Présidentielle 2022 : quel bilan éco pour Emmanuel Macron ?

Présidentielle 2022 : quel bilan éco pour Emmanuel Macron ? Croissance, pouvoir d'achat, mais aussi dépenses en R&D et poids de la fiscalité : le Journal du Net a répertorié les différents indicateurs économiques du quinquennat d'Emmanuel Macron.

A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, l'heure des comptes a sonné pour Emmanuel Macron, cinq ans après son accession à l'Elysée. Croissance, chômage, échanges commerciaux, dette publique, pression fiscale, revenus des Français… Où en est-il ?

+4,6% de croissance, malgré le Covid

Au quatrième trimestre 2021, le PIB a augmenté de 0,7% par rapport au troisième trimestre, un niveau plus élevé qu'attendu initialement par l'Insee. Sur l'ensemble de l'année 2021, la croissance s'établit ainsi à 7%, soit la croissance la plus haute depuis 1969. Un record à contrebalancer toutefois. La crise du coronavirus a très largement affecté l'activité en France. La récession avait alors été de 8% en 2020.

Quel bilan peut-on tirer dès lors du quinquennat d'Emmanuel Macron ? Entre le troisième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2021 – dernière donnée établie par l'Insee, l'activité a progressé de 4,6%.

387 000 chômeurs en moins

Si l'on compare le nombre d'inscrits à Pôle emploi, en catégorie A – n'exerçant donc aucune activité – entre le troisième trimestre de l'année 2017, et le dernier trimestre de l'année 2021, on constate une baisse de 387 000 chômeurs, soit une baisse de 11,1%.

Cette diminution est également perceptible, lorsqu'on ajoute les demandeurs d'emploi qui ont exercé une activité partielle ou complète, inscrits en catégories B et C. Elle est toutefois moins importante, puisqu'on dénombre 238 400 chômeurs en moins, soit une baisse de 4,2%.

Même son de cloche pour l'Insee, qui calcule le taux de chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT). La diminution du taux de chômage est nette, et ce, en dépit de la crise sanitaire. "Il est inférieur de 0,8 point à son niveau d'avant-crise (fin 2019) et à son plus bas niveau depuis 2008, si l'on excepte la baisse ponctuelle en 'trompe-l'œil' du printemps 2020, liée à la crise sanitaire", confirmait l'institut dans sa dernière analyse.

Pour rappel, le calcul est différent de celui de Pôle emploi puisque l'Insee calcule le nombre de demandeurs d'emploi selon trois critères : il faut être sans emploi durant une semaine donnée, être disponible dans les deux prochaines semaines pour travailler et avoir effectué une démarche active de recherche d'emploi au cours des quatre dernières semaines. "Etre inscrit à Pôle emploi n'est pas en soi une démarche de recherche active", rappelle l'Insee sur son site.

892 000 emplois créés

Entre le troisième trimestre de l'année 2017 et le quatrième trimestre de l'année 2021, le nombre de créations d'emplois a fortement augmenté : 892 200 emplois ont été créés, soit une hausse de 3,4%, malgré un très fort creux consécutif à la crise sanitaire en 2020.

Le pouvoir d'achat en hausse

C'est un des sujets majeurs de la campagne électorale, marquée par une très forte inflation, consécutive à la crise sanitaire et au conflit en Ukraine. Entre la mi-2017 et la fin de l'année 2021, le pouvoir d'achat a grimpé de 5,5% par unité de consommation, selon l'Insee.

Ce constat est également partagé par une récente étude de l'OFCE. L'organisme établit que le pouvoir d'achat par unité de consommation a grimpé de 0,9% par an entre 2017 et 2021, soit près de 300 euros supplémentaires chaque année de pouvoir d'achat, tous niveaux de vie confondus. A titre de comparaison, le pouvoir d'achat par unité de consommation avait augmenté de 16 euros par an sous le mandat de François Hollande, et de 78 euros par an sous Nicolas Sarkozy. 

