Edwy Plenel : "Nous avons racheté 20% du capital de Mediapart"

Edwy Plenel : "Nous avons racheté 20% du capital de Mediapart" Le fondateur de Mediapart est venu s'exprimer sur le récent changement capitalistique de sa société et le litige qui l'oppose au Fisc français.

Le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, était l'invité de l'émission les Décideurs du Net, organisée en partenariat entre le JDN et Decideurs TV, tous les jeudi à 12h30. Le site Web d'information et d'opinion qu'il a créé avec Laurent Mauduit, Gérard Desportes et François Bonnet s'apprête à boucler un 7e exercice avec "8,8 millions d'euros de chiffre d'affaires et un résultat net de 1,4 million d'euros". Une rentabilité de 16% qui valide son modèle économique, "le payant, sans publicité et subventions", explique-t-il. Mediapart compte aujourd'hui plus de 105 000 abonnés payants et une équipe de 54 collaborateurs en CDI.  

"Pas question de faire une culbute spéculative", tempère Edwy Plenel. L'objectif est de donner dans les trois ans à venir, le cadre financier et juridique qui permettra de "donner le contrôle de cette entreprise à ceux qui la font vivre". Le fonds Odyssee Venture, qui avait injecté 1 million d'euros en 2009 moyennant 20% du capital de Mediapart, vient d'ailleurs de sortir à hauteur de 2,5 millions d'euros. "Pour moitié, c'est l'entreprise qui rachète. L'autre partie est apportée par Jean-Louis Bouchard, fondateur d'Econocom et actionnaire historique de Mediapart."

"La stratégie économique consistant à chercher le buzz et l'immédiateté, pour ramener de l'audience qu'on finance par la publicité est destructrice de valeur", s'émeut Edwy Plenel, farouche défenseur du modèle payant. Aujourd'hui le patron de Mediapart milite en faveur d'un statut de "société citoyenne de presse". Un statut qui devrait être débattu au Parlement courant décembre, pour permettre aux entreprises qui se lancent de lever de l'argent sans perdre leur indépendance. "A l'image de ce qui se fait pour les ONG, l'investissement permet à celui qui le réalise de bénéficier d'un avantage fiscal". 

Dans le domaine fiscal, difficile de ne pas mentionner le litige qui oppose le site d'Edwy Plenel au Fisc suite à son action en faveur d'une TVA sur la presse numérique, alignée sur celle de la presse papier. Action qui a abouti par un alignement en février 2014. Reste qu'aujourd'hui le Fisc lui réclame près de 4,2 millions d'euros pour s'être auto-appliqué un taux de 2,1% (contre 19,6%) entre 2008 et 2013. "Si nous n'avions pas appliqué ce taux de 2,1%, rien n'aurait bougé pour la presse en ligne", se défend Edwy Plenel. "Le contentieux est toujours en cours et nous sommes prêts à aller jusqu'au tribunal administratif car nous sommes très solides sur ce dossier". La somme réclamée, moins les pénalités, sera toutefois provisionnée dans les comptes de fin d'année.