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Le pourrissement cérébral fait de plus en plus de victimes - ce nouveau mal touche surtout les jeunes

La prestigieuse université d'Oxford vient de désigner "brain rot" (pourrissement cérébral) comme expression de l'année 2024. Ce mystérieux phénomène fait de plus en plus parler de lui.

Chaque année, le dictionnaire "Oxford" met en lumière un mot qui capture l'esprit du temps. En 2013, c'était "selfie". Cette année, parmi six finalistes soumis au vote de 37 000 personnes, c'est une expression anglaise plus inquiétante qui l'emporte : "brain rot" qui se traduit littéralement par pourriture cérébrale.

Le terme, encore méconnu en France, pourrait faire penser à une infection parasitaire ou une mystérieuse dégénérescence neurologique. Il n'en est rien. Le brain rot désigne un phénomène beaucoup plus quotidien : la détérioration supposée de nos capacités mentales causée par une surconsommation de contenus pauvres sur internet. Attention cependant, le "pourrissement cérébral" n'est pas un terme scientifique mais une expression entrée dans la culture populaire anglo-saxonne. Mais une consommation à outrance de ces contenus pauvres a des effets bien réels sur le cerveau.

Pour comprendre l'ampleur du problème, prenons l'exemple d'une vidéo baptisée "skibidi toilet" : une animation de onze secondes montrant une tête humaine sortant d'une cuvette de toilettes en chantant des paroles sans sens. Cette vidéo a été visionnée plus de 215 millions de fois sur YouTube et a généré des centaines de millions de références sur TikTok.

Au-delà de l'aspect anecdotique, une consommation de ces contenus à outrance a des conséquences bien réelles. Des chercheurs de l'école de médecine de Harvard, l'université d'Oxford et le King's College de Londres ont publié conjointement une étude alarmante. "Les niveaux élevés d'utilisation de l'internet et de multitâches dans les médias sont associés à une diminution de la matière grise dans les régions préfrontales", indique-t-elle. L'étude note aussi une baisse de la durée d'attention et une déformation des processus cognitifs.

L'attention, cette faculté essentielle à l'apprentissage et à la réflexion, est donc particulièrement touchée. Les recherches du Dr Gloria Mark, professeure d'informatique à l'Université de Californie, sont édifiantes : notre capacité de concentration sur écran est passée de deux minutes et demie en 2004 à 47 secondes aujourd'hui. Une chute vertigineuse qui pose question sur l'avenir de nos capacités intellectuelles.

Face à ces constats, des mouvements de résistance émergent. Des adolescents optent pour des téléphones basiques, des campagnes prônent une enfance sans smartphone. Des lueurs d'espoir dans un tableau autrement sombre, qui nous rappellent qu'il est peut-être temps de reprendre le contrôle de nos cerveaux avant qu'ils ne pourrissent définitivement.