Métaverse ou la promesse de l'immortalité virtuelle dans un monde numérique immersif !

Mark Zuckerberg est apparu à l'écran lors de la conférence virtuelle Connect de Facebook fin octobre 2021 pour annoncer sa vision du pivotage métaverse, l'environnement virtuel immersif que Facebook veut créer. Dans cette nouvelle plateforme de médias sociaux, les gens n'interagissent pas seulement entre eux mais ont une vie virtuelle entière dans des mondes immatériels.

Facebook – qui vient de se rebaptiser avec un nouveau nom d'entreprise "Meta" – se définit comme telle dans comme identité d'entreprise et se projette totalement dans un avenir de leadership de ce nouveau monde virtuel.

Les réflexions sur les possibilités techniques et commerciales du métaverse ont commencé dès l’acquisition en mars 2014 d'Oculus VR, une société américaine spécialisée dans la conception de périphériques de réalité virtuelle, pour 2 milliards de dollars. Facebook considère que le futur réseau social sera le point d’orgue des expériences sociales en ligne et inaugura des recherches sur de nouvelles formes d'interactions. Cette acquisition, en plus de celle d’Instagram et de WhatsApp concrétise déjà une première ambition de contrecarrer la concurrence et de s’insérer sur le marché des objets connectés, après celui du smartphone et aussi de se projeter vers les prochaines plateformes qui permettront de nouvelles expériences, plus personnelles, plus utiles et plus amusantes selon les propos de Mark Zuckerberg.

Se pose alors plusieurs questions autour de cette annonce et de cette accélération inattendue qui pourrait révolutionner encore plus l’Internet mobile mais aussi la société telle qu’esquissée il y a près de 30 ans par l'auteur de science-fiction Neal Stephenson.

Quels sont les objectifs stratégiques connus ou soupçonnés du Métaverse ?

A mon avis, le métaverse pourrait aider Facebook à atteindre au moins cinq objectifs majeurs :

1.       Attirer de nouvelle génération de jeune utilisateurs : Facebook veut lutter contre le veillement de son cœur de métier dans les médias sociaux. Beaucoup de jeunes de la nouvelle génération d’adolescents et de la génération Z se tournent vers des nouvelles applications comme TikTok, Snapchat, Vine ou même BeReal en France, voire d'autres applications plus conviviales et mieux conçues que Facebook pour le partage des médias et des messages.

2.       Accroître l'engagement des utilisateurs existants : les univers virtuels en 3D préfigurent une évolution du Web 2.0 vers le Web 3.0, qui devrait réellement impacter non seulement l’économie mais aussi nos modes de vie. Arriver à proposer des produits ou services dans un univers virtuel pour pouvoir les consommer dans le monde réel c’est donner la possibilité aux consommateurs de vivre de véritables expériences virtuelles qui peuvent se poursuivre dans le réel grâce à des expériences totales et réussies de bout en bout.

3.       Limiter la dépendante de Facebook aux revenus publicitaires : cette manne représente jusqu’à 97% des revenus du groupe. Ces revenus publicitaires ont ​​été particulièrement menacés par les changements de politique publicitaire d'Apple - un facteur qui provoque une incertitude sur les bénéfices futurs de Facebook, selon le dernier rapport trimestriel.

4.       Se refaire une image futuriste et moins polémique : la réputation de Facebook a été ternie ces derniers temps en raison de ses nombreux faux pas et scandales (l’affaire Cambridge Analytica, Facebook files, … d’autant plus que Facebook s'apprête à lancer une application pour les enfants de moins de 13 ans malgré les réticences des parents, etc.). Cette accélération métaverse sera comme un bain de jouvence permettant à Facebook d’attirer de nouveaux  talents et de se trouver résolument vers le futur.

5.       Prendre de l’avance sur la concurrence : Dans un récent rapport sur les résultats du troisième trimestre – qui comprenait des bénéfices records pour l'entreprise de 10,4 milliards de dollars pour les trois mois clos en septembre – Zuckerberg a réitéré son engagement à investir 10 milliards de dollars sur trois ans dans Facebook Reality Labs. Cet investissement porte sur le développement de matériel, de logiciels et de contenu liés à la réalité augmentée et virtuelle.

Cette stratégie de métaverse, si elle atteint ses différents objectifs, pourrait enfin rendre Facebook plus indépendante d'Apple et de Google en orientant ses utilisateurs vers des plateformes appartenant à Facebook comme Oculus et sortir de l'écosystème des applications mobiles « étouffait l'innovation, empêchait les gens de créer de nouvelles choses et freinait l'ensemble de l'économie Internet ». En effet, Apple avait décidé en avril 2021 que les utilisateurs d'iPhone pourraient choisir s'ils veulent être traqués, ou non, à des fins publicitaires, ce qui a mis en danger les revenus de Facebook.

Les prémices d’un nouveau monde et les opportunités qu’il peut offrir qu’elles soient bien réelles ou encore prisonnières de l’imaginaire dans le métaverse sont bien ouvertes et tous les grands acteurs tech y travaillent avec beaucoup d’ambitions, même sans certitudes avérées. Dans ce nouvel espace où le consommateur n’est plus une personne physique mais une créature virtuelle via des avatar, le ou les métaverses ouvrent d’autres opportunités liées aux réunions immersives, interventions augmentées pour les opérations chirurgicales à distance où même dans les usines, l’assistance à distance, la formation, les loisirs et la culture.

Quoi qu'il en soit, un simple gadget marketing ou une vraie révolution, chaque acteur semble dessiner sa propre vision du métaverse, de sa trajectoire et des intersections entre des réseaux interopérables de mondes virtuels persistants, qui assurent la continuité de l’identité et des objets.

Si les barrières techniques tendent à s’estomper (5G, haut débit, latence, connectivité, temps réel…) et malgré des coûts d’équipement encore très élevés (lunettes de réalité augmentée, appareils sophistiqués, …) la société n’a pas dit son dernier mot. Au-delà de l’absence d’un cadre législatif clair, plusieurs questions de posent à nous, surtout aujourd’hui où le confinement a accentué notre usage du numérique, a questionné sur notre nouvelle manière de vivre, nous a ouvert les yeux sur les problématiques environnementales ainsi que RSE notamment et nous alerté sur le côté addictif de certains usages des réseaux sociaux.

Vivre sous forme d’avatar dans un monde parallèle est peut-être un rêve pour certains voire un échappatoire pour d’autres. Ce sera certainement aussi un lieu de gaming, d’apprentissage et un espace d’innovation. Dans le réel c’est un nouveau marché lucratif qui s’ouvre pour les marques et les fournisseurs de technologie. Mais ce n’est en aucun cas un modèle de société ni un mode de vie. Le besoin de relations sociales chez l’Homme est aussi fort que celui de nourriture. « Les interactions sociales positives sont un besoin humain fondamental, et la solitude aiguë est un état aversif qui motive les gens à remédier à ce qui leur fait défaut, comme en cas de faim”, confirme Rebecca Saxe, professeure en sciences du cerveau et de la cognition au MIT

Si nous avons réussi à apprivoiser la révolution du web, nous allons dompter le métaverse !