitation des moyens employés pour aboutir aux résultats escomptés. Caractérisant l’engagement du créateur, ce document s’avère nécessaire pour mobiliser une équipe et d'éventuels investisseurs qui feront croître le projet, quelle que soit son envergure.

En ouvrant le champ des possibles, l’entrepreneuriat permet de donner un nouveau souffle à sa vie et de contrecarrer les freins trop souvent imposés par la société. Outil au service de la réussite personnelle, il libère la créativité et permet de répondre aux aspirations profondes de chaque individu tourné de plus en plus vers son rapport au monde.