Vivendi : enfin une major numérique française ?

En entrant en négociation exclusive avec Telefonica pour la vente de sa filiale télécom brésilienne GVT, Vivendi poursuit sa stratégie de recentrage sur les médias et le contenu.

Une stratégie aujourd’hui payante puisque le géant français devrait parvenir à effacer sa dette géante, établie à 17,4 milliards l’an dernier, et revenir dans le vert d’ici la fin de l’année.
Une évolution qui devrait aussi lui permettre de se placer en première ligne des fournisseurs de contenu culturel numérique et être en position de force pour négocier un meilleur partage de la valeur avec les géants du Web.

Vivendi se débarrasse de ses actifs télécoms : SFR, Maroc Telecom et bientôt GVT

Vincent Bolloré, nouveau président du conseil de surveillance de Vivendi, va-t-il réussir à remettre le groupe sur les rails et en faire le premier producteur mondial de contenu culturel ? En cédant l’ensemble de ses actifs Telecoms, le groupe a depuis novembre 2012 mis en place une stratégie de repositionnement sur la production de contenu. Un virage qui a débuté en novembre dernier avec la vente de Maroc Telecom pour 4,2 milliard d’euros à l’émirati Etisalat suivi par la vente de SFR à Numericable en avril pour 17 milliards d’euros. Fin août, le groupe finalisait ses ventes Telecoms en entrant en négociation exclusive avec Telefonica pour la vente de GVT, l’opérateur Telecom brésilien, avec une proposition à 7,45 milliards d’euro qui permettrait à Vivendi de dégager une plus-value de 3 milliards d’euros.
Des ventes qui devraient non seulement lui permettre de renouer avec les bénéfices mais aussi afficher une stratégie basée sur la production musicale et audiovisuelle via ses deux filiales phares, Universal Music et Canal+. Dans un communiqué publié fin août commentant les résultats du second trimestre 2014, le groupe a confirmé qu’il « entame une nouvelle phase de construction et entend devenir un groupe industriel intégré orienté vers les médias et les contenus. Il a pour objectif un développement par la croissance organique de ses filiales et leur étroite collaboration, tout en ne s’interdisant pas de détenir des positions minoritaires dans des sociétés alliées pour distribuer des contenus ».

Une nouvelle major numérique de production et diffusion culturelle

Un repositionnement qui maximisera les synergies au sein du groupe, trop rares jusqu’à présent.
La multiplication des filiales n’avait en effet pas aidé à créer d’axe stratégique commun. Une donnée que l’entreprise espère faire évoluer rapidement sous l’impulsion de Vincent Bolloré : « Si l'on regarde aujourd’hui les activités médias qui composent le groupe on constate que la croissance de chaque entité est modeste. Mais le groupe recèle une valeur cachée qui est celle des synergies pouvant être mises en œuvre. Il faut combiner les forces de ces différentes affaires. Canal + doit se développer sur les marchés anglo-saxons, mais il est très difficile de le faire par lui-même. Or, Universal Music et son patron Lucian Grainge sont des stars des médias aux États-Unis, ils devront aider Canal +, ce qui lui fera gagner du temps et de l'argent. »
Le groupe devrait aussi s’appuyer sur sa position dominante en tant que fournisseur de contenu culturel (musique, films, séries …) pour mieux négocier le partage de la valeur avec les géants du numérique tels Apple, Google ou Netflix. Un partage de la valeur longtemps à l’avantage des géants du Web mais en passe d’évoluer en faveur des artistes et de l’industrie de la création. Les distributeurs de contenu ont en effet un besoin croissant en contenu de qualité poussé par une demande des internautes pour du contenu à forte valeur ajoutée. La tendance du « tout-gratuit » numérique s’éloigne de plus en plus pour laisser la place à des offres qualitatives par abonnement type Netflix, ou Spotify Premium.
Enfin Vivendi ne renonce à ses ambitions en matière de distribution de contenu. Le groupe Canal +, avec sa plateformes SVOD CanalPlay sera le principal concurrent de Netflix en France. Il détient aussi des participations dans Vevo (plateformes de vidéo musicale), Spotify ou les Studio Bagel (chaine YouTube) qui devraient lui permettre de jouer la double carte production/distribution de contenu culturel du marché numérique.