Quel avenir pour le secteur automobile ?

Que vont devenir ces constructeurs automobiles avec la fin des moteurs thermiques annoncée pour 2040 ? Pourquoi et comment vendent-ils encore des SUV très polluants alors que des sanctions ont été mises en place ?

La réglementation va imposer d’ici 2040 à l’industrie automobile l’interdiction de vendre des véhicules neufs équipés de moteurs thermiques. Elle continue à vendre des SUV très polluants et pourtant elle propose des véhicules hybrides et électriques. Cette contradiction dans leurs ventes n’est pas la seule. Des arrangements entre concurrents ont été remarqués afin de détourner les normes imposées par Bruxelles.

Le comportement malavisé des constructeurs :

- La tromperie des véhicules hybrides :

Pour rappel, les véhicules hybrides sont rechargeables sur une prise. Jusqu’à 50 km/h il fonctionne à l’électricité et au-delà le moteur thermique prend le relais. Ils se rechargent tout seuls lors des phases de décélération ou de freinage lors de l’utilisation du moteur thermique. Les émissions de CO2 des véhicules hybrides rechargeables restent supérieures à ce que les constructeurs annoncent officiellement, assure l'ONG Transport & Environment (T&E) qui a analysé le comportement de trois des modèles les plus vendus en 2020. En effet, les émissions des véhicules hybrides pourraient dépasser de 30 à 90% les données avancées par les constructeurs.

- Le non-respect du plafond d’émission de CO2 par véhicule :

Depuis 2020, l’Union Européenne a mis en place un système d’amendes pour les pollueurs. Chaque constructeur s’est vu imposer un plafond d’émissions de CO2 par véhicule. Il est fixé à 95 grammes par kilomètre pour les voitures légères et à 133 g/km pour les SUV.

Afin d’arriver à un bilan d’émission positif, certains constructeurs de véhicules thermiques ont constitué une alliance avec des constructeurs de véhicules électriques. Ils mutualisent ainsi leurs ventes déclarées auprès de Bruxelles pour éviter de payer des pénalités.

Par exemple, le constructeur Fiat dépasse le plafond mutualise ses ventes de véhicules avec l’entreprise de véhicules électriques Tesla. Il va sans dire que l’arrangement reste moins coûteux pour Fiat : payer Tesla revient moins cher que de payer l’amende de l’Union Européenne.

- Des voitures de plus en lourdes :

Chaque année le poids des nouveaux véhicules augmente d’environ 30%.

De plus, les voitures hybrides sont plus lourdes que leurs homologues entièrement thermiques. En effet, un véhicule hybride comporte tout le système d’un véhicule thermique auquel vient s’ajouter celui d’un véhicule électrique avec ses lourdes batteries. Tracter ce véhicule lourd demande plus d’énergie et consomme d’autant plus.

Les nouveaux entrants dans le secteur automobile :

Aujourd’hui, des nouveaux acteurs dans la mobilité tels que Tesla, Uber, Lift, Virtuo ou encore Ubeeqo ont compris les enjeux de la mobilité électrique et souhaitent se placer sur ce marché.

- Le plus connu : Tesla

Tesla est un constructeur d'automobiles électriques grand public dont le dirigeant actuel est Elon Musk. La mission annoncée de Tesla est « d’accélérer la transition mondiale vers un schéma énergétique durable » notamment en stimulant la compétitivité automobile à motorisation électrique. La marque se distingue par ses performances ainsi que par les technologies embarquées de ses véhicules.

- Les VTC

Uber, le mastodonte du VTC s’est engagé à devenir une plateforme zéro émission d'ici 2040. En effet, l'entreprise a annoncé qu’elle va investir 800 millions de dollars. Ses politiques d'accompagnement varient d'un pays à l'autre.

Aux États-Unis et au Canada, les chauffeurs utilisant une voiture électrique recevront désormais via l'application 1.50 $ pour chaque trajet.

Uber n'est pas la seule entreprise de VTC à afficher des ambitions électriques. Il y a quelques mois, son concurrent Lyft a annoncé des objectifs similaires, assurant vouloir une flotte 100 % électrique d'ici à 2030.

- Les voitures en libre-service :

Les nouveaux acteurs des voitures en libre-service comme Ubeeqo, GetAround ou Car2go (groupe Mercedes) proposent des flottes de véhicules en grandes partie électriques et hybrides. Leur utilisation est optimisée, en effet à la fin de chaque location, l’utilisateur ramène le véhicule à la borne de recharge initiale afin que la batterie se recharge.