Entre 2017 et 2021, le revenu disponible, après le paiement des impôts et le versement des prestations sociales, a grimpé de 600 euros pour les 10% les plus pauvres, gagnant moins de 10 000 euros par an, soit un gain de 5% (+3,5% pour les 10% de Français les plus aisés, à 2 630 euros de gain).

Ces études sont toutefois à nuancer, puisqu'elles ne prennent pas en compte la très récente flambée des prix de l'énergie, résultant de la guerre en Ukraine.

Une hausse du taux de pauvreté

En 2020, le taux de pauvreté s'établit à 14,6%, contre 14,1% en 2017, selon les dernières données de l'Insee. En France métropolitaine, on dénombre plus de 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté (10,1 millions de personnes, en ajoutant les personnes vivant dans les DOM). Pour rappel, le seuil de pauvreté se définit par convention à 60% du niveau de vie médian disponible, soit 1 102 euros par mois pour une personne seule.

La pauvreté affecte tout particulièrement les chômeurs (38,9% d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté), les familles monoparentales (32% sont sous le seuil de pauvreté) et les immigrés (31,5% d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté).

La pression fiscale diminue légèrement

La pression fiscale se calcule en rapportant les recettes fiscales au PIB. En France, elle a légèrement diminué, passant de 46,07% du PIB en 2017 à 45,43% du PIB en 2020, selon les données de l'OCDE. A maintes reprises, le gouvernement s'est félicité d'avoir baissé l'impôt des sociétés, mais aussi des ménages. Pour rappel, deux mesures majeures ont été réalisées durant le quinquennat : la suppression de la taxe d'habitation portant sur la résidence principale et l'évolution du barème de l'impôt sur le revenu. La France reste toutefois le pays de l'OCDE où la pression fiscale reste une des plus élevées. 

La dette publique s'envole

Au quatrième trimestre 2021, la dette publique au sens de Maastricht s'établit à 2 813,1 milliards d'euros, contre 2 271 milliards d'euros au troisième trimestre 2017. La dette des administrations publiques a bondi en 2020, en raison de la crise sanitaire du coronavirus. PGE, chômage partiel… Le gouvernement a mis en place une série de mesures pour soutenir les entreprises et le pouvoir d'achat des ménages durant cette période.

Résultat, la dette publique représente désormais plus de 100% du produit intérieur brut.

Le déficit commercial atteint un niveau record

C'est une des ombres majeures du bilan d'Emmanuel Macron. En 2021, la France a réalisé le pire déficit de son histoire. Celui-ci s'est creusé à 84,7 milliards d'euros. Le précédent record, à 75 milliards d'euros, avait été atteint en 2011. Dans le détail, le solde des échanges a été plombé par l'énergie, les prix étant particulièrement élevés en raison de la reprise économique, consécutive à la crise sanitaire.

Tout porte à croire que ce déficit commercial devrait encore se creuser en 2022. Le conflit ukrainien a entraîné une flambée des prix de l'énergie (gaz, pétrole, matières premières agricoles). Plusieurs analystes de marchés estiment même qu'il pourrait dépasser les 100 milliards d'euros.

Forte hausse du nombre de créations d'entreprise

Près d'un million. C'est le nombre de créations d'entreprise recensé par l'Insee au quatrième trimestre en 2021, contre 568 000 au troisième trimestre de l'année 2017, soit une hausse de 75%. On constate une forte augmentation depuis l'année 2020, portée par la création de nombreuses créations de microentreprises, le statut d'autoentrepreneur étant particulièrement privilégié dans le contexte de la crise sanitaire.

Des dépenses en recherche et développement stable

Les dépenses en R&D représentent 2,1% du PIB en 2019, selon les dernières données de l'OCDE. A titre de comparaison, elles s'établissaient à 2,2% du PIB deux ans plus tôt. Ces investissements demeurent inférieurs à ceux réalisés par la totalité des pays de l'OCDE (2,4% du PIB des pays de l'OCDE en 2019).