Débarrassé de ses ennuis réglementaires, Citygo s'étend en France
Autrefois honnie par les taxis et certains VTC car accusée de pratiquer clandestinement leur activité, scrutée par la DGCCRF, la plateforme de covoiturage Citygo est aujourd'hui rentrée dans le rang. Il faut dire que la loi mobilités est venue renforcer son modèle, dans lequel un accent particulier est mis sur les conducteurs afin de les indemniser un maximum, au détriment des passagers. Ce qui était auparavant aux limites de la légalité, les barèmes kilométriques du covoiturage imposant un partage des revenus équitable entre passager et conducteurs. "La Lom dit que le conducteur peut supporter seulement 1% des frais et le passager 99%", résume Patrick Robinson Clough, fondateur de Citygo. En pratique, la start-up fait payer au maximum 80% du prix du voyage au passager.
Grâce à cette clarification réglementaire, l'entreprise peut jouer à fond sur son créneau qui fait passer l'offre avant la demande. Car Patrick Robinson Clough estime que pour faire décoller le covoiturage, il faut le rendre le moins pénible possible pour les conducteurs. En pratique, la plupart des plateformes manquent en effet de conducteurs par rapport au nombre de passagers souhaitant réaliser des trajets. Ainsi, Citygo ne cherche pas à remplir au maximum les voitures : seul un passager est mis en relation avec le conducteur, afin d'éviter de faire trop de détours, et donc de ne pas décourager les conducteurs. D'autant que le fait d'avoir moins de passagers n'a aucune incidence sur l'indemnisation du conducteur, puisque le coût du trajet n'est pas équitablement partagé, mais repose majoritairement sur le passager.
11 euros par trajet en moyenne
En moyenne, un trajet Citygo coûte 11 euros pour une distance moyenne de 23 kilomètres, soit une indemnisation de 38 centimes par kilomètre. A titre de comparaison, les plateformes de covoiturage domicile-travail proposent des trajets autour de 2 euros en dessous d'une trentaine de kilomètres, puis des tarifs d'une dizaine de centimes par kilomètre. Précisons que contrairement à d'autres acteurs du secteur comme BlaBlaCar Daily (ex-BlaBlaLines), Klaxit ou Karos, Citygo ne s'intéresse pas aux trajets domicile-travail, jugeant le covoiturage inadapté aux contraintes professionnelles (risque de retards, manque de fiabilité…), mais plutôt aux autres trajets courte distance hors de ces heures de pointe. La start-up ne bénéficie donc pas de voyages subventionnés par les autorités de transport.
Comme ses concurrents, la plateforme a souffert du covid, voyant son activité réduite à néant au plus fort de la crise. Elle a retrouvé en mai 70%, de son activité pré-confinement et estime qu'elle retrouvera d'ici fin juillet les 100%, c'est-à-dire 200 000 trajets mensuels. Longtemps focalisé sur l'Ile-de-France, Citygo a entamé son expansion au reste du pays mi-juin, avec les lancements de Lille et Lyon. Viendront ensuite Marseille et Nice d'ici la fin de l'année, puis Toulouse en 2022. Pour préparer ces lancements, Citygo monte dans chaque ville des groupes d'une centaine de conducteurs qu'elle rencontre et forme à l'usage de l'appli, afin de s'assurer d'avoir une offre disponible dès le premier jour. Citygo commence aussi à mettre le cap sur l'international, avec un lancement dans un pays européen déjà identifié, mais encore gardé secret, au quatrième trimestre 2021.