Finance verte, le vent se lève
Au vent mauvais. Qui emporte deçà delà ce qui naît. Sujet à tout va, l'environnement est aujourd'hui victime de son succès. Auteurs, journalistes, politiques et d'autres nous expliquent le vert monde de demain. On peut se demander aux diverses lectures sur l'écologie si la question financière n'est pas insuffisamment travaillée et exposée.
Nerf de la guerre, la finance est le levier indispensable pour une transition sociéto-écologique. La finance fait bouger les lignes ! Qu’importe nos opinions diverses sur son utilité ou sa compréhension complexe : il est temps de s’en servir pour écrire la page blanche de demain.
Quel avenir pour la finance ?
La finance doit se réinventer et d’avantage prendre part au débat environnemental : cet esprit a conduit fin 2015 - à la suite de la COP 21 - au lancement du label Greenfin. Cherchant à verdir la finance, ce label dépend du ministère de la Transition écologique et non de l’Economie et des Finances.
Que garantit ce label ?
Cette certification garantit une meilleure transparence. Ce label public définit une liste d’activités nommé "éco-activités", ancrée dans l’économie réelle, que les fonds doivent financer : agriculture biologique, bâtiments énergétiquement performants, énergie renouvelable, économie circulaire, gestion durable des forêts, industrie verte, rénovation thermique, transports propres.
Chaque activité financée par ce label est sujette à débat. Une voiture électrique est-elle plus écologique qu’une voiture à essence ? Une voiture Tesla de 1,8 tonnes, fabriquée en Chine, où l’électricité est produite par des centrales à charbon est-t-elle plus verte qu’une petite citadine ? Dans la même idée, les pesticides de synthèse sont-ils plus nocifs pour l’environnement que certains pesticides bio alors même que ces derniers sont moins efficaces et compensés par des produits hautement chimique ? Le philosophe, l’épistémologue, le scientifique et l’économiste doivent prendre part à ce débat pour construire le monde de demain.
Que ne garantit pas ce label ?
Ce label ne garantit pas un rendement, il garantit un investissement écologique. L'objectif du label est de mobiliser une partie de l’épargne au service de la transition énergétique et écologique ; autrement dit, d’inciter les fonds à investir dans l’économie verte. Comparé à d’autres labels, ce label ne se concentre que sur l’impact environnemental.
Cette appellation proscrit les énergies fossiles et nucléaires. Le paradoxe est que le nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre. Le choix cornélien de retirer ou non l’énergie atomique est source de débat, tous les experts ne sont pas d’accord dans le rôle qu’il devrait jouer dans la décarbonisation de l’économie. Le gouvernement justifie ce choix en expliquant que l’impact en terme de carbone n’est pas le seul point regardé pour l’attribution de ce label ; c’est l’ensemble de l’impact sur la biodiversité, l’utilisation des sols et les polluants émis de manière générale qui est regardé. Drôle de réponse pour un pays dont le parc nucléaire produit 70,6% de l’électricité en France métropolitaine sur l’année 2019 [1].
Pourquoi ce label est si marginalisé ?
Etrangement, ce label est sous exploité, les fonds d’investissements en raffolent le moins. D’une part, ce label est difficile à obtenir pour les fonds; d’autre part, les règles sont strictes et les audits très fréquents pour garder ce précieux sésame.
A titre de comparaison :
- Le label Investissement Socialement Responsable (ISR) compte actuellement plus 508 fonds représentant environ 204 milliards d’euros[2].
- Le label Greenfin compte actuellement 45 fonds représentant environ 14 milliards d'euros[3].
Les fonds possédant le label ISR sont donc 4,5 fois plus élevés ! Le retard doit être rattrapé pour le label Greenfin tout en gardant sa fermeté d’obtention.
Que faire pour améliorer l’écologie dans la finance ?
Les conseillers banquiers ne sont que trop mal informés et c’est trop souvent au client de demander à placer son argent sur les fonds labélisés Greenfin. L’assurance-vie n’est pas seulement faite pour financer la retraite ou les études des enfants : elle peut être un véritable choix citoyen en protégeant la biodiversité et luttant contre le changement climatique. Pour cela, vous pouvez placer votre argent sur les fonds certifiés Greenfin.
Nous proposons avec Ecologie Responsable deux principales idées :
- L’Etat doit favoriser les formations des conseillers de gestion de patrimoine sur le label Greenfin. Nous proposons que l’Etat rende obligatoire cette formation et qu’il subventionne en partie cette formation.
- Les fonds doivent être plus transparents sur l’impact de leur poids auprès de l’environnement : à ce titre chaque fond devrait avoir note sur sa gestion écologique. Nous avons tous déjà regardé une vitrine d’une agence immobilière. Sur les biens immobiliers en vente, vous pouvez voir une note correspondant au Diagnostic de Performance Energétique (DPE). C’est une obligation légale ! Dans la même idée, chaque fond financier devrait avoir un DPE.
Sur beaucoup de questions éthico-écologiques, le label Greenfin tranche le débat. Il peut être retravaillé sur certains points mais l’idée centrale est en place [4]. Forcer les financiers à considérer des critères autre que ceux de la rentabilité financière est un immense pas vers une économie verte. La finance de demain est le poumon de ce monde. Un souffle nouveau d’air frais arrive.
[1] Source : Connaissance des énergies, Parc nucléaire français. Voir https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/parc-nucleaire-francais.
[2] Source : Association Française de la Gestion financière (AFG). Voir https://www.afg.asso.fr/solutions-depargne/presentation-isr/label-isr/#:~:text=Au%2031%20ao%C3%BBt%202020%2C%20508,au%2031%2F08%2F2020.
[3] Source Selectra. Voir https://climate.selectra.com/fr/entreprises/label-greenfin
[4] Ce jeune label a beaucoup d’avenir et est sous utilisé.