MaaS : l’eldorado du développement des nouvelles mobilités
Favorisé par la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), le concept de MaaS (Mobility as a Service) repose sur l’agrégation, au sein d’une même application, de différents services de mobilités et d’outils de billettique et d’information.
La littérature sur la toile autour du concept MaaS (Mobility as a Service) ne manque pas. Mais s’il est souvent abordé d’un point de vue technologique, parfois complexe, il permet avant tout une utilisation simplifiée et fluidifiée des différents modes de mobilité. Ce faisant, il favorise les moyens de transport plus durables et permet de lutter contre la pollution et la congestion des villes en offrant des alternatives à l’autosolisme, et enclenche par la même occasion dans le secteur des transports - comme dans d’autres avant lui - le passage d’une économie de la possession vers une économie de l’usage.
Mais pour ce faire, encore faudrait-il que l’offre de MaaS réponde à certains critères essentiels, tels que l’exhaustivité de l’offre de transport intégrée, la fiabilité de l’information via une actualisation en temps réel, ou encore – dans sa version la plus poussée – la personnalisation de cette dernière selon le profil et les préférences de l’utilisateur.
L’illustration la plus aboutie à ce jour est sans aucun doute l’application Whim : elle permet en effet depuis plusieurs années maintenant aux habitants d’Helsinki de planifier, réserver et payer l’ensemble de leurs trajets, via différentes offres d’abonnement pour des usages ponctuels à illimités. Si la Finlande semble avoir une longueur d’avance dans le domaine, la France n’est pas en reste pour autant ! En effet, e-voyageurs SNCF a par exemple récemment fait évoluer son application en un assistant pour les mobilités avec pour vocation de regrouper, à termes, la majorité des modes de transport, et ce sur l’ensemble du territoire : de quoi grandement faciliter les déplacements des 5 millions de voyageurs empruntant chaque jour son réseau, mais aussi ceux d’autres utilisateurs sur de plus courtes distances.
Plusieurs modèles
Evidemment, de nombreuses autres initiatives existent, la plupart des acteurs de la mobilité cherchant aujourd’hui à tendre vers ce Graal. On voit ainsi émerger divers modèles comme autant de protagonistes sur le marché : fournisseurs de service opérant sur un territoire défini via une délégation de service public (comme c’est le cas de Whim) ; opérateurs privés de transport public proposant un produit en marque blanche aux collectivités (exemple avec Keolis et son application Star) ; ou encore acteurs privés élargissant progressivement leur offre via des rachats ou partenariats (tels que Uber, ayant intégré à son service initial de VTC les vélos et trottinettes électriques en libre-service Jump).
C’est donc un nouveau territoire concurrentiel qui voit le jour. Or, faciliter réellement l’adoption et l’usage de TOUTES les mobilités passera par l’intégration de l’ensemble des modes de transport d’un même territoire dans une plateforme unique, que les utilisateurs pourront s’approprier facilement. Se pose alors la nécessaire question de la légitimé. Quel acteur pour jouer ce rôle d’agrégateur global ? Les collectivités, par leur neutralité sur le sujet et leur proximité avec les enjeux de mobilités dans leur territoire pourraient sembler bien placées. D’ailleurs, en obligeant une entreprise à proposer dans son application MaaS l’intégralité d’un service de transport (bus, train, vélo…) sur un territoire donné, la LOM incite fortement ces mêmes institutions publiques à s’approprier cette problématique.
Crispations à dissiper
La LOM transpose par ailleurs dans le droit français une directive européenne qui impose l'ouverture des données des services de transport. Chacun d’entre eux devra ainsi partager sa précieuse data, notamment pour que les systèmes de billettique puissent être intégrés au sein d'autres plateformes. Une obligation nécessaire à l’émergence du MaaS, mais qui peut effrayer les différents acteurs de la mobilité, qui, pour intégrer une telle plateforme, sont parfois contraints de coopérer avec leurs propres concurrents.
Néanmoins, je reste convaincu que la décision de partager ses données ne doit nullement être un frein, sous réserve évidemment d’une bonne gouvernance (RGPD, confidentialité, anonymisation, etc.). En effet, plus il y a d’opérateurs de transport au sein d’une application MaaS, plus l’intérêt d’une telle plateforme augmente pour les utilisateurs. Or, plus il y a d’utilisateurs, plus l’intérêt d’y participer est grand pour un opérateur de transport, lequel aura accès à une base de clients nécessairement plus large. La logique de coopération qui participe au développement du MaaS semble ainsi parfaitement vertueuse, en ce que la croissance de l’un sert in fine la croissance de l’autre. Ainsi, acteurs des nouvelles mobilités, faites grandir ensemble l’utilisation globale de celles-ci : partagez vos données pour que la promesse du MaaS devienne enfin une réalité !
Pascal Melet est le directeur général d'Autonomy. Ce salon, dont le JDN est partenaire, est dédié aux professionnels des mobilités. Il rassemble aussi bien les entreprises du secteur que les collectivités à la recherche de nouvelles solutions. Sa quatrième édition se déroulera les 16 et 17 octobre à la Grande Halle de la Villette, à Paris.