"Un cauchemar en matière d'intimité" : les voitures connectées savent tout de leurs propriétaires et revendent leurs données

"Un cauchemar en matière d'intimité" : les voitures connectées savent tout de leurs propriétaires et revendent leurs données Dans son étude, la fondation Mozilla a constaté d'importants manques en termes de confidentialité, certains constructeurs peuvent récupérer des données particulièrement étonnantes.

On ne le sait pas forcément mais les Français sont de grands amateurs de voitures connectées. Dès 2021, le cabinet KPMG estimait à pas moins de 11 millions le nombre de véhicules connectés dans l'Hexagone, soit un quart du parc automobile français. Un chiffre qui depuis a forcément augmenté. Il faut dire qu'une voiture connectée n'es pas forcément un véhicule haut de gamme, mais simplement un véhicule "lié à Internet', rappelle Statista, généralement via un smartphone.

Dans la même étude, KPMG estime que le marché de la donnée automobile pourrait atteindre entre 250 et 400 milliards de dollars à horizon 2030 grâce à la croissance du volume de données générées. Un enjeu financier qui pose des questions quant à la protection des données des automobilistes. Dans ce domaine, 42% des cadres de l'industrie automobile interrogées par KPMG en 2021 citent en premier les constructeurs comme acteur auquel les consommateurs font le plus confiance.

Depuis, le résultat à cette question semble mis à mal. En effet, une étude présentée par la fondation Mozilla, un organisme à but non lucratif, est sans appel :"les voitures modernes sont un cauchemar en matière d'intimité". Elle révèle notamment "que des constructeurs automobiles connus et vendus dans le monde entier comme BMW, Ford, Toyota, Tesla, Kia et Subaru peuvent recueillir des données très personnelles concernant par exemple l'activité sexuelle, la situation en termes d'immigration, l'origine ethnique, les expressions faciales, le poids, l'état de santé et le patrimoine génétique, ainsi que des informations sur les trajets effectués".

Toutes ces données sont collectées grâce aux capteurs, microphones, caméras du véhicule, ainsi que par les téléphones et les appareils connectés à elles. Par exemple, le constructeur coréen Kia ne se cache. Sur la page de sa politique de confidentialité, elle affirme recueillir des informations quant à la "vie sexuelle" ou "l'orientation sexuelle" de ces utilisateurs.

De plus, 84% des 25 marques automobiles étudiées expliquent partager les données personnelles avec des entreprises tierces. Et les trois-quarts d'entre elles (76%), affirment "pouvoir vendre vos données personnelles", comme Hyundai ou Mercedes. Le rapport signale également des lacunes en termes de consentement. Par exemple, selon la politique de confidentialité de Subaru, un simple passager d'un véhicule est considéré comme un utilisateur acceptant sa politique de confidentialité, simplement en prenant place à bord d'un véhicule de la marque. "Appelez-nous fous, mais nous ne pensons pas que le simple fait de s'asseoir sur le siège passager de la Subaru de quelqu'un devrait signifier que vous consentez à ce que vos informations personnelles soient utilisées pour, enfin, à peu près n'importe quoi", écrivent les auteurs du rapport.