Et si nous arrêtions de faire semblant ? Derrière les fêtes, une réalité silencieuse

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Solitude, dépression saisonnière, changement d'humeur, perte d'envie, fatigue émotionnelle, repli sur soi : ces réalités touchent des millions de personnes, mais on en parle trop peu.

Chaque année, c’est la même injonction : soyons heureux. Les fêtes de fin d’année arrivent, et avec elles la promesse d’un enchantement collectif. Décorations scintillantes, réunions familiales, bilans enthousiastes, résolutions ambitieuses… Pourtant, derrière les sourires affichés sur les réseaux sociaux, un fait demeure : pour une part grandissante de la population, cette période est l’une des plus difficiles de l’année.

Solitude, dépression saisonnière, changement d’humeur, perte d’envie, fatigue émotionnelle, repli sur soi : ces réalités touchent des millions de personnes, mais on en parle trop peu. On préfère maintenir le mythe d’un mois de décembre radieux, sans heurts, sans failles. Or le malaise n’est pas une anomalie : il est humain.

Le paradoxe du mois de décembre : l’abondance qui vide l’intérieur

Ce mois, censé être synonyme de chaleur, accentue souvent les fractures émotionnelles. Face à l’intensité des attentes sociales, beaucoup se sentent en décalage. Comment ressentir de la joie lorsqu’on peine déjà à maintenir l’équilibre ? Comment célébrer lorsque l’on est submergé par la pression professionnelle, les tensions familiales ou l’impression diffuse d’être « en retard sur sa vie » ?

Le problème n’est pas que les fêtes existent. Le problème est que nous ne laissons aucun espace à ce qui ne se voit pas, aux émotions moins photogéniques, moins festives, mais tellement plus authentiques.

La solitude n’est pas un échec. C’est un signal.

J’accompagne des personnes qui traversent des périodes de transition, de doute, de perte de repères. Et chaque année, la même question revient : « Pourquoi je me sens si mal, alors que je devrais me sentir bien ? » La réponse est simple : parce que le corps et l’esprit parlent, même lorsque la société nous demande de nous taire.

Ce que nous vivons en fin d’année n’est pas de la fragilité, mais une saturation émotionnelle. Le rythme s’intensifie, les obligations s’accumulent, la comparaison sociale explose. Ce cocktail crée une pression qui nous pousse à nous isoler, à nous renfermer, parfois même à perdre le goût de ce qui nous animait jusqu’ici.

Se reconnecter quand tout pousse à se déconnecter

Aujourd’hui, il est important d’aider chacun à :

  • Identifier ses signaux internes avant qu’ils ne deviennent envahissants,
  • Sortir du sentiment d’impuissance face aux variations d’humeur,
  • Retrouver de l’envie, de l’élan, de la clarté,
  • Recréer du lien avec soi, avant d’essayer de le recréer avec les autres.

L’objectif n’est pas de « réparer » les personnes, elles ne sont pas cassées, mais de leur offrir des outils pour redevenir actrices de leur énergie émotionnelle.

Accepter que les fêtes ne soient pas magiques… pour qu’elles puissent le devenir autrement

Il est temps de normaliser le fait que la joie n’est pas obligatoire, que chacun a le droit de vivre cette période à son rythme, sans masque, sans performance émotionnelle. Paradoxalement, c’est en cessant de faire semblant que l’on se donne la possibilité d’aller mieux. Pour beaucoup, la magie des fêtes ne se trouve pas dans les décorations ou les réunions familiales, mais dans la permission qu’ils s’accordent enfin : celle d’être sincères avec eux-mêmes.

En tant que société, nous avons tout à gagner à ouvrir l’espace du dialogue, à reconnaître la pluralité des vécus, à soutenir celles et ceux pour qui décembre n’est pas un conte de fées.

Parce que derrière chaque silence, il y a un être humain.

Et derrière chaque repli, un besoin qui cherche à être entendu.