Le constructeur Hyundai a réinventé son modèle économique en s’associant à la startup Virtuo qui est spécialisée dans la location dématérialisée de voitures. Leur partenariat est basé sur un business model encore inconnu en France : la répartition de rémunérations de marges entre les parties prenantes (en anglais « revenue sharing »).

- Certains GAFAMS :

Il ne faut pas oublier que le véhicule autonome n’est pas juste une voiture sans conducteur, c'est tout un écosystème avec des services et une plateforme pour y accéder. 

Éloignées au départ du secteur des transports, les plateformes des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) ont progressivement créé des monopoles. Outre de grandes ressources financières et de considérables équipes de recherche, ces acteurs ont noué une relation avec le citoyen à grande échelle. Cela a commencé à travers des applications mobiles telles que Google Maps ou encore Waze ; aujourd’hui Google propose sa « Waymo » une voiture électrique et autonome. Par ailleurs, le projet très secret de « Apple Car » connu sous le nom « projet Titan » serait une voiture électrique autonome.

Quelle place reste-t-il pour les acteurs traditionnels ?

Afin de se suivre le mouvement, certains constructeurs ont fusionné, d’autres proposent des véhicules électriques en libre-service. Les constructeurs automobiles prennent conscience du tournant imminent qu’il faut prendre vers l’électrique ; ils ne veulent pas disparaître face à des acteurs montants plus souples, plus jeunes et plus préparés à la mobilité de demain.

- La fusion : Fiat-Chrysler avec PSA :

Afin d’assurer leur passage à l’électrique, PSA et Fiat-Chrysler ont fusionné en ce début d’année pour devenir Stellantis. En effet, Fiat avait parié sur le gaz naturel et cela l’a retardé dans l’électrique. Comme évoqué en début d’article, il y a également le fait que le groupe Italo-américain a dû nouer en 2019 un accord avec Tesla pour racheter des crédits CO2.

De plus, Carlos Tavares (directeur général de Stellantis) s’est exprimé à propos de leur future stratégie : « rendre les véhicules électriques abordables pour les classes moyennes sera l'enjeu des prochaines années ».

Le groupe propose déjà 29 modèles électrifiés via ses 14 marques et lancera 10 véhicules supplémentaires d'ici la fin de l’année. En s'appuyant sur l'avance de PSA dans le domaine, chaque modèle lancé d'ici 2025 aura sa version électrifiée. Le groupe va également renforcer ses offres dans la mobilité à travers ses marques Leasys et Free2Move.

- Le cas Renault :

Renault a dépassé Tesla au niveau de ses ventes 2020 en Europe en vendant plus de 300 000 véhicules dont 100 000 Zoé. Renault continue d’étoffer sa gamme zéro émission avec le lancement de nouveaux produits dont la Twingo Z.E et deux SUV d'ici fin 2022.

En France et en Europe, la Dacia Spring (déjà en vente en Chine) est la « low-cost » électrique de Renault, elle entamera ses livraisons à compter de l’automne 2021. Si on ne connait pas le prix du modèle à ce stade, celui-ci devrait être inférieur à 20.000 euros.

Dernier point, Renault s’appuie aussi sur la création d’un centre d’excellence à l’usine de Douai qui se convertira à l’électrique avec la mise en production à partir de 2021 de la plateforme CMF-EV et des deux SUV.

- Les constructeurs chinois

En termes de chiffre de ventes en 2020 de véhicules électriques, ni Tesla avec 500 000 voitures électriques vendues ni Renault-Nissan ne sont les premiers sur ce marché : le constructeur chinois BYD avec plus de 1,4 millions de véhicules est en tête.

Des constructeurs chinois comme BYD, Aiways, SAIC, Geely, Byton qui sont des grands groupes et des jeunes pousses, se sont lancés ces derniers mois en Europe. Le boom de l'électrique a supprimé la barrière à leur entrée en U.E et la qualité de leurs voitures s'est hissée aux standards européens.

Cela est dû au dynamisme de leur marché intérieur dans le domaine des véhicules électriques dont ils sont devenus les leaders incontournables loin devant l’Europe et les USA.

Conclusion

Les cartes dans le secteur automobiles sont en train d’être redistribuées. Étant donné que l’avenir est au véhicule électrique, la Chine qui dans les prochains mois va être la première puissance mondiale, va devenir le leader du secteur automobile grâce à son avance dans les batteries électriques.

Quant aux acteurs historiques, l’innovation va être leur bouée de sauvetage sinon ils risquent de disparaître définitivement.