Radioplayer : les radios françaises dévoilent leur plateforme commune

Radioplayer : les radios françaises dévoilent leur plateforme commune Le service, accessible gratuitement sur le Web et via l'univers applicatif, regroupe 200 radios, 600 webradios et des milliers de podcasts.

Sibyle Veill a du mal à cacher son enthousiasme au moment d'officialiser le lancement de Radioplayer France lors d'une conférence de presse ce 8 avril. "C'est la première fois que tous les acteurs de la radio, issus du privé comme du public, sont réunis autour d'un projet commun !" Certes, la patronne du groupe Radio France oublie qu'un acteur d'envergure, Skyrock, manque à l'appel, mais la plateforme, qui regroupe 200 radios (dont Europe 1, France Inter, Les Indés Radios, NRJ, RMC, RTL…), 600 webradios, et des milliers de podcasts, réunit du beau monde. Ils sont six associés fondateurs : Altice Média, Lagardère News, les radios du groupe M6, Les Indés Radios, NRJ Group et Radio France, et une myriade de partenaires dont la liste devrait s'allonger dans les prochaines semaines. "Toutes les radios sont les bienvenues dès lors qu'elles disposent d'une fréquence DAV+ ou FM", précise Yann Legarson, directeur général de Radioplayer France. Parmi elles, quelques marques reconnues comme Radio Classique, Radio Nova ou TSF Jazz y sont déjà disponibles. Au total, on y trouve plus de 100 000 émissions ou chroniques, replays et podcasts natifs.

'L'intermédiation des services d'agrégation pose un risque majeur sur la qualité de diffusion de nos programmes, avec des acteurs qui n'ont aucun scrupule à insérer des contenus ou des publicités qui altèrent notre signal"

Après une première tentative ratée en 2014, les grands groupes de radio retentent donc leur chance. "L'échec de Direct Radio nous a permis d'apprendre ce qu'il ne fallait surtout pas faire, commente Régis Ravanas, DG du pôle audio du groupe M6. La grande différence aujourd'hui, c'est que les intérêts de tous les membres fondateurs sont alignés." Il faut dire qu'il y a urgence alors que près de 15% des auditeurs écoutent la radio en ligne et qu'une bonne partie de ces écoutes se font via des plateformes d'agrégation comme TuneIn, sur lesquelles les grands groupes de radio n'ont aucune prise. "Cette intermédiation pose un risque majeur sur la qualité de diffusion de nos programmes, avec des acteurs qui n'ont aucun scrupule à insérer des contenus ou des publicités qui altèrent notre signal", analyse Régis Ravanas. Un autre acteur est directement concerné par cette alliance : Apple, dont l'application native contribue aujourd'hui à une bonne partie des écoutes replay des géants de la radio. Des écoutes sur lesquelles ces derniers n'ont que très peu de statistiques à ce jour.

S'allier autour d'une plateforme commune, c'est se donner les moyens de maîtriser les données d'usages et d'audiences qui sont indispensables à l'amélioration de son offre digitale. "C'est aussi donner vie à un interlocuteur unique qui pèsera plus dans les négociations avec les GAFA", souligne Marie Renoir Couteau, patronne de Lagardère Publicité News. Radioplayer est accessible dans la majorité des environnements hébergés par ces derniers : enceintes connectées (Alexa, Google Home), smart TV (Apple TV, Android TV), dispositifs connectés (Apple Watch, Android Wear) et les environnements dédiés à la voiture (Android Auto, Apple Car Play). Une attention toute particulière sera donnée à l'écoute dans la voiture, qui contribue aujourd'hui à la moitié des écoutes radio. "L'objectif, c'est de devenir le bouton radio du tableau de bord", prévient Arthur Dreyfus, DG d'Altice Media. Des accords ont déjà été signés avec BMW, Volkswagen et Polestar, filiale électrique de Volvo, pour intégrer Radioplayer à leur système propriétaire. L'utilisateur n'aura plus besoin de se connecter via son smartphone pour écouter ses radios préférées. "Nous discutons avec tous les constructeurs présents sur le marché européen", précise Yann Legarson.

"L'objectif, c'est de devenir le bouton radio du tableau de bord de la voiture"

Radioplayer France veut proposer une expérience avec le moins de friction possible, "à l'image de ce que l'utilisateur expérimente lorsqu'il écoute la radio de manière classique", justifie Yann Legarson. Pas d'abonnement payant ou de login (qui aurait été utile pour récolter des données consommateurs). Pas de surpression publicitaire non plus, ce qui devrait donner un réel avantage au service par rapport aux agrégateurs qui, eux, en font le cœur de leur modèle économique. "Les seules publicités proposées sont celles qui sont diffusées directement par les radios", précise Yann Legarson. La plateforme pioche également dans ce qui a fait le succès des grandes plateformes de streaming vidéo comme Netflix. "Nous avons mis au point un algorithme de recommandation qui nous permettra de proposer à l'utilisateur les radios qu'il aime au moment où il les aime", ajoute Yann Legarson. L'algorithme s'appuie sur les données d'usage de la plateforme mais aussi celles des radios, qui sont remontées par Médiamétrie. Une fonction start-over permettra bientôt à l'utilisateur de revenir au début d'une émission radio quand elle est déjà lancée

Pour en faire le point d'accès préférentiel à la radio à ligne, les fondateurs de Radioplayer France ne regarderont pas à la dépense. La plateforme dispose d'un budget de fonctionnement de "plusieurs centaines de milliers d'euros" ventilés équitablement entre les associés et d'une enveloppe de plusieurs millions d'euros pour financer une campagne de promotion diffusée à partir du 26 avril, en radio, à la télévision, en presse papier et sur le digital.