La mutation profonde des sociétés amorcée par le passage de la pandémie va se poursuivre

La crise sanitaire que nous avons subie interroge le fonctionnement de nos sociétés. La relance du pays doit dès aujourd'hui composer avec les fractures économiques, environnementales et sociales déjà présentes avant la Covid19. La mutation profonde de nos sociétés semble conduire les Français à adopter de plus en plus largement de nouveaux usages pour entamer une transition verte.

Le déclin progressif de la consommation de masse - héritée des 30 Glorieuses et de l’époque du marketing triomphant où les besoins pouvaient être créés par la publicité - a confirmé la volonté des Français de changer leur mode d’action dans l’économie et d’opter pour des gestes plus responsables.

Les Français utiliseront davantage les outils digitaux

On l’a vu, les Français ont dû consommer autrement ces derniers temps, contraints en premier lieu par le confinement -et la fermeture de nombreuses enseignes- et par la baisse de leur pouvoir d’achat.

Il est probable que de nombreuses tendances adoptées à cause de la pandémie vont être exacerbées. Une étude sur les valeurs et modes de vie auprès d’un échantillon national représentatif de 2000 Français réalisée par Sociovision met en avant les réflexes qui ont le plus progressé ces dernières années et qui pourraient bien s’accentuer avec la crise.

D’un point de vue social, on remarque que les relations physiques ont laissé place de manière croissante aux e-relations pour les Français connectés et proches des outils numériques. Le recours aux relations virtuelles s’est encore accéléré avec la crise : la dématérialisation de parts considérables de nos vies quotidiennes (téléconférence, téléconsultation, etc.) a confirmé une accélération de l’utilisation des outils numériques en matière de relations sociales.

Cette période de confinement a également pu mettre en lumière l’importance pour les Français de se recentrer sur l’essentiel. D’après cette même étude réalisée en 2019, 73% des Français étaient d’accord avec l’affirmation suivante : « J’aimerais revenir à l’essentiel, me concentrer sur ce qui compte vraiment pour moi ». Par rapport à 2018, on enregistre une augmentation de 3 points. Et ce sentiment va très probablement progresser encore avec la crise sanitaire, car le numérique ne suffit pas à permettre une relation complète entre les individus, et certains en sont encore éloignés par manque de formation ou par impossibilité technique de s’y trouver rattachés.

Le déclin de la consommation de masse et l’émergence « d’une conscience consommatoire »

Une autre tendance intéressante, en lien avec la précédente, se confirme. La consommation évolue et tend à se rationaliser. Pour cause, les consommateurs prennent conscience des conditions de la croissance et réfléchissent davantage à ce qu’ils achètent. La transparence et le « consommer responsable » sont plus que jamais des critères de prédilection. Cela ne signifie pas que les Français vont nécessairement changer ce qu’ils consomment, mais laisse augurer d’une transformation majeure de la façon dont ils consomment : est-il toujours nécessaire de posséder un bien ou un outil pour bénéficier de ce qu’il apporte ? N’est-il pas plus intelligent (et plus sain pour la planète comme pour le porte-monnaie) de ne l’avoir que lorsque le besoin est là, ou de le réparer ?

Le caractère sanitaire de la crise que nous vivons a consisté pour certains en une preuve du déséquilibre trop grand que les activités économiques humaines et la mondialisation ont imposé à notre planète. La chute historique des émissions de gaz à effet de serre pendant le confinement est un exemple significatif.

Et si la relance économique est souhaitée par tous les acteurs, ils sont tous d’accord pour qu’elle soit verte. À cet effet, 46% des Français placent la pollution parmi les deux problèmes qui les préoccupaient le plus en 2019. Et cette même étude d’Ipsos révélait que 82% des Français sont de plus en plus attentifs aux conséquences que pourraient avoir les produits qu’ils consomment sur leur santé.

Il y aura quoi qu’il en soit un après Covid-19 dans le rapport des Français à la consommation, à l’économie et au changement climatique. Cette évolution porte en elle une consommation plus responsable et une nouvelle façon d’envisager la propriété, l’usage de biens et de services et l’activité humaines.